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Robot and Frank : entretien avec Jake Schreier et Frank Langella
Table ronde avec le réalisateur et l’acteur principal
3 septembre 2012

Jake Schreier et Frank Langella étaient à Paris le 3 septembre dernier pour la promotion de « Robot and Frank ». Un premier long-métrage de Jake Schreier qui met en scène Frank Langella dans une touchante et pertinente comédie dramatique d’anticipation



Invité à participer à une table ronde, c‘est en compagnie de deux charmantes blogueuses - Cécile Frd de Popmovies et Stéphanie de Cupcake, Baston et Talons Hauts que je les ai rencontrés.

Entretien

Jake, Robot and Frank est votre premier long-métrage ?

Jake Schreier : Oui, c’est mon premier.

Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué sur ce projet ?

Jake Schreier : L’idée vient du scénariste, Christopher Ford. Un ami de Fac. Nous travaillons ensemble depuis l‘école. Nous l‘avons développé ensemble, mais il a été sympa de l’écrire pour moi dans l’idée que je le réalise.
Pour le reste, j’ai réalisé des spots publicitaires pendant 8 ans et c’est la compagnie de production de ces pubs qui a produit le film. C’est également leur premier film. Ils ont été super de croire en moi et me permettre de diriger quelque chose.

Et vous, Frank, comment vous êtes-vous retrouvé impliqué sur ce projet ?

Frank Langella  : Mon agent représentait un autre acteur qui ne voulait pas du rôle. Alors, il a demandé à Jake et aux producteurs ce qu’ils pensaient de moi. Ils ont dit oui. Ils m’ont envoyé le scénario, je l’ai lu, j’ai aimé. J’ai pris mon téléphone et j’ai demandé à rencontrer Jake et Christopher Ford. On s’est assis dans un restaurant et on a discuté pendant 4 heures sur la condition d’un vieil homme, car je suis un vieil homme. Je leur ai expliqué ce que je ressentais et ils ont incorporé nombre d’éléments à mon personnage. L’histoire était là. J’ai dis oui. Puis après ça a pris 7 mois pour compléter le budget et le casting.

Frank, qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario ?

Frank Langella  : Ce que j’aime par-dessus tout : son humanité. Les gens pensent que c’est un film de science fiction, et pensent que c’est encore un truc axé sur la technologie du futur, mais ce n’est pas ça. C’est l’histoire d’une famille comme les autres, de quatre êtres humains qui interagissent et évoluent. D(‘ailleurs, il n’y a que mon personnage qui possède un robot ! Et celui de Susan Sarandon.
Je pense que comme dans « La petite boutique des horreurs » - Attention, attention le monstre va vous attraper - le film dit : Attention, attention, les robots vont venir nous attraper (sourires). (…)
Je pense que le film clame haut et fort que si un robot peut être utile, le plus important se sont les gens. (…)
Je ne pense pas que dans l’esprit de Frank, le robot soit devenu un ami. C’est son complice. Même s’il le dit à à un moment à sa fille. Il ne dit pas « c’est mon ami » parce qu’il l’aime mais il le dit parce qu’il en a besoin pour voler les riches.
Jake Schreier : Je ne suis pas d’accord sur ce point.
Frank Langella  : Il n’est pas d’accord là-dessus, il est un peu sentimental (rires)
Jake Schreier : Arrêtes ! Quand tu l’éteins à la fin, tu n’es pas un peu triste ?
Frank Langella :Non.
Jake Schreier : Un tout petit peu ? Pas du tout ? (rires)
Frank Langella :Non. Je me disais juste que le film était presque fini… (rires)

Jake, est-ce que vous avez traités le film plutôt comme de la science-fiction ou une comédie dramatique ?

