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Tau Zéro
Poul Anderson
Le Bélial’, roman traduit de l’anglais (États-Unis), science-fiction, 292 pages, juin 2012, 20€

La publication originale de ce roman date de 1970. « L’Anneau-Monde » de Larry Niven ne lui a raflé le Prix Hugo que de quelques voix. David Pringle le classe parmi les cent livres les plus importants de la science-fiction. Poul Anderson figure au rang des écrivains majeurs de la SF. Et pourtant, voilà la première édition française de « Tau Zero » !
Par quelle aberration aura-t-il fallu attendre aussi longtemps sa traduction française ? Heureusement que le Bélial’, une petite structure – les grandes maisons, prenez-en de la graine !-, répare cette lacune incompréhensible.



25 hommes et 25 femmes quittent la Terre du XXIIIe siècle pour une planète proche de l’étoile Beta Virginis. Leur vaisseau, le Leonora Christina, est capable d’approcher la vitesse de la lumière, puisant son énergie au cœur de l’espace. Pour atteindre leur destination située à 30 années-lumière, il ne leur faudra que 5 ans, alors que 33 années se seront écoulées sur Terre.
Mais le voyage va prendre un tour inattendu.

Poul Anderson signe là un roman de hard-science où la relativité est au centre du récit. Pour ce voyage, il ignore délibérément tout artifice permettant de s’affranchir de cette limite absolue que représente la vitesse de la lumière. La solution évoquée n’est aucunement fantaisiste, elle se tient scientifiquement et s’avère donc plausible. Les lois de la relativité lui donnent le cadre idéal pour tourner les têtes. Heureusement, Poul Anderson réussit parfaitement à intégrer l’aspect scientifique très présent et au cœur du roman.

« Tau Zéro » fait aussi la part belle aux humains embarqués dans une folle aventure jouant avec l’espace-temps. Sur les 50 passagers, seuls quelques uns ont un rôle de premier plan, mais tous doivent être au moins cités à un moment ou un autre. Bien sûr, à quelques exceptions près, ce sont tous des scientifiques, mais le personnage le plus intéressant, c’est Charles Reymont, le gendarme de la mission, celui chargé de maintenir l’ordre et qui va se démener comme un beau diable pour entretenir le moral de l’équipage en lui donnant des raisons d’espérer dans l’avenir.

Ce roman s’avère un subtil mélange entre la théorie allant de pair avec ce voyage à des vitesses relativistes et le drame humain se nouant à bord du Christina Leonora lorsque la mission s’avère compromise. Il y a du souffle, jamais l’intérêt de l’histoire ne s’épuise, ce que la fin prouve d’éclatante manière. « Tau Zéro » relève de la hard-science, mais n’est pas dénué d’un côté merveilleux, le rendant encore plus attachant.

Cette course après c, la vitesse de la lumière, s’avère passionnante. Ses implications dépassent l’entendement, même si les mathématiques nous en donnent la solution.
Poul Anderson a écrit un roman de toute beauté, appartenant à la catégorie de ceux nous faisant tant aimer la science-fiction.
Et dire qu’il aura fallu attendre plus de 40 années pour qu’il soit traduit !

Cette édition d’importance s’accompagne d’une préface de Jean-Daniel Brèque. À juste titre, il émet la remarque que l’écrivain n’a jamais réactualisé cette œuvre et que cela s’en ressent parfois. Même si certains aspects peuvent sembler datés, je n’en ai jamais été gêné ; cela participe même à son charme.
Le professeur Roland Lehoucq, bien connu des lecteurs de « Bifrost », donne des éclaircissements bienvenus à l’ouvrage. Il décortique la physique sous-jacente, nous démontre que Poul Anderson maîtrisait les connaissances scientifiques de l’époque pour nous livrer un roman en rien fantaisiste et qui, à quelques détails près, tient parfaitement la route.

Et puis la couverture de Manchu est tout aussi lumineuse que « Tau Zéro », un roman magistral d’un écrivain majeur de l’imaginaire.
Maintenant qu’il est arrivé par chez nous, jetez-vous dessus !


Titre : Tau Zéro (Tau Zero, 1970)
Auteur : Poul Anderson
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean-Daniel Brèque
Couverture : Manchu
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 292
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : juin 2012
ISBN : 978-2-84344-113-4
Prix : 20 €



François Schnebelen
15 juin 2012


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