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Pistouvi, Le pays des grands oiseaux
Merwan & Betrand Gatignol
Dargaud

Pistouvi est un petit renardeau, pro du lance-pierre. Il vit avec la jeune Jeanne dans leur maison en haut d’un arbre. Parfois, le Vent, beauté de courants d’air, leur rend visite, quand elle ne resème pas des plantes après le passage du gros homme-tracteur, qui met tout au carré en ronchonnant à longueur de temps. Et puis, il y a les oiseaux, des grands et des petits.
Mais surtout, Pistouvi ne doit pas les entendre parler, sinon il sera en danger !



Heureusement, Jeanne protège Pistouvi grâce à son ocarina, offert par le Vent. Quand la fillette joue des airs, aux notes différentes à chaque fois, elle fait des oiseaux ce qu’elle veut. Après tout, ces volatiles sont juste de grands sacs à plumes débiles, comme dirait Pistouvi ! Ce serait mieux s’ils n’existaient pas ! Car les oiseaux sont dangereux pour le petit renardeau : s’il les écoute parler, il pourrait se transformer en l’un d’entre eux...

Les jours se suivent pour le petit duo, rythmés par la cueillette de fleurs pour changer la décoration de la maison, ou par l’envoi de boulons sur la tête des oiseaux. Ces derniers suivent d’ailleurs souvent l’homme-tracteur quand il aplatit la terre et laisse derrière lui des semailles bien droites et alignées.

Mais les jours heureux de la fine équipe ne dureront pas toujours, comme le dit le vieux tacot. Et déjà un après-midi, Pistouvi est réveillé de sa sieste par un oiseau qui lui parle. Il a entendu un oiseau ! Des plumes commencent à apparaître dans sa queue... Vite Jeanne, il faut appeler le Vent, qu’elle soigne Pistouvi !

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« Pistouvi », c’est un vent de fraîcheur sur le monde de la BD. A mi-chemin entre le conte pour enfant et le récit pour adulte, ce petit volume, au format bâtard entre le manga, le livre jeunesse et la BD, enchante par ses planches simples, mais pas simplistes, et son histoire d’enfants loin d’être enfantine.

Au dessin, Bertrand Gatignol nous emmène d’une page à l’autre avec un trait fluide, sobre, en noir et blanc, mélange de style manga, d’animation et de bande dessinée. Ses personnages sont expressifs, dynamiques, pleins de vie et mis en action dans des planches aérées. Il n’y a pas de superflu, mais pas non plus de manque.

La couverture, une jaquette plastique couleur, à l’image des mangas, laisse la part belle au héros de l’histoire éponyme et à ses problèmes : Pistouvi et les oiseaux. C’est beau, simple et efficace, sans chichis.

Le récit de Merwan se scinde en chapitres titrés, de longueur inégale. Après tout, « Pistouvi » est un récit d’enfant : il n’y a pas de logique comme en cherchent les adultes partout. Les choses sont, simplement. On suit le quotidien d’une petite fille au caractère fort et de son copain le renardeau, qui vivent leurs journées d’aventures dans leur cabane en haut d’un arbre gigantesque.

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Mais « Pistouvi », ce n’est pas simplement un beau conte pour les petits. On y trouve un autre niveau de lecture, plus adulte. Les plus grands reconnaîtront une mère dans la déesse du Vent, ou une figure paternelle dans l’homme-tracteur un peu bougon.
Ce que l’on voit, c’est le monde de Jeanne et Pistouvi, c’est leur vision des choses, l’univers vu à travers leurs yeux. On y retrouve un peu de « Calvin et Hobbes », où pour le petit garçon Calvin, son tigre en peluche est un véritable tigre qui s’exprime (de manière plus ou moins cynique) et vit, alors que pour les autres, ce n’est qu’une peluche inerte.

Merwan et Bertrand Gatignol nous racontent à leur manière l’histoire du passage, non pas à l’age adulte, mais de quand on n’est plus tout à fait un enfant et pas encore un adulte. C’est quand on devient « grand », quand on dit adieu à nos amis imaginaires. Ils transcrivent avec beaucoup de finesse, de délicatesse, d’humour et de rêves d’enfants, le rite du passage de l’enfance à l’adolescence, le tout à travers les yeux de deux enfants.

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Après « Fausse Garde » et la série « Pour l’Empire », Merwan change de registre et s’associe à Betrand Gatignol pour nous livrer une histoire insolite, un récit original et onirique d’où s’échappent des émotions puissantes. L’exercice est plus que réussi et sera apprécié par les grands comme par les petits.

A noter qu’un volume couleur est prévu le 27 janvier prochain chez Dargaud, sous le nom de « Jeanne ».
Est-ce que les renards voient en noir et blanc, et les petits filles en couleurs ?


Le pays des grands oiseaux
- Série : Pistouvi
- Scénario : Merwan
- Dessin : Bertrand Gatignol
- Éditeur : Dargaud
- Dépôt légal : 7 octobre 2011
- Format : 215 x 155 mm
- Pagination : 192 pages noir et blanc
- Numéro ISBN : 978-2-205-06450-6
- Prix public : 12,95 €


Illustrations © Merwan, Betrand Gatignol et Dargaud (2011)



Charline Voinot
8 janvier 2012




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