Jake Schreier : Je pense, comme vous avez pu le voir, qu’on a essayé d’être le plus honnête possible. On y a jamais vraiment pensé en ces termes. Il y a de façon évidente des éléments de science fiction, et des éléments de ce qu’on appelle les « Buddy movies », qui d’ailleurs ont pris un peu l’ascendant sur le reste au moment du montage.
Et quand on était sur le plateau, on faisait ce qui était indiqué sur la page. On sentait que notre scénario fonctionnait. On découvrait le programme du jour et une fois lu, chacun composait.
Par faute de temps, j’ai essayé, autant que possible, de tourner le moins de plans possible. Et pour le dire d’un point de vue plus artistique, je laissais jouer Frank avec le Robot. On tourné autant de plans ouverts qu’on a pu, seuls tous les deux, inspiré des films de Woody Allen, des plans à la Gordon Willis.
Frank Langella : C’était comme participer à un show de Mickey Rooney et Judy Garland. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Ok je le fais. Il y a une séquence comme ça avec le robot sur un toit, que j’aimais beaucoup. Mais je crois qu’elle a finalement été coupée.
Jake Schreier : Non elle y est encore.
Frank Langella : Elle avait été tournée rapidement…
On n’avait pas d’argent, pas de temps, et toute le monde avait peur de faire une erreur. Alors on tournait tout très vite. Certaines fois ça consistait à mettre une caméra à l’arrière d’un van et moi sous la pluie avec le robot, marchant vite. Quelqu’un m’abritait avec un parapluie puis l’enlevait et on faisait la scène : « c’est parti ! C’est parti ! ». J’ai beaucoup aimé ça.

Durant le tournage, est-ce que vous aviez un partenaire pour jouer le robot ?

Frank Langella : Parfois. Parfois on avait le robot avec une jeune fille à l’intérieur, parfois mon neveu lisait les répliques, parfois Jake, parfois une assistante. Cela dépendait de la taille du plateau, de la chaleur. De l’état de la fille à l‘intérieur du Robot. Si elle avait fait un malaise et était allongée par terre, on prenait quelqu’un d’autre. (rires). D’autres fois le texte était écrit sur des panneaux, car Jake avait énormément de choses à me faire dire, et je lui disais « Je ne vais pas me rappeler de tout ça ! » (rires)
Peu importe comment, on faisait toujours ce que Jake disait.(rires)
Ma philosophie quand je travaille c’est que peu importe ce qui se passe avant « Action ». Ce qui compte c’est ce que se passe à « Action ». Donc peu importe ce que je ressentais, si j’étais énervé ou impatient, que je ne voulais pas faire quelque chose, le moment où « Action » retentit, je suis dedans. Et même si parfois après le coupez je demande « Jake pourquoi j’ai du faire ça ? », entre « Action » et « Coupez » je suis totalement concentré.
Pareil pour les 3 autres acteurs, Susan, James et Liv. Ils ont tous des façons totalement différentes de travailler, mais aucun d’eux n’a jamais fait moins que le meilleur quand Jake disait « Action ».
Et même quand il oubliait de dire « action » (rires)

Comment Peter Sargaard a t-il travaillé ? Était-il sur le plateau ?

Jake Schreier : Non, non. Il n’était pas impliqué et on ne savait pas qu’il ferait partie du film avant qu’il ne soit terminé. On a tout fait en 8 heures, Toutes ces lignes sont issues d’une session d’enregistrements d’une trentaine de minutes. On a imprimé toutes les répliques du robot, Peter avait vu le film, mais ne le regardait pas durant l’enregistrement. Il a juste lu la liste des phrases du robot, et c’était la meilleure façon d’obtenir la même consistance sur chaque réplique. C’est le fait du talent de Frank Langella, mais il n’y a pas besoin de grand chose pour avoir l’impression que Frank et le robot interagissent. L’humanité vient de Frank et de la voix de Peter, mais le robot n’a pas besoin d’en faire plus que de dire ses répliques aussi simplement qu’il le peut.
Frank Langella : Peter est le point de vue parfait, sous la guidance de Jake. Parce qu’on a eu beaucoup de gens qui ont lu les répliques du robot, je voulais même à un moment que mon neveu le fasse, car il a une voix douce, mais la voix de Peter a un timbre et une finesse qui balance la profondeur de la mienne. Je pense donc qu’il était le choix parfait… Il faudrait que je le rencontre un jour.

