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Guerre des Boutons (La)
Philippe Thirault, Aude Soleihac et Isabelle Merlet
Delcourt

Le mois d’octobre a commencé, la saison des moissons est terminée. Dans le village de Longeverne, les enfants quittent les champs pour rejoindre l’école : c’est la rentrée des classes. Seulement, les frères Gibus ont été victimes d’une attaque surprise des enfants du village de Velran. Alliant jet de pierres et insultes, les ennemis des Longevernes ont, cette fois, poussé le bouchon un peu trop loin. Hé oui, ils ont osé les traiter de « couilles molles » ! Cette infâme vilénie ne restera pas impunie ! La guerre est déclarée !



Mais pour déclarer la guerre, encore faut-il une véritable déclaration, en bonne et due forme. Une opération furtive s’organise donc, à laquelle participeront Camus, Tintin, le petit Gibus, La Crique, et le Général Lebrac. Le soir même, la troupe de choc fait le mur jusqu’au village des Velrans. Avec des craies chipées au maître d’école, ils inscrivent leur proclamation belliqueuse sur le mur de l’école : « Tous les Velrans sont des peigne-culs ». Heureusement, c’est Tintin qui s’est chargé de l’inscription. Après tout, c’est le plus intelligent du groupe.

Évidemment la déclaration fait mouche et les enfants des deux villages se retrouvent pour la première grande bataille de cette nouvelle année scolaire. Les Longevernes et les Velrans, menés par l’Aztec Des Gués et son lieutenant Migue La Lune, s’affrontent donc après l’école. Les perdants sont détroussés de leurs boutons, recevant, en plus des coups de la bataille, une véritable dérouillée de leurs parents pour avoir abîmé leurs vêtements et perdu leurs boutons.

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Cette année, « Guerre des Boutons » rime avec guerre du cinéma, mais aussi des BD ! Mais pourquoi tant de haine ? Rafraichissons-nous la mémoire.
En 1912 paraît le roman « La Guerre des boutons, roman de ma douzième année », de Louis Pergaud (qui mourra au combat en 1915). En 2010, l’œuvre est tombée dans le domaine public. C’est ainsi que toute une ribambelle d’adaptations a pu voir le jour, libre des ayants droit du roman source !
Mais revenons-en à nos moutons : les bande-dessinées. Après les éditions Petit à Petit, qui ont publié une série en 4 tomes sur le sujet (dont le premier volume est paru en 2005 et le dernier en 2010), Dargaud (en 2 volumes) et Delcourt (en one-shot) s’y sont mis à leur tour. Et c’est la publication de chez Delcourt qui nous intéresse aujourd’hui.

Scénarisée par Philippe Thirault, cette adaptation en un volume simple se veut très fidèle au roman de Louis Pergaud, comme le sont toutes les parutions de la collection Ex-Libris, consacrée uniquement à la transposition des grands classiques de la littérature nationale et internationale. Avec « Le père Goriot », adaptation de « La Comédie humaine » de Balzac, Philippe Thirault avait déjà eu l’occasion de s’essayer à l’adaptation d’œuvres littéraires en BD. Mais l’auteur, romancier avant d’être scénariste de BD, n’en était pas à son coup d’essai en matière de nouvelle graphique (entre autres les séries « Miss », « La Meute de l’Enfer », « Mandalay », « Mille Visages » ou plus récemment « La Mano »).

Il n’était pas chose facile de faire tenir un roman en seulement 46 planches, mais c’est chose réussie. Seulement, qui dit adaptation en moins de 50 pages, dit impasse sur certaines parties de l’œuvre originale. Dans cette édition, si on retrouve l’enseignement civique à la Jules Ferry, l’illustration du conflit Église / mouvement anticlérical de l’époque est absent. De même, on ne sent pas vraiment la transformation de l’esprit enfantin et innocent en jeu sinistre, quand imaginaire et réalité commencent à s’entremêler, avec la première Grande Guerre se profilant à l’horizon. Néanmoins, la bande dessinée n’en reste pas moins agréable à lire.
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Côté dessin, c’est Aude Soleihac qui s’y colle (« Le Tour du monde en 80 jours »). Son trait simple et plein, associé à une colorisation façon « dessin animé » d’Isabelle Merlet, renforce le point de vue des enfants. On perd par contre le côté un peu campagnard de l’œuvre originale par ce dessin propre et bien délimité et ses couleurs unies, dont les séparations sont nettement marquées.

Les planches s’enchaînent agréablement, où les scènes de bataille s’achèvent sur le poteau d’exécution, où les vaincus sont dépouillés de leurs boutons. S’en suit généralement une deuxième « exécution » pour les perdants lors de leur retour chez eux, où une torgnole de tous les diables les attend !
Le lecteur se laisse ainsi facilement porter au fil des pages, jusqu’à la conclusion parlante de vérité du Général Lebrac et de ses camarades : « C’est pas toujours un cadeau, d’avoir des pères et des mères ! Dire que quand on sera grands, on sera peut-être aussi bête qu’eux... ».

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Cette adaptation de « La Guerre des Boutons » de chez Delcourt, en un volume simple, nous permet de retrouver (ou de découvrir) un grand classique de la littérature française, ayant déjà eu droit à son lot d’adaptations, aussi bien cinématographiques, que théâtrales ou dessinées.
Mais il est toujours agréable de déguster le vocabulaire ingénument ordurier des enfants, dont les répliques sont aussi cinglantes que les coups de bâtons.

Une bonne adaptation donc qui, sans pour autant se démarquer des production du moment sur le même sujet, se laisse lire sans déplaisir.


La Guerre des Boutons
- Scénario : Philippe Thirault
- Dessin : Aude Soleihac
- Couleurs : Isabelle Merlet
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Ex-Libris
- Dépôt légal : 21 septembre 2011
- Format : 226 x 298 mm
- Pagination : 48 pages
- Prix : 10,50 €
- ISBN : 978-2-7560-2781-4


Illustrations & BD © Philippe Thirault, Aude Soleihac, Isabelle Merlet et Delcourt (2011)



Charline Voinot
30 novembre 2011




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