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Affaire Sugaya (L’)
Tachibana Kenichi & Takano Hiroshi
Éditions Delcourt

Japon, été 2007, au siège de la Nippon Television network Corporation, le directeur du service information lance son nouveau projet. Le programme « Action, les projets qui font bouger le Japon » est une série de cinq émissions traitant d’un même sujet qu’approfondira chaque équipe tout au long de l’année, pour se terminer par une émission spéciale « bilan » en fin d’année. Fraichement arrivé dans la rédaction, Kiyoshi Shimizu, souhaite enquêter sur l’enlèvement d’une fillette en 1996 qu’il relie à un autre enlèvement identique en 1990. Mais en fouillant dans les archives, c’est cinq cas similaires entre 1979 et 1986, sur un rayon de dix kilomètres, qu’il découvre. Le hic c’est que l’auteur du quatrième crime, Tashizaku Sugaya, est déjà sous les verrous, qu’il ne pouvait pas commettre le cinquième et que, de plus, il demande de nouvelles analyses génétiques pour le disculper.



Alors, comment en est-on arrivé là ? Travail de police bâclé ? Erreur judiciaire ? Serial-killer en liberté ? Profitant de la carte blanche laissée par son patron, Shimizu recrute son équipe. Elle sera composée d’une journaliste, d’un cameraman, d’un technicien du son et d’un chauffeur. Tous ont collaboré précédemment avec lui, car il veut pouvoir travailler en totale confiance.

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« Un vrai journaliste ne doit pas attendre la vérité, mais aller la chercher », tels sont les mots de Kiyoshi Shimizu. Dans ce manga documentaire, Takano décortique l’enquête de journalistes d’investigations. Tiré d’une histoire vraie (ça fait peur), de nombreuses interrogations sur la justice viennent à l’esprit. Le travail de la police montre de nombreuses lacunes et sa conduite pendant les interrogatoires est indigne d’un état de droit (pression, terreur).

De son côté, la justice n’a pas fait son travail complètement, se retranchant derrière des aveux extorqués et la preuve de l’A.D.N. De plus, elle rejette une demande de révision, 17 ans plus tard, alors que la technologie concernant les test ADN s’est profondément amélioré. Heureusement en France, nous avons la présomption d’innocence, principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement établie. Le manga n’apporte pas de réponses à ces questions : s’agit-il de pressions politiques, de carrière d’individus… La seule action tangible du regret de ces erreurs est la présentation d’excuses auprès de Mr Sugaya, à sa sortie de prison, de la part d’un cadre de la police et du procureur.

Autre accusé : la presse. A l’époque, elle n’a pas joué son rôle de critique et a simplement transmis l’information, cette situation est caractéristique de la presse nippone. Au japon, existe des « clubs de la presse » (kisha kurabu) dans différentes institutions (ministères, police, grandes entreprises), ouvertes à des journalistes accrédités qui, contre un accès privilégié, reçoivent certaines informations et ne font en général que simplement transmettre un message. La dernière catastrophe nucléaire de Fukushima a été un sujet de critiques des japonais envers leur presse trop proche du pouvoir.

L’exemple le plus connu du journalisme d’investigation est bien sûr le scandale du Watergate qui a contribué à la démission du président des États-Unis, Richard Nixon, en 1974. Bob Woodward et Carl Bernstein, journalistes au Washington Post, suivront l’affaire, aidés par une taupe du FBI, surnommé « Gorge profonde » (Deep throat). On peut noter la mise de côté des aspects sordides des crimes par l’auteur, évitant ainsi l’aspect racoleur d’un voyeurisme malsain.

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Tachibana Kenichi apporte un découpage rythmé et son dessin très réaliste colle on ne peut mieux au récit. Les décors sont travaillés incorporant parfois des images réelles apportant une crédibilité supplémentaire. Les visages des personnages sont proches des vrais protagonistes et leurs expressions sont bien rendus (parfois trop). L’ensemble est d’une grand lisibilité permettant d’ouvrir ce manga à un lectorat plus large.

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Une vraie découverte originale, un manga qui se lit comme un vrai polar. Le format one-shot est un peu court, on ne voit pas trop les difficultés rencontrer par les journalistes, ni la durée de l’enquête sachant que celle-ci s’est poursuivie sur près de deux ans. Car attention, l’assassin est toujours en liberté. Nous aimerions bien savoir si l’équipe de journalistes continue son travail de recherche ou si la police japonaise a pris le relais. Un dossier et un interview viennent compléter cet excellent manga. Pour info, la mascotte de la chaîne NTV, Nandarō, a été créée par Hayao Miyazaki


L’Affaire Sugaya - L’histoire vraie d’un homme accusé à tort !)
- Scénario : Takano Hiroshi
- Dessin : Tachibana Kenichi
- Éditeur : [Delcourt >http://www.editions-delcourt.fr]
- Collection : Ginkgo
- Dépôt légal : 14 mars 2012
- Pagination : 224 pages N & B
- Format : 127 x 180 mm
- ISBN : 9782756026220
- Prix public : 7,95€


VS. -KITAKANTO RENZOKU YOJO YUKAI SATSUJIN JIKEN NO SHINJITSU- © 2010 by Hiroshi Takano, Kenichi Tachibana/SHUEISHA Inc., NTV



arjulu
1er octobre 2012




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