La couverture stylisée bande dessinée est barrée d’un bandeau noir où est inscrit « Tendu, enragé, noir, c’est ça Karl ! ». Pour le coup, la publicité n’est pas mensongère.
Martial Caroff a choisi le parti pris du roman vraiment noir. Une histoire de vie et de vies qui vont s’entrecroiser alors qu’elles n’auraient jamais dû. En tout cas, peut-être pas dans ces conditions.
D’un côté Karl qui tente de survivre dans sa micro-société créée au sein de la cité. Là se trouvent des lois propres avec un gang qui commerce sous les yeux de tous sans que cela ne dérange plus que ça. L’égoïsme humain, ou plus simplement la peur, permet cette liberté qui ne profite qu’à certains et qui fait plus de mal que de bien à tous.
Karl a des potes, comme tout le monde, mais pas tout à fait comme tout le monde. Mo est le type un peu limité mais fidèle en amitié, et surtout qui ne saurait pas trop comment s’en sortir tout seul. Tony est plus un guerrier en colère, ou un lâche qui a choisi la voie facile. Pour Karl, le souvenir des amitiés d’enfance de trois garçonnets a laissé la place à une relation lourde entre trois types qui luttent pour se faire une place au quotidien. La galère côtoie la misère, et les moments de bonheur sont très courts.
Et c’est un de ces moments magiques qui va pousser Ronan, fils de flic vivant plus au chaud avec ses propres problèmes, à commettre la faute.
En fait, Ronan rencontre Karl, Mo et Tony au commissariat. Intrigué par Karl, il décide de le suivre dans sa cité. Là, Karl lui évite un souci et lui montre une soirée de danse de folie. Des lumières, de la fureur transformée en énergie positive, de la puissance émotionnelle pure qui donnent une fausse idée de l’endroit. Se croyant malin, Ronan va emmener Layla afin de la séduire.
C’est là que tout bascule.
Même si Martial Caroff a mis tous les éléments en place avant le drame. A petites doses, les déclencheurs sont apposés, prêts à l’emploi, n’attendant plus que les victimes posent leur pied sur la mine.
Chacun va devoir faire ses choix, tous plus cruels les uns que les autres. Tous les menant vers la noirceur. Mais surtout révélant les fantômes des uns et des autres, les mystères cachés au plus profond de soi. Pour le coup, noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir.
Martial Caroff a su écrire une histoire pleine d’émotions fortes (même si parfois son argot verlan est un peu exagéré) et de tensions. Certes, c’est dur, certes, c’est triste, certes, c’est violent. Mais c’est aussi la vie.
Pas de tous, heureusement, mais de certains, malheureusement.
Attention, pas de misérabilisme ici, d’autres choix auraient pu être fait.
Mais là, la vie glisse vers la noirceur.
Et c’est comme ça.
Et c’est bien pour le lecteur.
Titre : Karl
Auteur : Martial Caroff
Série : La trilogie Noire – T1
Couverture : Adrien Aymard & Mark-Erwann Tarrisse
Éditeur : Archipel
Collection : Galapagos
Pages : 216
Format (en cm) : 14,1 x 21,1 x 1,8
Dépôt légal : mars 2012
ISBN : 978-2809806458
Prix : 14,95 €
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