A son réveil, c’est une vision angélique d’une belle jeune femme qui accueille Sei. Mais très rapidement, il va découvrir que tous ceux qui l’entourent sont suicidaires et se retrouvent sur ce port, abandonnés sur cette île. Et déjà certains en profitent pour se rejeter du haut de la falaise longeant le port. Pourtant, certains décident de survivre à cette épreuve. Très vite, deux meneurs vont sortir du lot : d’abord Ryo qui semble si sûr de lui, loin des déprimés autour de lui, et puis Kai, un ancien camarade de Sei, totalement désillusionné par la vie et qui survit plus par instinct. Deux caractères qui vont s’unir pour sauver un petit groupe de la soif mais surtout de l’envie de se tuer. Toutefois, une grande différence va opposer les deux garçons : Ryo reste attaché à certaines valeurs comme la justice, tandis que Kai est partisan du ni dieu ni maître.
Aborder le thème du suicide chez les adolescents peut être extrêmement casse-gueule car la tentation de tomber dans des poncifs et des lieux communs sur le contexte social des suicidaires, leur rejet par la société est toujours très forte. Toutefois, Kouji Mori parvient à contourner le problème en plaçant ses personnages dans un contexte qui leur est totalement étranger. D’ailleurs, ce premier tome va nous présenter ceux que nous allons accompagner dans leur nouvelle vie sans vraiment savoir ce qui les a poussé au suicide.
Le concept de l’île est d’abord et avant tout l’aveu de l’échec d’une société à sauver sa jeunesse de la dépression et du suicide. C’est d’abord une critique virulente du système japonais qui ne trouve comme solution pour soigner ce mal du siècle que se débarrasser purement et simplement des victimes de ce mal. Certes, nous découvrons que ces jeunes ne sont pas tout à fait abandonnés car l’île recèle divers outils et éléments leur permettant de survivre.
Ce sera donc une histoire de rédemption, de redécouverte de la vie pour les personnages de Kouji Mori, et ils devront résister à la tentation, celle de se laisser envahir par un spleen menant à une mort inéluctable. Oui, ce titre est un survival, mais une survie pour se reconstruire et dans un premier temps reconstruire une forme de société avec toutefois deux visions : l’humanisme où chacun s’entraide, incarné par Ryo, et le libéralisme sauvage où chacun doit s’occuper de lui en s’intégrant comme il peut, incarné par Kai. Avec toujours le risque de voir les instincts animaux reprendre le dessus, comme durant la scène d’orgie et de viol lors de la première nuit sur l’ile.
Ce qui fait aussi la réussite de ce manga, c’est la qualité du dessin, car les expressions des visages sont un élément crucial de l’atmosphère, un peu claustrophobique, créé par Kouji Mori. Là aussi, le risque de tomber dans la caricature des suicidaires était grand, mais de même, nous allons avoir une palette très variée, avec toujours un certain secret sur les causes des tentatives de suicide des personnages.
« Suicide Island » aborde très intelligemment le thème compliqué du suicide chez les adolescents, mais le résultat est très intéressant et surtout loin des lieux communs.
Suicide Island (T1)
Auteur : Kouji Mori
Traducteur : Frédéric Malet
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208 pages
Date de parution : 17 novembre 2011
Numéro ISBN : 978-2-82030-235-9
Prix : 7,50 €
JISATSUTOU © 2009 by Kouji MORI / Hakusensha, Inc.
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