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Colline aux Coquelicots (La)
Tetsuro Sayama et Chizuru Takahashi
Delcourt- Akata

Umi vit avec sa grand-mère, sa soeur et son frère dans une pension de famille. Sa mère est souvent en voyages, pour exercer son métier de photographe. Son père était marin et a disparu en mer, pourtant, Umi et sa mère croient toujours qu’il pourrait revenir un jour. Et pour qu’il reconnaisse le chemin de la maison, elle hisse tous les matins à un piquet un des fanions que son père collectionnait.
Son lycée se retrouve un jour sous l’effervescence d’un phénomène surprenant, le responsable du journal de l’école crée une forme de rébellion en poussant les élèves à ne plus porter leur uniforme. Umi serait bien restée à l’écart de cette affaire si son petit frère n’avait pas pris le partie des révolutionnaires en herbe.



En fait, Kazama, le responsable du club journal de l’école, et Mizunuma, le responsable du club vie scolaire, ont décidé de créer un événement pour vendre le plus possible de journaux et quoi de plus efficace qu’un peu de révolutionnaire. Malheureusement, les deux compères sentent aussi que la situation peut leur échapper à tout moment et quand Umi et son frère se mettent de la partie, tout peut basculer. Mais Kazama est secrètement amoureux de la belle aux tresses et la voir s’impliquer dans leur motion anti-uniforme n’est pas pour lui déplaire... Seulement, si jamais la jeune fille connaissait la véritable raison de cette action, nos deux compères pourraient le regretter amèrement. Car finalement, tout cela n’a pour objet que de rembourser les dettes de jeu de Mizunuma...

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Le 11 janvier 2012, sortait sur nos écrans le nouveau film de Goro Miyazaki, « La Colline aux Coquelicots ». Cette oeuvre écrite par papa Miyazaki et réalisé par fiston Miyazaki a su nous séduire par toute l’émotion que la famille Miyazaki parvient à faire passer dans leur film d’animation. La curiosité était donc grande de découvrir l’oeuvre originale qui inspira les Miyazaki.

C’est donc avec force intérêt que je me plongeais dans l’édition intégrale du manga de Tetsuro Sayama et Chizuru Takahashi, « La colline aux coquelicots », paru à l’origine en 1980. Nous retrouvons donc la jeune Umi, toujours en attente de l’éternel retour de son père. Mais très vite, les différences entre l’oeuvre des deux mangakas et l’adaptation de Miyazaki se font sentir. Tetsuro Sayama place son récit à son époque, les années 80, et nous présente un village de pêche où Mc Do et Coca Cola ont déjà fait leur apparition. Le ton est beaucoup plus léger et tourné vers l’humour. Le personnage de la mère d’Umi est tout de suite présenté comme une source de comique de situation : un peu irresponsable et n’ayant aucune notion de l’argent.

L’histoire de fond est aussi totalement différente. Le choc des cultures représenté par le foyer des élèves dans le film devient le conflit des uniformes, mais même si on retrouve ici une critique d’une certaine rigidité des règles scolaires nippones, cette lutte vers plus de liberté est un peu tournée en ridicule par l’origine de la rébellion : ce n’est pas un combat idéologique mais un besoin purement mercantile. J’avoue une certaine déception en découvrant la source du scénario d’Hayao Miyazaki. On comprend évidemment la logique du manga, plus léger, shojo ne cherchant pas non plus à barber ses lecteurs avec des considérations trop profondes. Mais je n’aurai peut-être -voire certainement- pas eu la même réaction en ayant découvert dans un premier temps le manga.

L’histoire du secret familial était introduite rapidement dans le film, pour augmenter le côté dramatique et donner encore plus de force aux personnages. Dans le manga, l’histoire n’arrive qu’en toute fin. Là aussi, ce découpage scénaristique est tout à fait logique quand on entre dans le mécanisme de publication d’un shojo. Impossible de trop mélanger des histoires, ne laissant que des petites indications pour préparer le lecteur à ce qu’il arrivera. Par contre, le ton change alors radicalement pour devenir plus triste, plus mélancolique avec la rupture entre Umi et Kazama. On découvre aussi que Miyazaki a repris fidèlement l’explication du manga, l’étoffant évidemment par une mise en scène que seul un génie de son acabit était capable. Attention, loin de moi de dénigrer le gros travail de Tetsuro Sayama, mais face à un génie comme Miyazaki, même un très bon mangaka fait vite pale figure.

Le dessin de Chizuru Takahashi est typique des années 80 et nous ramène dans nos souvenirs, vers des séries comme « Candy Candy » ou « La Rose de Versaille » (« Lady Oscar »). Et cela n’est pas déplaisant car si le design peut sembler un peu vieillot, il est très respectueux des traits des personnages et des proportions, ce que beaucoup de dessinateurs et dessinatrices de shojos modernes devraient se rappeler plus souvent. On retrouve par contre l’école Tezuka dans sa mise en page, avec beaucoup de petites cases et très peu de pleines pages. Toutefois, on peut voir que les décorations de bords de pages sont loin d’être une innovation des mangakas modernes.

« La Colline aux Coquelicots » est un bon moyen de parfaire la découverte de cette oeuvre que Goro et Hayao Miyazaki ont dépoussiéré avec talent. Et je conclurai sur un conseil peut être déjà tardif : lire le manga avant de voir le film pour l’apprécier pleinement.


La Colline aux Coquelicots
- Scénario : Tetsuro Sayama
- Dessin : Chizuru Takahashi
- Traduction : Yuki Kakiichi
- Éditeur : Delcourt
- Dépôt légal : 11 janvier 2012
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 320 pages
- Numéro ISBN : 978-2-7560-2866-8
- Prix public : 8,99 €


Kokurikozaka Kara (From up on poppy hill)@1980 Chizuru Takahashi Tetsuro Sayama
© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
19 janvier 2012




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