Mizoguchi va mal, de plus en plus mal et quand la fille qu’il baise se pend chez lui, sa santé mentale fait littéralement une vrille. Le voila en train de discuter avec un psy imaginaire, se soignant quelque chose mais pas du tout sa raison. Et quand il abat un de ses collègues lors d’une mission, son directeur lui impose un ultimatum : ou il se fait soigner ou il est viré. Mais finalement, il le voit ce putain de psy, tous les jours dans les chiottes de l’agence, et même chez lui. S’il pète un peu les plombs, ce n’est pas de sa faute, comme il n’est pas le fou qui tue des passants dans la rue. Non, la cause de ses problèmes, c’est Kano et il va le lui faire payer. A force de le suivre tous les jours, il connait par coeur ses petites manies. Et aujourd’hui, la chasse peut commencer...
Deux focus sur deux âmes en peine et qui ne feront qu’une descente aux enfers toujours plus profonde dans ces deux tomes de « Freesia ».
Le tome 8 met fin à l’exécution de Terajima. Mais en fait, le personnage réellement intéressant est bien la tueuse Iwao, qui voit encore une fois une affaire la dépasser au point qu’elle en perd quasiment la raison. Mais face à ce psychopathe de Kano, quelle chance avait-elle de s’en tirer ? On peut aussi se demander pourquoi Higuchi lui en veut autant car il est clair que ces pseudo bonnes intentions ne sont que perversion. Ce personnage a tout du raté qui, peu importe ce qu’il tente, ne reste encore et toujours qu’un raté. Vision très pessimiste de l’espérance d’une vie meilleure chez un Jiro Matsumoto, montrant une forme de totale désillusion sur l’espèce humaine, ne parvenant à ne sauver aucun de ses personnages.
Mais c’est certainement Mizoguchi qui sera le plus maltraité à travers le tome 9. Ce dernier s’ouvre sur une scène de sadisme habituel de ce malade. Mais quand la victime se suicide, le tueur n’a pas la capacité de comprendre et d’assimiler et il va finir de se cacher dans une folie symbolisée par son psy. Quelle ironie que ce symbole ! J’avoue n’avoir que peu d’estime pour les psychiatres et la métaphore du mangaka ne peut que me satisfaire. Bon, c’est petit, certes, mais des fois, cela fait du bien. En tout cas, il est intéressant de voir comment le mangaka utilise à total contre-pieds la psychanalyse non pour soigner mais pour enterrer son personnage.
Ce tome 9 s’achève sur ce qui pourrait bien être le dernier tour de piste de Mizoguchi, totalement obsédé par Kano au point de se mettre à dos la police. Toutefois, le cliffhanger est plutôt déroutant et l’on attend évidemment une bonne série de réponses dans le prochain volume.
Décidément, « Freesia » est une des plus sordides mais des plus passionnantes séries encore en cours. Et il serait bon que l’avertissement « pour public averti » ne soit pas quasiment illisible en quatrième de couverture ! Un chef-d’oeuvre, certes, mais loin d’être à mettre entre toutes les mains !
pour public averti
Freesia (T8 et 9)
Auteur : Jiro Matsumoto
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208 pages
Date de parution : 1er décembre 2011 et 1er février 2012
Numéro ISBN : 978-2-82030-244-1 ; 978-2-82030-288-5
Prix : 7,50 €
A lire sur la Yozone :
Freesia (T1)
Freesia (T2)
Freesia (T3)
Freesia (T4 et 5)
Freesia (T6 et 7)
FREESIA © 2003 Jiro Matsumoto / Shogakukan Inc.
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