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Stalingrad Kronika (T1)
Bourgeron & Ricard
Dupuis

Cette plongée dans l’enfer de la seconde guerre mondiale pourrait ironiquement s’intituler « Choses vues ». Ou mieux encore « Choses montrées », avec cette chronique de la piteuse incursion d’une petite équipe paramilitaire, chargée, sur ordre paraît-il de Staline en personne, de concevoir, à partir des images des combats acharnés dans Stalingrad en ruines, un hymne à la gloire du Peuple et du Parti...



Pour ne rien arranger, la responsabilité des prises de vues n’est pas confiée à un cinéaste de la trempe d’Eisenstein (dont la fidélité idéologique n’est d’ailleurs pas pleinement garantie) ni d’un Dziga Vertov (qu’on nous dit accaparé par d’autres obligations), mais à ce pâle Jaroslav qui boit plus que de raison pour tenter d’oublier sa peur panique des combats qui l’entourent, et a pour seul talent celui de bénéficier du soutien de son oncle, l’apparatchik Vichinsky.

Et pour définitivement mettre à mal la cohésion du groupe, Jarioslav découvrira bientôt qu’en fait partie un ex-directeur du Centre cinématographique soviétique, qui du temps de sa puissance, a toujours eu soin d’entraver l’hypothétique carrière du pleutre de service. Ambiance au zénith, donc, tandis que le Camarade Commissaire dirigeant la mission tente vaille que vaille de recoller les morceaux et de faire avancer le tournage sur fond de fusillades et de bombardements, avec l’omniprésente vodka pour faire taire ses démons et occulter l’horreur.

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A partir de cet argument complexe, qui entremêle fresque historique et conflits personnels, Ricard a conçu un scénario paradoxalement limpide, que Bourgeron met magistralement en images. Avec une grande maturité, où les rappels épisodiques de Hugo Pratt et de Gus Bofa sont plus des signes de complicité esthétique que des influences. Avec des solutions graphiques d’une belle efficacité pour rendre les mouvements des corps, l’éblouissement des explosions et les phosphorescences de la neige envahie par la nuit. Avec aussi, dans chaque dialogue et chaque confrontation, une attention extrême à la vérité des sentiments humains.

Un album parfaitement maîtrisé, dès lors, à la réussite duquel il importe d’associer la coloriste Claire Champion. Un album dont on attend la suite avec confiance et en se disant qu’il ne serait pas incongru de faire appel à ces deux auteurs aussi sensibles que solides, Sylvain Ricard et Franck Bourgeron, si l’envie prenait un éditeur de transposer en bande dessinée la trilogie allemande de Louis-Ferdinand Céline...


Stalingrad Kronika (T1)
- Scénario : Sylvain Ricard
- Dessins : Franck Bourgeron
- Couleurs : Claire Champion
- Editeur : Dupuis
- Collection : Aire Libre
- Parution : 19 août 2011
- Pagination : 72 pages couleurs
- Format : 21,5 x 29,5 cm
- Numéro ISBN : 978-2-8001-4970-7
- Prix public : 16,95 €


Illustrations © Dupuis et les auteurs (2011)



Alain Dartevelle
13 novembre 2011




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