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Galaxies n°16 (Nouvelle Série)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Revue, n°16, SF - nouvelles - études - critiques - entretiens, avril 2012, 192 pages, 11€

Pour commencer, attardons-nous sur la couverture. Même si elle est hors sujet par rapport au contenu, elle est magnifique et c’est l’occasion de parler de l’artiste qui l’a réalisée : Jean-Félix Lyon, malheureusement décédé en octobre 2010.
À sa mort, il a laissé trois illustrations. Une est sortie dans le « Galaxies n°11 », l’autre a servi d’affiche à la convention nationale française de science-fiction de Tilff en 2011 et la dernière est celle-ci. À l’avenir, il ne devrait donc plus y avoir d’autre œuvre graphique inédite de Jean-Félix Lyon, ce qui est fort regrettable en regard de leur qualité.



En hommage à Jacques Boireau mort en 2011, le dossier de ce numéro lui est consacré. Surtout publié il y 15 – 20 ans, cet auteur n’est pas très connu. Dans l’entretien accordé en 1985 à Richard Comballot, ainsi que dans “L’écrivain, le peigne, la machine à écrire et la girafe”, on découvre un professeur qui a perdu ses illusions d’auteur, la faute à de nombreux refus éditoriaux.
Auparavant, Michel Lamart nous présente le personnage qu’il a côtoyé. J’avoue m’être demandé par moments de quoi il parlait et quel était le sujet de l’article.
« Pédales virtuelles », un court texte de Jacques Boireau, nous permet de mieux l’appréhender. Des agents du KGB tombent sur une bande de gamins, dont le chef, une fille du nom de Tamara, va s’exprimer en de nombreuses langues différentes. L’auteur malmène la réalité, il pousse le lecteur à la remettre en question plusieurs fois. Derrière l’écriture, on sent qu’il y a du travail, peut-être même de trop, car l’ensemble s’avère un peu froid, un peu trop clinique.
Ce dossier m’a laissé un sentiment mitigé. Peut-être en attendais-je autre chose ?

Quatre nouvelles figurent au sommaire. Une uruguayenne, une américaine, une française et une mauritanienne, ce qui montre un bel éclectisme dans la prospection des textes à présenter.

La première est de toute beauté et n’est pas sans rappeler Borges. Avec “Les autres livres”, Ramiro Sanchiz nous emmène dans une librairie, dont le bâtiment ne préfigure en rien la masse de livres qu’il contient. Un habitué y découvre des titres inconnus, écrits après la disparition des supposés écrivains !
Sans grands effets, Ramiro Sanchiz plonge les lecteurs dans un récit passionnant sur les mondes parallèles. Pour moi, la révélation de ce « Galaxies n°16 ».

Mike Resnick nous donne accès au journal de la femme du baron de Frankenstein. Elle se plaint des énormes dépenses de son mari qui préfère injecter cet argent dans ses expériences plutôt que dans leur confort. Comment vit-elle l’arrivée soudaine de la créature disgracieuse ? Qu’en pense-t-elle ? “La fiancée de Frankenstein” nous le révèle.
On peut trouver cela un peu facile, le changement d’attitude de la baronne un peu rapide, mais la nouvelle nous fait passer un bon moment et donne un beau message de tolérance sur l’autre.

Seconde apparition de Patrice Lussian dans « Galaxies ». “Représailles” s’avère pour le moins troublant. La société future décrite n’a rien d’engageant, les gens agissent comme des mécaniques programmées. Sortir des sentiers battus est mal vu et réprimé.
Représailles” incite à la réflexion, notamment sur notre vie actuelle prenant parfois cette direction. C’est avec curiosité que j’attends les prochains écrits de cet auteur.

Moussa Ould Ebnou nous pose une grande question : si on nous donnait la possibilité d’aller dans le futur, en ferions-nous l’expérience ? Surtout que tout retour en arrière est impossible…
Voyage dans l’outre-temps” nous présente également un avenir pessimiste, mais les ficelles utilisées pour faire avancer le récit sont un peu grosses : rencontre du Passeur du Temps, puis d’une chasseuse galactique cherchant les âmes juste, fournissant une combinaison rendant invisible. Se lit sans déplaisir, mais ne laisse pas un grand souvenir.

Autre temps fort de cette seizième livraison avec “Paroles d’anthologistes” de Patrice Lajoye qui interviewe pas loin d’une dizaine d’anthologistes. Une quarantaine de pages nous permettent d’en apprendre plus sur la confection d’une anthologie, ce qui est bien plus compliqué que ce que l’on pourrait en penser.
Un article vraiment bien trouvé, intéressant par les titres et noms balayés. Bravo !

Lettre de l’Inde (3)” ou comment présenter les nouvelles technologies à des personnes illettrées et vivant dans des lieux reculés. Au moyen de tableaux culturels mélangeant mythologie et science.

Philippe Ethuin s’attarde sur « Les Mystères de Vichy » (1932) de Camille Audigier (1867-1939) et Hugo van Gaert, soit Pierre Gévart, sur les trois précédentes moutures numérotées 16 de « Galaxie(s) ».

Le numéro est complété par la partie Critiques et par le “Flash Infini” contenant le compte-rendu de l’assemblée générale de l’association tenue en août 2011. Étonnant d’y avoir ainsi accès pour des non-adhérents !
On peut regretter le peu de sérieux affiché dans l’encart “Nous avons également reçu… Et nous en parlerons peut-être…” D’une, la présentation n’est guère soignée ; de deux, « Contact » de Carl Sagan est repris deux fois et de trois, « Le Dieu était dans la Lune » d’Hervé Thiellement est en réalité bien chroniqué dans les pages précédentes. Des détails à améliorer !

En conclusion, un agréable numéro de « Galaxies », bien mis en valeur par la couverture de Jean-Félix Lyon. “Paroles d’anthologistes” et “Les autres livres” de Ramiro Sanchiz emportent l’adhésion.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 16 (58 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Jean-Félix Lyon
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : Galaxies
Période : printemps 2012
Dépôt légal : avril 2012
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
4 mai 2012


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