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Hotel
Boichi
Glénat Manga

Louis est le directeur du plus grand hôtel existant sur terre. Le seul problème, c’est que cet hôtel est aussi le dernier. Louis a vu les hommes détruire leur planète à force de ne pas se méfier du réchauffement climatique, de la montée des eaux et de l’évaporation de tous les océans. Conscient que l’humanité allait à sa perte, les humains créèrent deux ouvrages qui seraient leur testament, leur ultime réserve d’ADN. Tout d’abord une navette spatiale, destinée à trouver une espèce intelligente qui pourrait exploiter son contenu. Et ensuite cet hôtel gigantesque, qui dépassait les nuages. Louis fut chargé de diriger ce dernier, au-delà de la survie de l’espèce humaine, en le munissant de moyens pour réparer l’hôtel et se réparer lui-même. Ah, oui, j’oubliais, le dernier héritier de l’espèce humaine n’est autre qu’un ordinateur d’une grande intelligence.



Quand le père de Jun Shiozaki décide de lui faire goûter un sushi au thon rouge, le garçon ne comprend pas bien alors qu’en une bouchée, il va dévorer le dernier thon rouge de la planète. Mais cet événement va tellement traumatiser Jun, que ce dernier va tout faire pour repeupler les océans de ce met délicieux. Seulement, le destin et une incroyable malchance semblent l’en empêcher, encore et encore. Toutefois, dans sa quête biogénétique, le jeune scientifique va parvenir à trouver des solutions écologiques pour sauver la planète d’un terrible réchauffement climatique. Entre les techniques de production électrique à partir des excréments, la création d’un être biologique dévoreur de dioxyde de carbone, la terre devient redevable envers cet homme, éternel frustré de ne pouvoir goûter à nouveau du thon rouge.

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Les habitués des chroniques mangas connaissent ma grande admiration pour Boichi, ce mangaka hors du commun. Découvert grâce à la série « Sun Ken Rock », ce dernier n’a cessé de me surprendre et de m’impressionner. Du monde de la mafia coréenne à un super-chef de l’espace, Boichi est un génie du crayon mais aussi un scénariste très imaginatif. Toutefois, rien ne me préparait au contenu de ce one shot : « Hotel ».

Le thème général de ces nouvelles est la fin du monde par le réchauffement climatique. Et le mangaka va nous proposer quelques variantes sur le même thème. Il va jouer sur beaucoup de sentiments, parfois ironique, parfois très tendre, parfois très sérieux. Un sérieux extrême par exemple dans la première nouvelle qui donna son nom à ce one shot : « Hotel ». Le mangaka nous y raconte l’extinction de l’humanité par l’intermédiaire de la dernière créature vivante sur terre : une intelligence artificielle. Toutefois, les thèses scientifiques qu’il énumère sont malheureusement loin d’être aberrantes. Sortant totalement de son mode narratif habituel et de son dessin, il montre une autre facette de son talent : celui du dramaturge.

Et il va rester sur un ton très sérieux, rempli d’énormément d’émotions avec l’histoire de la résurrection d’une femme dans « Présent ». J’avoue n’avoir pas vu venir la chute et Boichi m’a bien eu. Ici, il nous rappelle quel grand dessinateur il est mais aussi qu’il peut nous émouvoir comme personne.

Par contre la nouvelle sur la fin des thons rouges, « Rien que pour les thons », est emblématique de ce style savoureux que l’on retrouve dans ses mangas. Sous une approche écologique magnifiquement détournée, Boichi évoque ce péché mignon qui met le Japon au banc des nations par les associations de protection de la nature : la pêche au thon rouge. Mais Boichi va nous amener le désir de rédemption de son peuple, non pas par amour de ce poisson, mais celui du gout de sa chair ! Et à travers cette quête en réalité politiquement totalement incorrecte, Boichi nous fait une démonstration que ce ne sont pas toujours les meilleures intensions du monde qui permettent de sauver l’humanité. Cette nouvelle vient en total contre-pied de la nouvelle « Hotel », car quelque part, le mangaka se moque de bien de tout le ponde, à la fois des pro et des anti pêche au thon rouge. Une nouvelle savoureusement sarcastique, à déguster avec d’excellents sushis... au thon rouge par pur provocation.

Les nouvelles qui closent ce one shot sont complètement déjantées, entre la parodie des super-héros nippons et une version très personnelle de l’Apocalypse selon Saint Jean par Boichi, une petit bijou qui démontre vraiment que rien n’arrête ce mangaka délicieusement fou.

Oui, Boichi fait partie de ces mangakas qui m’auront marqué aussi bien par un dessin d’une grande pureté et extrêmement détaillé, mais aussi par ses scénarios pouvant jouer sur une énorme gamme de sensations chez le lecteur. Un nouveau cinq étoiles que cet « Hotel » !


Hotel
- Auteur : Boichi
- Traducteur : Hiroe Sasaki
- Éditeur français : Glénat Manga
- Format : 128 x 188, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination : 178 pages
- Date de parution : 19 octobre 2011
- Numéro ISBN : 978-2-7234-8145-8
- Prix : 10,55 €


© Edition Glénat - Tous droits réservés



Frédéric Leray
9 novembre 2011




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