La prudence est mère de sureté. Alors en arrivant de nuit dans un nouveau village, les dix explorateurs deviennent méfiants et prennent toutes les précautions possibles avec leur premier contact. Les habitants s’avèrent bien plus amicaux que les précédents, mais surtout tous sont atteints de la même infirmité : une cécité plus ou moins développée. En interrogeant les anciens, ils découvrent que ces hommes et femmes ont été sévèrement touchés par le cataclysme, le soleil devenu mortel pour ceux qui restaient trop longtemps à l’extérieur. En demeurant dans l’obscurité des habitations, leurs yeux se sont affaiblis et maintenant ils ne sortent plus que la nuit tombée. Alors en découvrant des humains capable de vivre dehors et adepte du dieu solaire, ils se demandent s’ils n’ont pas perdu la vue bêtement. Pour les dix explorateurs, c’est enfin une pause reposante. Mais certains à la croyance extrémiste dans le Solaire ne voient en ces pauvres gens que des hérétiques.
Ce dernier tome de la série « Havre » ne sera pas le puits de révélations que l’on aurait pu attendre ou craindre. Isabelle Bauthian a fait un choix bien plus malin. Nous allons suivre, toutefois, les dix adeptes (ou presque) du Solaire dans leur voyage vers Carisse. Contrairement à la fin du tome 2, celui-ci sera moins tourmenté. Ils vont rencontrer des survivants handicapés par leur crainte du soleil, mais surtout les nouveaux maîtres de la cité. Alors que l’on aurait pu craindre des massacres à tout va après le flash-back de celui provoqué par les pouvoirs de la Sorcière, ce seront des discussions bien tranquilles qui attendent nos héros. Le repos du guerrier en quelque sorte avant d’entrer dans la cité.
Le seul élément perturbateur sera incarné par Kastan et sa soif de vengeance. Il parait comme une interlude, interrompant le récit par des flash-back de son amour perdu. Le récit est très décousu et perd de son intensité, le lecteur voyant son attention régulièrement interrompue, ce qui est un peu dommage pour préserver une certaine atmosphère qui avait imprégné les premiers tomes. De plus, les révélations n’arrivant que très tardivement, le lecteur perd de son assiduité et n’accroche plus aussi bien au récit.
Le final dans la cité aura le mérite de ne pas balancer d’un coup des pseudo scoops sur la fin du monde ou une fin dramatique qui aurait créé une rupture avec le style des premiers tomes. On peut regretter que les pouvoirs du nécromancien n’ait pas vraiment servi à grand chose, pour ne pas dire à rien dans ce dernier tome. Le personnage de la Sorcière sera resté ambigu jusqu’aux dernières pages, véritable fil rouge à suspense de la série. L’explication du cataclysme pourra paraître un peu léger, mais finalement, cela n’avait que peu d’importance et seule l’aventure humaine des personnages avait réellement de l’intérêt.
Le dessin d’Anne-Catherine Ott aura été régulier jusqu’à l’ultime case, avec ce trait léger très agréable et qui sied aussi bien à des scènes paisibles qu’intenses. Cette dessinatrice aura été pour moi la véritable révélation de cette série. A noter les hommages en fin de tome de dessinateurs aux styles très différents, qui nous prouvent que le choix porté sur Anne-Catherine Ott était le bon.
« Havre » s’achève sur une pseudo fin, laissant vagabonder encore un peu l’imagination du lecteur dans ce monde post apocalyptique à la française.
(T3) Les illuminés et les obscurs
Série : Havre
Scénario : Isabelle Bauthian
Dessin et couleurs : Anne-Catherine Ott
Éditeur : Ankama
Dépôt légal : 30 aout 2012
Pagination : 112 pages couleurs
Format : 190 x 270 mm
Numéro ISBN : 978-2-35910-292-5
Prix public : 14,90 €
A lire sur la Yozone :
Havre (T1) La sorcière et le nécromancien (T2) Le pistoléro
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