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Saga du Sorceleur (La), tome 2 : Le Temps du Mépris
Andrzej Sapkowski
Bragelonne, roman traduit du polonais (Pologne), dark fantasy, 382 pages, mars 2009, 20€

La guerre couvait entre Nilfgaard et les Royaumes. Elle éclate, selon les plans des rois : une escarmouche met le feu aux poudres. Mais tout est loin de se passer comme prévu, car l’ennemi était prêt, non à se défendre, mais à attaquer.
Geralt assiste à ce bouleversement des forces politiques depuis l’île des magiciens, où Yennefer a conduit Ciri, pour qu’elle y développe en sécurité ses talents pour la magie. Mais à la grande assemblée du Conseil, la politique s’est aussi invitée...



« Le Temps du Mépris », expression tirée de la prophétie concernant Ciri, décrit parfaitement ce temps qui précède le conflit. Celui où chacun redéfinit ses loyautés à l’aune de son ambition. Où les amis d’hier deviennent des ennemis, et vice-versa, selon qui offre plus d’or, de pouvoir, ou de chances de survie. C’est le temps des mercenaires et des traîtres.

Sur l’île de Thaneed, où se tient l’assemblée des magiciens, Geralt assiste à un étrange ballet : s’y mêlent espions des différentes cours, mages-conseillers des rois et sorciers aux velléités d’indépendance ou de domination. Chaque camp tente de rallier le Sorceleur à sa cause, par d’alléchantes promesses ou de sourdes menaces. Mais rien n’y fait, Geralt s’en tient à son désespérant idéal de neutralité. Et quand, à la faveur de la nuit, le coup d’état éclate, incendie déclenché par une prophétie de Ciri, ce rêve vire au cauchemar.

Tout ce qui n’avait été jusqu’alors que jeux d’ombres devient combats sanglants, et tous prennent la pleine mesure de combien il est dangereux de se mettre en travers de la route de Geralt. Mais le mutant n’est ni invincible, ni immortel.

Ce second volume de la Saga du Sorceleur fait la part belle à la politique, même si notre vision est parcellaire : la bataille des mages n’est qu’un écho des combats aux frontières des royaumes. Néanmoins, une fois le conflit terminé, l’auteur nous offre un panorama complet de la redistribution des cartes. Un peu complexe, certes, en raison de l’absence de carte (fait rare dans de la fantasy) et d’un nombre important de personnages, mais une nouvelle fois révélateur de ce temps du mépris qui scande cette seconde partie : à tous niveaux, de l’individu à l’état, la guerre ravage tout, brise les amitiés, les serments, tous trahissent, se trahissent parfois, au nom de l’ambition, de la vengeance ou, et c’est le plus cruel, de la paix. Ainsi en est-il des princes qui ont voulu cette guerre, et l’ayant perdue, tentent de sauver ce qui peut l’être, dissimulant piètrement leur lâcheté derrière le bien de leurs sujets.

Avec une plume toujours aussi captivante, Andrzej Sapkowski nous démontre certes que la guerre est une succession d’horreurs, mais que le plus insoutenable se passe en coulisses, et pas dans les charniers des champs de bataille. On en oublie presque que ces romans datent d’il y a plus de 15 ans. Sur le fond comme la forme, Sapkowski se montre à cent lieues d’une fantasy creuse et facile, et s’avère aussi incontournable que David Gemmell, pour n’en citer qu’un.
Il tisse doucement son intrigue, et le dernier chapitre consacre la nouvelle voie, sanglante, de Ciri, séparée de ses précieux mentors au profit de mercenaires du Sud profond. Un peu déroutant, mais après l’effondrement des Royaumes du Nord, changer de décor ne rendra le retour au pays que plus radical dans « Le Baptême du Feu ».

Si je n’aime toujours pas la couverture de la version Milady, elle a néanmoins le mérite de pouvoir illustrer à merveille une scène du roman. C’est aussi le cas de l’illustration de l’édition Bragelonne, où l’on remarque qu’Étienne Le Roux s’oriente vers un style au trait plus net, plus figuratif, limite BD, bien loin des deux premiers volumes où il oscillait aux limites de l’impressionnisme.
Quelques petites coquilles demeurent, mais rien de bien grave (même si écrire « wywern » au lieu de « wyvern » 250 pages avant saute aux yeux, non ?).


Titre : Le Temps du Mépris (Czas pogardy, 1995)
Auteur : Andrzej Sapkowski
Traduction du polonais (Pologne) : Caroline Raszka-Dewez

Éditeur : Bragelonne
Série : La saga du sorceleur, tome 2
Couverture : Étienne Le Roux
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 382
Format (en cm) : 15,2 x 23,7 x 3,1
Dépôt légal : mars 2009
ISBN : 9782352942849
Prix : 20 €

Réédition format poche
Éditeur : Milady
Collection : Fantasy
Série : Sorceleur, tome 4
Couverture : CD PROJECKT RED
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 480
Format (en cm) : 11 x 18 x 3
Dépôt légal : septembre 2011
ISBN : 9782811205829
Prix : 7 €



Nicolas Soffray
2 mai 2012


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