Adam Possamaï se livre à un exercice aussi périlleux qu’excitant : retravaillant quelques-unes de ses nouvelles de SF publiées ces 20 dernières années, il va dresser un portrait d’un XXIe siècle sous influence.
Le morcellement d’un siècle en récits indépendants permet une variété de genres, de styles, de points de vue. N’ayant jamais rien lu de l’auteur, je partais vierge de toute attente, supposant néanmoins qu’une telle reconstruction textuelle a posteriori n’aurait pas l’envergure du travail de Stephen King, dont l’œuvre monumentale est parsemée de liens et de symboles communs qu’il achève d’unir dans le cycle de « La Tour Sombre ».

Premier constat : la variété attendue est au rendez-vous, pour le meilleur et le pire. On ne sait parfois pas trop où on met les pieds, surtout dans les premiers textes, tandis que notre Terre est encore peu « influencée ». Premiers textes d’ailleurs peu convaincants : “Cyber-babe” « semble » mal écrit, dans une première personne populo-vulgaire qu’on retrouvera dans “Aristote : pour ou contre”, où un super-ordinateur échoue face à un sophisme. On se prendra bien la tête avec “David III Knox” où l’histoire d’un homme qui s’envoie dans le passé des nouvelles du futur, et se « recrée » ainsi perpétuellement pour atteindre l’immortalité. Et de compter à l’envers... Une recherche d’immortalité aussi au rendez-vous avec “Morituri Te Salutant”, au ressort final convenu sur une idée déjà pas originale.
On perçoit très clairement les retouches d’unification appliquées par l’auteur pour lier ces nouvelles, qui paraissent d’autant plus superficielles.
La suite fait la part belle à la SF, avec une évolution de la Terre suite à deux grands conflit, qui verront l’avènement d’un Empire Capitaliste puis la suprématie de l’Église catholique.
Certaines nouvelles tiennent de l’exercice de style ou de l’atelier d’écriture, ou remplissent simplement le background général du roman-puzzle, comme le pas inintéressant “La mort de Montagovitch”.

La longue nouvelle “Le Droit à l’euthanasie” est sans conteste la meilleure du recueil, et pourtant l’une des plus anciennes de l’auteur. Riche, dense, complète. Les précédentes, en regard, servent d’habillage et auront plus d’intérêt pour leur fond que pour ce qu’elles racontent, ou comment elles le font, même si on notera d’agréables effets d’échos de styles.
“Pour une poignée de Spleen” clôt assez inutilement le recueil, en insistant pour expliquer la fin du jeu (et en le faisant mal).

« Le XXIe Siècle de Dickerson et Ferra » me laisse une étrange impression. La majorité des textes ne m’a pas emballé, et sera vite oubliée (certaines nouvelles le sont déjà, après à peine une semaine). Mais certains passages, par leur contenu ou leur forme, restent marquants, et particulièrement la novella “Le Droit à l’euthanasie”. Reste néanmoins le sentiment final d’un recyclage vite fait pas trop bien fait. Ou bien, et c’est aussi probable, ne suis-je pas parvenu à apprécier conjointement le style déployé par l’auteur (ce qui pèche le plus à mon goût, mais pas systématiquement) et le message des textes (dans l’ensemble au-dessus de la moyenne question originalité et présentation).
Un agglomérat à découvrir, mais sans y placer trop d’espoirs et avec une ouverture d’esprit maximale et un peu de patience, sans quoi il vous tombera vite des mains...

Titre : Le XXIe Siècle de Dickerson et Ferra
composé des nouvelles suivantes :
 Cyber-babe (2000)
 David III Knox (1992)
 Morituri Te Salutant (1995)
 Aristote : Pour ou Contre ? (1992)
 La Mouette (1999)
 La mort de Montagovitch (2001 en BD)
 L’on voit des hommes tomber (1993)
 Ainsi Parlait Zarathousa (1995)
 Les Générations « Bâtisseurs » (1995)
 Amarama (inédit)
 Le Droit à l’euthanasie (1992)
 Pour une poignée de Spleen (1992)
Auteur : Adam Possamaï
Couverture : Michel Borderie
Éditeur : Asagard
Collection : Micronos
Pages : 250
Format (en cm) : 23,5 x 15,5 x 2
Dépôt légal : mars 2012
ISBN : 9782919140541
Prix : 15,50 €