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Guerre Olympique (La)
Pierre Pelot
Gallimard, Folio SF, roman (France, 1980), science-fiction, 342 pages, avril 2012, 6,95€

Juillet 2222, ouverture du 12e conflit interplanétaire. Deux camps : le blanc et le rouge, s’y opposent lors de la guerre olympique. Des champions surentraînés et dopés s’affrontent lors d’épreuves dont chaque issue est sanctionnée par des milliers de morts dans le camp perdant. Les guerres n’existent plus, tout se règle pendant ces olympiades organisées toutes les deux années et servant à lutter contre la surpopulation terrestre.
La dernière épreuve réservée aux champions est la plus meurtrière. Tous les citoyens jugés nuisibles du côté des vaincus y passent et, au final, ce sont près de dix millions de personnes qui sont sacrifiées à la gloire du sport.
Pietro Coggio est le champion français, il a remporté brillamment deux épreuves et constitue un des favoris de l’ultime parcours. C’est donc le grand espoir de tous les condamnés du camp blanc.



Écrit en 1980, « La Guerre Olympique » reflète la situation géopolitique de cette période. D’un côté, les Américains et leurs alliés ; de l’autre, le bloc soviétique. En 1980, les jeux olympiques de Moscou furent boycottés par les Américains. Quatre ans plus tard, les Soviétiques boudèrent ceux de Los Angeles. C’était encore la guerre froide, l’observation des faits et gestes de l’adversaire, la surenchère dans l’armement.
Le dopage était une affaire d’état en Allemagne de l’Est qui avait trouvé dans le sport un moyen de montrer sa supériorité sur l’Allemagne de l’Ouest, dans l’autre camp.

Les influences de Pierre Pelot s’avèrent donc assez claires. Cette période lui a inspiré un futur terrifiant. Le sport est détourné de son objectif premier, les olympiades servent à lutter contre une démographie galopante. Il ne faut pas grand-chose pour figurer au rang des potentiels condamnés à mort, il suffit de ne pas penser comme les politiques au pouvoir pour avoir la puce destructrice implantée dans son corps. Et à chaque épreuve, c’est la peur qui prédomine, la peur de voir son champion perdre et de mourir dans la foulée si le hasard nous a choisis. À chaque fois, c’est le même schéma, jusqu’au Grand Parcours des Héros, l’épreuve ultime, où c’est le quitte ou double.
Un condamné de chaque camp est suivi au fil du récit. Peut-on échapper à la sentence ? Si oui, à quel prix ?

Pietro Coggio, le héros français, se situe au cœur de l’histoire. Surprotégé, dopé à mort, motivé comme une bête, surentraîné, il est prêt à tout pour vaincre. Ses adversaires et coéquipiers pensent de même. Les enjeux sont tels que tous les coups sont permis, les morts parmi les athlètes ne sont pas rares.
Dans cette lutte sans merci, qui vaincra et à combien le nombre de morts total s’élèvera-t-il ?

Voilà bien longtemps, lors d’un salon du livre, Pierre Pelot m’a dédicacé la version Présence du Futur en qualifiant « La Guerre Olympique » d’« histoire gentille et tout à fait reposante ».
Ma foi, on parlera plutôt d’une anticipation à faire froid dans le dos. Tout y est exagéré, on a du mal à imaginer des montagnes de muscles courir un marathon, mais l’histoire fonctionne et fait vibrer le lecteur.
Bien sûr, aucun suspense sur le camp vainqueur, sur qui trichera contre la fatalité. Là réside la faiblesse du roman, avec une dichotomie par trop importante : les Blancs sont les gentils et les Rouges, les méchants. Trois décennies plus tard, c’est plus facile de faire ce constat que lors de sa sortie.

Pierre Pelot a su extrapoler avec brio la situation géopolitique du moment. Il nous livre un roman dur, reflet d’une époque et décrivant un futur inquiétant. « La Guerre Olympique » n’a pas beaucoup vieilli, même si depuis sa rédaction le bloc soviétique a éclaté.
Un divertissement qui ne laisse pas insensible et qui pousse le lecteur à la réflexion, alors que Pietro Coggio est un bourrin dans toute sa splendeur, mais c’est pourquoi il a été élevé.

Pour ceux qui seraient passés à côté de ce livre, il est temps de savoir qui du camp blanc ou rouge vaincra dans ce 12e conflit interplanétaire.


Titre : La Guerre Olympique
Auteur : Pierre Pelot
Première édition française : Présence du Futur (1980)
Couverture : Hervé Leblan
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 342
Format (en cm) : 10,8 x 17,9
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 978-2-07-044633-9
Prix : 6,95 €



François Schnebelen
16 septembre 2012


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