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Solaris n°183
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°183, science-fiction et fantastique, nouvelles - articles - critiques, été 2012, 160 pages, 10CAD

Avec “Le jardin des derniers humains”, Jean-Louis Trudel a remporté le Prix Solaris 2012. Les effets du réchauffement climatique sont devenus réalité avec la montée des eaux et l’augmentation des températures rendant la vie difficile dans certains pays. Rufus Boyko est un artiste à la renommée internationale, il a choisi une région d’Italie comme théâtre à sa nouvelle œuvre, se voulant un témoin du désastre environnemental et une alerte pour les générations futures sur les dangers de maltraiter l’écologie de la planète. Mais son message n’est pas si facile à passer, il lui faut encore convaincre la population locale.
L’avenir décrit apparait très réaliste. Jean-Louis Trudel prend le temps d’installer l’atmosphère, il laisse les implications des dernières décennies faire leur chemin dans notre esprit. Le rythme est lent, adapté à l’histoire que je qualifierai tout simplement de belle et ne laissant pas insensible.
Une anticipation à court terme qui pousse à la réflexion et qui a amplement mérité son prix en nous montrant que la science-fiction peut aussi être ainsi.



Lors du congrès Boréal 2012 était organisé un concours de nouvelles écrites sur place en une heure et inspirées d’une photographie. Challenge difficile et distinguant deux catégories : les écrivains chevronnés et les novices.
Philippe-Aubert Côté a remporté la première et Geneviève F. Goulet, la seconde. Les deux textes sont forcément courts : un peu plus d’une page pour “Petit Poucet en salade” de Geneviève F. Goulet et presque trois pour “Le disséminateur” de Philippe-Aubert Côté, qui affiche une plus grande ambition. Alors que le Poucet quatrième servant d’offrande à l’ogre est traité avec humour, mais semble un peu facile, lui imagine une conséquence inédite au CO2 libéré à tour de bras dans l’atmosphère. Ne risque-t-on pas de réveiller des forces enfouies ?
En tout cas, belle performance des deux auteurs qui se sont pliés avec succès à cette discipline périlleuse. Toutefois, une mention spéciale à Philippe-Aubert Côté. C’est là que l’on voit l’intérêt de séparer les participants.

L’étrange cas du 234, Joseph-Bouchette”, un reportage (?) de Guillaume Bourque relève du fantastique et encore, vu l’état des fêtards, on peut en douter. Un groupe d’adolescents se réunit pour faire la fiesta avec force alcools et substances prohibées. Les enceintes déversent des flots de Métal, la musique du Diable comme chacun sait, et celui qui invite aime se faire mousser en jouant de sa Strato. C’est alors que des phénomènes étranges se produisent. Réalité ou hallucination collective ?
Pas toujours facile à suivre avec des dialogues du cru, mais amusant et permettant aux lecteurs de passer un bon moment de détente dans les vapeurs d’alcool et la fumée subversive, le tout sous des tonalités méphistophéliques.

Les amants liquides” de Romain Benassaya nous entraînent dans un amour parfait, à jamais partagé. Mais la solution originale trouvée, faisant fi de l’aspect des partenaires pour se concentrer sur leurs sentiments, a de quoi effrayer…
Très belle nouvelle, avec une touche de dérision et un message plein d’humanité.

Les ravages du temps n’épargnent personne, même pas les anciens Dieux du Québec. Ceux-ci se rebellent contre cet ordre des choses et vont voir Mémère pour qu’elle les rajeunisse. Dans leur empressement, ils jouent avec la trame de la réalité qui se transforme.
Les Dieux pure laine” de Luc Dagenais n’est pas facile à lire au niveau des dialogues (là, c’est un Français qui parle !), pas évident à suivre non plus au niveau du récit et m’a semblé dans l’ensemble brouillon.

Dans “Une parfaite correspondance” de Steve Stanton, la traduction de ce numéro, le travail est une denrée des plus rares et notre corps devient finalement une des seules sources de revenu. Tous les organes que nous comptons en double se monnayent, peuvent servir de pièces de rechange aux plus nantis.
Cela fait froid dans le dos, donne une vision encore plus pessimiste du futur et du monde du travail qui nous attend. Coup au but !

L’infatigable Mario Tessier signe deux articles : un sur la série « Aux frontières de l’impossible » et l’autre sur un instrument de musique, le thérémine. Tous les deux s’avèrent très intéressants même si, à présent, j’ai envie de découvrir les deux saisons de cette série canadienne mythique, alors que l’envie de jouer de la musique électronique ne me titille pas le moins du monde.

Dans la rubrique rédactionnelle figure aussi la première partie de “La science-fiction et l’anthropologie : des récits entrecroisés”. Martin Hébert nous entretient sur les origines aux livres-univers.
Outre ses nouvelles, l’attrait de « Solaris » réside aussi dans ses articles de fond ou sur des sujets divers et variés qui ont l’art de surprendre et d’informer les lecteurs.

Les habituelles critiques se poursuivant dans le volet en ligne achèvent ce numéro 183 qui tient toutes ses promesses. Le Prix Solaris 2012 ravira le lectorat, aussi gâté par “Les amants liquides” que par “Une parfaite correspondance”.
« Solaris », c’est du tout bon !


Titre : Solaris
Numéro : 183
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Mario Giguère
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 183 ; volet en ligne du numéro 183
Période : été 2012
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
24 juillet 2012


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