Kaguya est une jeune fille très turbulente. Elle prend un malin plaisir à fausser compagnie aux gardes chargés de la surveiller. Pourtant, elle sait que ses escapades peuvent avoir de tragiques conséquences comme le jour où Shishimaro, le commandant de sa garde rapprochée, a perdu un oeil en la protégeant. Mais elle cache aussi derrière ses fugues un sentiment de délaissement de la part de sa mère : la princesse ! Elle sait que celle-ci est folle de rage en apprenant ces pérégrinations, mais elle a besoin de montrer qu’elle existe. Toutefois, en découvrant la maladie dont souffre sa mère, Kaguya comprend qu’elle doit se montrer digne de sa lignée et profiter de son passage à l’age adulte pour prendre sa succession et accepter le symbole de son rang : l’épée Futsunushi. Mais un nouvel attentat est organisé lors de la cérémonie et cette fois, la princesse doit mettre sa vie en jeu pour sauver sa fille et l’exiler sur la planète maudite où sont envoyés les pires criminels : la Terre.
Nous avions découvert Tatsuya Endo grâce à son diptyque « Tista », un manga sombre et peu enclin à l’humour. Toutefois, avec « The Moon Sword », le mangaka passe à un niveau plus léger, même si il souhaite faire passer certains messages à travers les mésaventures de la princesse Kaguya.
La première partie du manga expose donc le contexte de l’histoire en nous emmenant sur la lune. L’existence d’habitants sur la surface du satellite de notre chère planète terre est un très ancien fantasme qui se retrouve dans bien des civilisations et le Japon ne fait pas exception. Tatsuya Endo nous propose sa vision de la civilisation lunaire, qui est une parfaite reproduction de la monarchie nippone, en mode matriarcale. Mais surtout, il nous fait sa version très personnelle de « à grands pouvoirs, grande responsabilité ». Il va aussi nous jouer le moralisateur sur le respect des parents. Kaguya est aveuglée par sa petite personne et n’a pas le recul pour comprendre les actes de sa mère. Mais d’un autre côté, on pourrait dire que la princesse n’a que ce qu’elle mérite, ayant caché sa maladie à sa fille et jouant les mères sévères pour la faire évoluer plus vite. La position du mangaka peut être largement discutable mais il suit aussi la ligne classique des shonen.
La seconde partie est aussi très intéressante. Si l’arrivée sur terre de la princesse était assez attendue, l’époque où elle atterrit est plus suprenante. Elle se retrouve durant l’ère médiévale nippone. Elle découvre alors une civilisation que l’on peut classer assez rapidement de barbare. C’est à peu près l’image qu’un de nos contemporains pourrait avoir en atterrissant à la même époque. Kaguya se doit de se montrer digne de revenir sur la lune. Mais sa seule occupation est de trouver un moyen de transport. Le lecteur découvre l’organisation mise en place par les habitants de la lune sur notre planète et que celle-ci est utilisée un peu comme une décharge. C’est d’ailleurs un côté totalement ambigu. Kaguya reproche la sauvegerie des habitants de la planète où ses ancètres envoient depuis longtemps les pires criminels, une sorte d’Australie verson lunaire. Le développement que Tatsuya Endo donnera à son histoire sera intéressant à suivre.
Graphiquement, nous sommes sur un très bon niveau, digne du résultat de « Tista ». Les visages sont très expressifs et la palette de traits assez importante pour ne confondre aucun personnage. Les décors et les tenus sont bien développés, ce qui donne vraiment vie à cette aventure qui ne nous laissera pas une minute de repos.
« The Moon Sword » s’annonce sous les meilleurs auspices, toutefois, il est difficile de voir jusqu’où le mangaka pourra développer son scénario.
The Moon Sword (T1)
Auteur : Tatsuya Endo
Traducteur : Sébastien Bigini
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Shonen Up !
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 210 pages
Date de parution : 22 août 2012
Numéro ISBN : 978-2-82030-462-9
Prix : 6,99 €
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