Andrzej Sapkowski et son Sorceleur sont de retour. Après « Le Dernier Voeu » et « L’Épée de la Providence », c’est un plaisir de reprendre la route de ce monde en déliquescence aux côtés de Geralt de Riv.
Mais cette fois, contrairement aux deux opus précédents, nous avons ici affaire à une histoire unique, et non plusieurs nouvelles, anecdotes s’enchaînant ou pas. C’en est fini du panorama, de la chasse aux monstres aux quatre coins du continent. Cette fois, la politique s’en mêle.
L’histoire tourne autour de la formation de Ciri. Geralt l’emmène avec lui dans l’ancienne forteresse des sorceleurs, où elle subit un rude entraînement. Mais impossible de lui faire subir les mutations rituelles. Plutôt que quérir l’aide de Yennefer, avec qui ses rapports (ou plus simplement, leur amour mutuel à demi avoué et une vie à deux impossible) sont... tendus, il fait appel à la rivale dans son lit, Triss. La magicienne a vite fait d’arracher l’adolescente à cette bande d’hommes qui ignorent tout des « simples » mutations de la puberté féminine. Elle décèle également un pouvoir chez Ciri, qui poussera Geralt à accepter de l’envoyer dans un temple, sous l’égide de Yennefer...
Entretemps, au-dehors, les conflits dorment d’un sommeil agité. Les Écureuils, des bandes d’elfes aux velléités d’indépendance, multiplient les escarmouches. À ces combats, Geralt refuse de participer : comme il l’explique à Ciri, aucun camp ne vaut mieux que l’autre, aucune guerre, à l’échelle d’une vie de sorceleur, ne se justifie.
Comme dans les précédents récits, au-delà de l’aspect épique de l’aventure, c’est cette dénonciation du racisme omniprésent, cette lutte pour le pouvoir à tout prix, surtout celui du sang, qui fait tout le sel et la valeur des textes de Sapkowski. Contrairement à la fantasy classique, dark ou pas, elfes et nains valent à peine mieux que les humains, et le meilleur comme le pire n’est pas l’apanage d’une race. Au contraire, la faible fertilité des elfes, contrepoids de leur longévité, les pousse vers un extrémisme guerrier destructeur : quitte à mourir sous l’oppression, autant attaquer.
Comme Yarfen, le nain mercenaire, Geralt prône la diplomatie, la tolérance. Paradoxal, lui qui chasse les monstres (mais on l’a vu dans les deux tomes précédents, il y a monstre et monstre), et est rejeté partout comme un paria.
Loin de tout héroïsme, Geralt ne cherche pas à empêcher la guerre, n’y à s’immiscer dans l’équation. Au contraire, il fait tout pour en extraire Ciri, lorsqu’il comprend que le plus simple et le plus sûr pour toutes les forces en présence est qu’elle meure. Que coule le sang ancien, le sang des vieilles lignées, mélangé au sang des elfes.
« Le Sang des Elfes », récompensé par le David Gemmell Legend Award 2009
du Meilleur roman de Fantasy, enchaîne directement sur le tome suivant, « Le Temps du Mépris ». Je vais faire de même, avec plaisir.
Faute de lire le polonais, je ne m’avancerai pas sur l’édition originale, mais signalons que Bragelonne sous-titre très justement ce volume (et les suivants) « La Saga du Sorceleur ».
Néanmoins, en poche chez Milady, où la série arbore des couleurs héritées de l’adaptation vidéoludique, toute l’œuvre d’Andrzej Sapkowski est sur-titrée « Sorceleur » et la tomaison commence dès « Le Dernier Voeu ». « Le Sang des Elfes » y devient donc un tome 3.
Titre : Le Sang des Elfes (Krew Elfow, 1994)
Auteur : Andrzej Sapkowski
Traduction du polonais (Pologne) : Lydia Waleryszak
Éditeur : Bragelonne
Série : La saga du sorceleur, tome 1
Couverture : Étienne Le Roux
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 343
Format (en cm) : 15,2 x 23,7 x 2,9
Dépôt légal : novembre 2008
ISBN : 9782352941941
Prix : 20 €
Réédition format poche
Éditeur : Milady
Collection : Fantasy
Série : Sorceleur, tome 3
Couverture : CD PROJECKT RED
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 480
Format (en cm) : 11 x 18 x 3
Dépôt légal : août 2011
ISBN : 9782811205706
Prix : 7 €
À lire sur la Yozone :
« Le Dernier Voeu »
« L’Épée de la Providence »