Richard Comballot nous a plus habitué à figurer dans les pages de « Bifrost » que de « Galaxies ». En l’occurrence, c’est lui le maître d’œuvre de ce dossier. À travers plus de 20 pages de questions, il nous permet de mieux cerner Ugo Bellagamba. L’entretien est bien orchestré, agréable à lire et figure au rang des grands moments de « Galaxies Nouvelle Série ».
Après une bibliographie, nous est présenté “En remontant l’horloge parfaite de l’utopie…”, texte de la conférence “Temps et Utopie en Occident” prononcée à l’université de Lausanne le 29 avril 2010. Sur un sujet qui de prime abord peut sembler aride mais instructif, il tire un article prenant, pas rébarbatif pour un sou. Il se sert notamment de quelques unes de ses œuvres pour l’illustrer : « La Cité du Soleil » et « Tancrède », ce qui accroît donc la découverte de ses créations.
“Journal d’un poliorcète repenti” nous donne un éclairage original sur les derniers évènements qui ont secoué le monde. Une caste d’hommes modifiés et éduqués pour être des manipulateurs, les Vaubans, du nom du Maréchal, influe le cours de la vie sur Terre. La raison de celui qui paye doit-elle prévaloir sur toute autre considération ? Un cas de conscience qui taraude notre poliorcète.
Une nouvelle qui ne nous fera que regretter davantage la rareté des parutions d’Ugo Bellagamba qui a toujours des choses à dire et à faire partager.
Ce « Galaxies » s’ouvre par trois textes.
Honneur au lauréat du premier Prix Alain Le Bussy, anciennement le Prix Infini : Eric Nieudan. L’auteur a beaucoup travaillé la forme, peut-être au détriment du fond, car “Les octets de ma vie” m’a laissé une impression de confusion et un peu plus de deux semaines après lecture, je suis bien en peine d’en raconter la trame. À mon sens, elle mérite tout de même d’y revenir.
Tom Barlow a écrit une histoire beaucoup plus facile. La Lune est devenue un paradis pour les vieillards qui cherchent à tromper le temps. “Lune de miel à la porte du paradis” ne recèle guère de surprises, la fin en est prévisible. On ne s’y ennuie pas, mais on n’en est pas loin.
“Points de rupture” de Jean-Pierre Fontana s’avère d’une autre tenue. Quand il n’y a plus de boulots, certains acceptent n’importe quelles clauses abusives pour en avoir un. Ils ferment les yeux, trop contents de disposer d’un contrat. Le personnage découvrira dans la douleur son erreur. Jean-Pierre Fontana force le trait de notre société actuelle (chômage, insécurité, télé réalité…), ce qui ne rend son texte que plus fort. De la SF à court terme, flirtant avec l’horreur. Bien vu !
Ce trimestre, Laurent Queyssi ausculte “Le coffre-fort” de Greg Egan. Au passage, il évoque le mystère entourant cet écrivain majeur de la SF. Qui est-il vraiment, lui qui place l’humain au cœur de ses écrits ? Bel article comme tous ceux d’“Éclats”.
“Lettre de l’Inde” d’Arvind Mishra aborde brièvement la littérature de l’imaginaire dans son pays. Court mais intéressant.
Denis Labbé met en avant Gossouin de Metz et son « Image du Monde » (1245) qui ont inspiré Lovecraft. Vraiment étonnant ! C’est le genre de papier que l’on se plaît à découvrir.
Dans “Le Coin du Bouquineur”, Philippe Ethuin nous parle de « La Planète des Cocus ». À mon avis, les lecteurs de « Galaxies » ne sortiront pas grandis de la connaissance de ce roman d’André Helena.
Tout aussi dispensable s’avère “Le feuilleton” d’Hugo van Gaert. Cela ressemble fort à du remplissage. Ce qui est bon dans un blog ou un site Internet (cf : les carnets SF) n’a pas sa place ici.
“Les notes de lecture” terminent ce « Galaxies n°14 » dominé de la tête et des épaules par Ugo Bellagamba. Rien que pour ce dossier, l’acquérir vaut le coup.
Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 14 (56 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Daniel Dociu
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretien, etc.
Site Internet : le site de la revue
Période : automne 2011
Dépôt légal : octobre 2011
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€
