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Solaris n°181
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°181, science-fiction et fantastique, nouvelles - article - critiques, hiver 2012, 160 pages, 10CAD

Les trois-quarts de ce numéro 181 de « Solaris » sont consacrés aux fictions. Comme l’écrit Joël Champetier dans l’éditorial, fruit du hasard, les textes retenus forment une certaine cohérence. Il s’en dégage une atmosphère pesante, oppressante ; bref, une certaine claustrophobie.
Mario Tessier nous présente un long article “L’Homme est bon (miam !)… ou comment servir l’homme”. Tout est dans le titre ! Cannibalisme sous toutes ses formes, illustré par les littératures de l’imaginaire comme par le cinéma. Savoureux, à consommer sans modération !



Au sommaire, huit nouvelles couvrant 120 pages sur un total de 160.

Ariane Gélinas commence avec “Quand les pierres rêvent”. Les habitants d’un village entouré à perte de vue par le sable vivent sous la menace des dunes. Lorsque l’un d’eux répond à leur appel, il s’enfonce dans le désert comme hypnotisé et on ne le revoit jamais. Un homme ne peut se résoudre à laisser sa femme partir, il la suit…
Une entame tout en douceur, dont se dégage une certaine poésie.

Les mémoires de sainte Marcelle” de Karine Raymond nous envoient dans un monastère aux règles des plus strictes. Emma qui porte la marque de Dieu, sans qu’elle sache laquelle car il est interdit d’observer son corps, y est recluse en compagnie d’autres sœurs. Un jour, elle perçoit un appel de l’autre côté de l’enceinte protégeant la congrégation de l’extérieur. Cela éveille sa curiosité.
Karine Raymond rend parfaitement l’ambiance pesante de l’édifice, d’un ordre au règlement bien peu humain. Pourquoi tant de privations, de brimades ? Et si tout cela avait un but ? Très belle nouvelle qui nous emmène loin dans les révélations. Une des réussites de ce numéro.

Elle, dans la forêt” de Claude Mercier se résume à trois paragraphes en six pages ! Une promenade en forêt transforme une femme souffrant d’une maladie lui laissant très peu de chances d’en réchapper. L’écriture compacte rend la lecture plutôt pénible et une fois le dernier mot lu, je n’en ai pas gardé un grand souvenir. Je n’ai jamais accroché à cette histoire, la moins bonne pour moi de ce « Solaris ».

Jean Carlo Lavoie signe la plus longue nouvelle et aussi une des meilleures. “Les Adorateurs de sorcières” nous présente un détective privé officiant dans les années trente à New-York. Ce colosse use de méthodes peu orthodoxes pour parvenir à ses fins. À l’occasion d’une enquête, il rencontre un adversaire qui le tient en échec, ce qui va bien l’énerver.
C’est musclé, à prendre au second degré, bien agréable à lire avec un monumental combat final.

Autre grand moment avec “Grand-Duc” de Michel Franskaya qui imagine des personnalités implantées dans des oiseaux mécaniques en charge d’un champ d’arbres solaires. Une explosion chamboule cet environnement.
Un rescapé raconte son expérience. Entre passé et présent, le lecteur découvre peu à peu l’horreur de la situation. Cette nouvelle de SF est magnifiquement mise en scène, elle donne un bon coup à l’estomac et ne se laisse pas oublier.

Jonathan Reynolds nous amène dans un cinéma peu fréquenté, mais qui embauche un homme à tout faire, heureux de trouver aussi vite un emploi à son arrivée dans la ville de Falltown. Il entend de drôles de choses sur la salle fermée pour cause de travaux, mais n’y prête pas grande attention. Ce en quoi il a tort…
Quand rêve le Murnau” réussit à instiller un certain malaise à sa lecture. Jonathan Reynolds nous prouve une fois de plus qu’il sait écrire une histoire fantastique prenante.

De nombreuses études ont déjà été menées sur les ondes dans lesquelles nous baignons au quotidien. Leur nocivité n’a pas été prouvée, mais Denis Roditi possède sa propre vision sur le sujet. “Crise phatique” nous plonge dans un monde déconnecté de la réalité, les gens ne se comprennent plus, disjonctent au lancement de la 5G.
Effrayant, bien trouvé, car il pousse à la réflexion en mettant le doigt sur un fait de société finalement bien mal connu.

Ballade en taxi pour Guillaume Marchand. C’est le cas de le dire pour ce texte où le passé rattrape un client.
Le Retour en taxi” est plus recherché que l’on pourrait le croire de prime abord. J’en ai gardé une bonne impression, même si je serais bien en peine d’en donner la raison.

En plus de l’excellent article de Mario Tessier, Élisabeth Vonarburg et Philippe-Aubert Côté s’intéressent à deux titres sortis chez Alire. L’un en particulier m’a semblé très prometteur : « Montréel » d’Éric Gauthier.
Quelques chroniques de livres clôturent cette 181è livraison de « Solaris ». Étonnamment, il s’agit uniquement d’ouvrages parus en France.
Et comme pour « Alibis », seule une partie des critiques est imprimée, les autres étant accessibles par tout un chacun dans le volet en ligne.

En conclusion, le lecteur ne sera pas déçu du voyage. Cette revue venant du Canada a tout pour plaire, avec notamment une très importante partie Fictions.


Titre : Solaris
Numéro : 181
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Tomislav Tikulin
Type : revue
Genres : nouvelles, article, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 181 ; volet en ligne du numéro 181
Période : hiver 2012
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
25 avril 2012


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