Ren Agaki se réveille, seul dans la carcasse de son Wanzer. Le convoi est maintenant loin et il n’a plus qu’à partir à pieds pour repasser en territoire allié. Agaki n’est pas le soldat lambda, ses yeux ne lui appartiennent plus, ce sont des perles de technologie qui sont reliés à plusieurs mini caméras. Dans Freedom abandonnée, ce bon soldat aurait dû d’abord penser à rejoindre son unité, mais en découvrant une partrouille USN en train de violer une jeune femme, son sang ne fait qu’un tour et le voila en train de rendre justice et surtout se retrouver avec la dite jeune femme sur les bras. Faire le chemin seul était déjà périlleux, mais à deux dont une civile traumatisée, cela devient mission impossible.
Nous voici, cette fois, en plein conflit, partageant la vie de militaires qui n’auront malheureusement pas beaucoup de chance. Il faut dire que Yasuo Otagaki ne les aide pas en nous montrant une armée USN largement supérieure en force et en technologie. Toutefois, c’est bien la vie de ces « chairs à canon » qui nous intéresse. Le mangaka nous décrit sa vision de la guerre à travers ces vies gâchées et le moins que l’on puisse dire, c’est que Yasuo Otagaki est un anti-militariste primaire. Il sera sans pitié quel que soit le bord.
Dans sa première histoire, « La meute des chiens de chasse », l’OCU va s’en prendre pour son grade, en étant montrée plus comme une organisation de lâches. On peut y voir une certaine forme de l’orgueil nippon, avec ses bons et ses mauvais côtés. Même si le mangaka ne fait pas l’apologie de la guerre, il se montre très critique des choix, qu’il impose d’ailleurs, de l’organisation asiatique. Etait-ce pour contre-balancer la critique particulièrement virulente qu’il fera ensuite de l’USN ? Peut-être vise-t-il une forme de neutralité, comme celle d’un journaliste. Mais il avait aussi laissé entendre que le véritable agresseur était l’OCU et il démontre surtout le manque de courage de ses gouvernants.
Dans « Le fruit du Paradis », il va montrer qu’une troupe d’occupation peut être la pire saloperie existante sur terre. Excusez moi, cher lecteur, des termes parfois crus pour la décrire, mais quand le mangaka met en avant que cette armée, soit disant pour éviter la guérilla urbaine, assassine femmes et enfants, civils de toutes sortes et les militaires se rendant, dites moi où est donc passée la convention de Genève ? Et je ne parle même pas des GI violant sans scrupules les femmes qui leur plaisent. Oui, l’image de l’armée USN est bien celle d’une armée de bouchers et de violeurs. Et vous vous dites que je vais encore vous seriner avec l’occupation du Japon par l’armée américaine. Et vous n’aurez pas tort, mais entre temps, le Vietnam n’a aussi pas aidé à redorer le blason de l’armée US, ni même les exactions dans les camps iraniens ou à Guantanamo. Difficile donc pour le mangaka de ne pas être influencé par ces images montrant les troupes d’occupation se sentant en parfaite impunité
En fantôme sanguinolent, Kenichi Inuzuka est toujours présent, pour prendre la photo la plus gore possible et commencant une collection de plaques d’identité... Finalement, même les journalistes sont considérés comme les pires des hyènes.
Difficile d’imaginer ce que Yasuo Otagaki trouvera de pire à nous montrer dans le tome 3 ! Et pourtant, on n’attend que cela !
Front Mission, Dog Life & Dog Style (T2)
Scénario : Yasuo Otagaki
Dessin : C.H. Line
Traducteur : Yohan Leclerc
Éditeur français :Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 226 pages
Date de parution : 8 mars 2012
Numéro ISBN : 978-2-35592-367-8
Prix : 7,65 €
A lire sur la Yozone :
Front Mission, Dog Life & Dog Style (T1)
© Yasuo Otagaki, C.H.LINE / SQUARE ENIX CO., LTD.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés