Une tombe, quel meilleur lieu de repos pour ce justicier masqué surnommé le Spirit ? Et puis, ce n’est pas la première fois qu’il se réveille dans un cimetière, lui qui est déjà mort une fois. Et puis il doit remplir les missions qu’on lui confie, aussi foireuses qu’elles soient, et la nouvelle risque bien d’être sur la première marche du podium. En tout cas, il ne pensait pas se mettre à dos les Blackhawks, des mercenaires extrêmement efficaces. Mais quel peut donc être le lien avec la tombe du père de Doc Savage ? Que cache réellement ce décès ? En tout cas, le cercueil du mort est plein de surprises, des surprises brillantes comme de l’or. Décidément, quand tout tourne de travers, il ne faut pas s’étonner que trois héros que tout pouvait opposer se retrouvent obligés de travailler de concert.

Il y a des comics qui sentent bon la nostalgie de l’age d’or, celui qui vit le jour de personnages emblématiques comme Batman, le Spirit ou encore Doc Savage. S’il n’est plus besoin de présenter l’homme chauve-souris, les deux autres ne font pas vraiment partie de notre culture européenne. Le Spirit est né en 1940 de l’imagination débordante de Will Eisner, personnage dont les histoires s’arrêtèrent en 1952 mais qui revient sur les devants de la scène depuis le début des années 2000. Doc Savage est encore plus obscur pour une grande partie des jeunes lecteurs. C’est le grand-père de nombre de super-héros, né en 1930 de l’imagination de Lester Dent. Mais ses traductions ne nous atteignirent que dans les années 60-70.
Brian Azzarello s’attaque donc à trois icones des comic books et, pour garder une cohérence entre l’age de ses différents personnages, il choisit de nous ramener aux débuts de Bruce Wayne en tant que héros. Nous sommes très loin de tout l’attirail high-tec dont est maintenant pourvu le justicier de Gotham. Les méthodes de ce Batman sont bien plus rustiques. Mais Batman n’est pas réellement le vrai héros de cette histoire, il s’agit bien de Doc Savage qui va mener la danse autour d’une enquête concernant la mort de son père. Tous les indices vont ramener sur lui et il n’est pas étonnant que les deux autres monte-en-l’air se mêlent de cette affaire.
Même sans connaitre vraiment le Spirit et Doc Savage, le lecteur entre facilement dans cette enquête policière, très proche de celle de l’époque où oeuvraient les auteurs d’origine. Et c’est bien là tout l’intérêt de ce tome, un retour au source qui nous permet de bien mesurer l’évolution des super-héros dans le comics américain. Même s’il introduit le diptyque, Batman va peu à peu laisser la place à ses deux autres compères, ce qui n’est pas un mal puisque que découvrir ces deux héros est bien plus intéressant qu’avoir un énième titre consacré au justicier de Gotham.
J’avoue n’être pas très fan des dessins de Phil Noto, ressemblant parfois à des photos peintes, avec une palette de couleurs peu nuancées. Heureusement pour moi, les trois quarts du volume seront l’oeuvre de Rags Moralles avec son style hyperréaliste, moderne et très punchy. Parfaitement soutenu par les couleurs de Nei Ruffino, l’action prend toute sa force et son intensité. Les visages sont très expressifs, avec des jeux d’ombres magistraux, chaque planche étant un véritable petit bijou. Elles se dévorent avec avidité, leur beauté refletant surtout la noirceur de cet univers de série noire dans laquel Eisner et Kane se seraient parfaitement retrouvés.
« Firstwave » est une grande réussite, nous permettant de faire la connaissance de deux héros mythiques des comics que nous connaissons trop peu.
Firstwave (T1)
Personnages créés par : Bob Kane (Batman), Will Eisner (The Spirit)
Scénario : Brian Azzarello
Dessin : Rags Moralles et Phil Noto
Couleurs : Nei Ruffino, Phil Noto
Traduction : Bruno Terrier, Nicolas Meylaender
Éditeur : Ankama
Dépôt légal : 26 janvier 2012
Format : 170 x 260 mm
Pagination : 136 pages
Numéro ISBN : 978-2-35910-270-3
Prix public : 15,90 €
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