Pourquoi avoir gardé le prénom de Frank ?

Jake Schreier : L’idée de départ du film date de l’époque de la Fac, un projet de film réalisé par Christopher Ford dans le cadre de sa thèse. Ca s’appelait « Robot and Frank » et on a jamais pensé à changer le titre.
Quand Frank Langella a rejoint le projet, nous lui bien évidemment demandé si ça le dérangeait, mais ça ne le gênait pas.
Frank Langella : Il m’a demandé si je voulais changer de nom (rires). J’ai dit non.

« Robot and Frank » parle de la digitalisation des livres, de l’émergence de robots auxiliaires de vie, mais aussi de la maladie d’alzheimer. Peut-on dire qu’il s’agit d’une chronique nostalgique de notre futur proche ?

Jake Schreier : On a souvent des questions au sujet des perspectives du film. Dans mon esprit, il n’en a pas. Oui, c’est un film nostalgique parce c’est une grosse composante du personnage de Frank. Entre contrebalance, il y le personnage de Jake qui est probablement la version la plus ennuyeuse de notre futur. Il y a aussi Jennifer qui en revanche interagie très bien avec son robot et trouve une balance entre le nouveau et l’ancien. D’ailleurs, à la fin, on imagine que Frank aussi va trouver un équilibre entre sa famille et son ami robot, enfin ami ou complice.
Nous avons juste essayer d’explorer des enjeux que nous pensons forts, mais à mon sens le film ne se positionne ni d’un côté ni de l’autre.

Pensez-vous que les robots seront une solution pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ? Car dans le film on voit que Madison a du mal à gérer la maladie de sons père ?

Jake Schreier : On en utilise déjà pour les personnes âgées. Ca ressemblent un peu à des jouets animatronics pour enfants. Ca les occupent, les stimulent, et les relient avec le monde. Mais la question n’est pas tant de savoir si un robot serait mieux qu’une personne, mais si un robot est mieux que rien. Beaucoup de nos grands parents ne reçoivent plus aucune attention personnelle, et comme le monde est ce qu’il est, si vous ne pouvez pas vous rendre chaque mois en Floride pour visiter votre grand mère, ca a des avantages.
Frank Langella : Tout ce chose qui challenge une personne, que ce soir une poupée animée ou n’importe quoi d’autre est une bonne chose
Vous savez, je vis à New-York. Dans un immeuble situé dans un parc et beaucoup de mes voisins sont âgés. Des gens qui y on vécus toutes leurs vies. Et quand je marche le matin dans le parc, je vois souvent des personnes dans des fauteuils roulants avec derrière elles une jeune femme, téléphone portable en main, qui s’ennuie visiblement ferme en gagnant de l’argent….
Mais je suis désolé. Un rendez-vous, je dois vous quitter et vous laisse avec Jake.

La mémoire est également au centre du récit. Pouvez-vous nos en dire un peu plus ?

Jake Schreier : La mémoire a toujours été partie intégrante du scénario, mais un ami nous a suggérer d’en faire le vrai ressort du 3ème acte, de faire la balance entre la mémoire de Frank, qui est pour lui la chose la plus importante au monde, et la mémoire du robot, qui devient du coup un élément clé de l’intrigue. Pour Frank, difficile de comprendre que le robot n’attache pas d’importance à sa mémoire, si fondamentale, essentielle, pour lui. Et même si ce n’est pas traité de manière frontale, mais plutôt de façon sous-marine, il est aussi pas mal question de l’importance de la mémoire dans ce qui fait ce que nous sommes.

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=> La bande annonce (vost)
=> Les extraits (vost) du film
=> La critique du film

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Bruno Paul
19 septembre 2012



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