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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Christophe Lambert & Sam VanSteen : duo du virtuel
Une interview Yozone
Septembre 2011

Christophe Lambert est une signature désormais bien connue de la littérature jeunesse où il évolue depuis près de quinze ans maintenant, mais aussi de celle des adultes où il a commis d’excellentes uchronies où l’action se mêle à l’émotion avec une vision en cinémascope.

Sam Vansteen s’est jointe à lui pour écrire un récit de science-fiction où le thriller a la part belle.

Ils nous parlent tous les deux de ce travail si particulier qu’est l’écriture à quatre mains.




Christophe Lambert sur LA YOZONE  :
- « La fille de mes rêves »
- « La loi du plus beau »
- « Le commando des immortels »
- « Infaillible ? »
- « La Brèche »
- « Rio Diablo »
- « Le dos au mur »
- « Vegas Mytho »
- « Black Cristal – T1 »


Bonjour à vous. Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Sam VanSteen (SVS)  : J’ai écrit mon premier roman policier à 18 ans puis après mes études de Lettres j’ai intégré la chaîne de télévision Canal J où j’ai fait mes gammes de journaliste, présentatrice, chroniqueuse et réalisatrice de reportages. J’ai ensuite rejoint la chaîne Equidia pour laquelle j’ai réalisé des documentaires. Entretemps, mon roman « Le Méli Mélo d’Alma et Léo » et « Le Guide des Tribus » ont été publiés aux Portes du Monde. Je suis revenue au polar il y a quelques années et je dois dire que cela m’avait manqué. Je crois que c’est mon genre de prédilection finalement. Je suis également comédienne et j’attends la sortie de « Maelstrom », film tourné avec Rob Nilsson ici à San Francisco. L’écriture est dans tout ce que je fais. Elle n’utilise pas les même voies ni les mêmes techniques mais elle est à chaque fois présente. Je travaille depuis longtemps sur la personne de Zelda Fitzgerald, la femme de Scott, j’ignore encore si ce travail se fera sous forme de livre ou de documentaire voire de scénario de fiction, ce vers quoi je tends.
Sinon je suis la maman de Amy, 5 ans bientôt. Et nous habitons avec ma famille dans la Bay de San Francisco.
Christophe Lambert (CL)  : 42 ans. Écrivain jeunesse et adulte depuis 15 ans. J’habite dans la région parisienne avec mes deux filles et un chat en garde alternée.

Comment vous êtes-vous retrouvés sur un projet à quatre mains comme celui-ci ?

SVS  : Christophe a lu « Mémoire Vive », mon très noir roman policier écrit il y a 4 ans. C’est suite à cette lecture qu’il s’est dit qu’on se compléterait à merveille sur le projet de « La Fille de mes Rêves » qui est le sien à l’origine. Il adore l’écriture d’action ; moi non. Il est spécialiste en science fiction et anticipation ; moi non. J’ai appris beaucoup à son contact et surtout je voulais écrire tout ce qui le barbait et inversement. J’aime le psychologique et les interactions entre caractères, j’aime l’intimiste. Christophe est un cinéaste dans l’âme et quand vous lisez l’une de ses scènes d’actions vous êtes au cinéma et au grand angle ! La trame c’était lui, les ados c’est lui bien sur, la dreambox c’est tout lui aussi, moi j’ai pris plaisir à injecter Mélanie et la partie policier. On s’est beaucoup amusé et cette écriture à quatre mains s’est faite de manière très fluide.
CL  : Je confirme. Je n’avais aucune envie de m’occuper des autopsies et autres scènes du crime type « Les experts ». Sam a fait ça très bien.

Pourquoi avoir abordé le monde des rencontres virtuelles ?

SVS  : Je laisse Christophe répondre. Tout le projet était en place dans sa tête quand il est venu me chercher.
CL  : Le mécanisme est le même que dans « La loi du plus beau », par exemple (qui parlait de la dictature de la beauté) : vous prenez un fait de société (ici, les réseaux sociaux) qu’il faut ensuite « booster » en le projetant quelques années dans le futur et en grossissant le trait. C’est une manière décalée et ludique d’aborder les sujets brûlants d’aujourd’hui.

Le côté alterné donne un aspect thriller très marqué et gomme l’aspect SF. Etait-ce voulu ?

SVS  : Idem. Je dirais juste que le sujet en lui-même est très proche déjà de notre réalité actuelle. Evidemment la dreambox est sci-fi mais tous les thèmes proposés ici sont déjà de l’ordre de l’actualité plus ou moins. Les rencontres virtuelles sont un vrai phénomène de société. C’est sans doute pour ça que ça fait actuel plus sci-fi… C’est ici mon point de vue personnel.
CL  : La partie polar était nettement moins présente dans mon synopsis original : elle n’intervenait qu’à la moitié du roman. Sam a introduit beaucoup plus tôt les personnages des flics jumeaux et je suis finalement très content de ce montage alterné qui n’était pas prévu au départ.

Vous êtes-vous attribués des parties ou des personnages en particulier ?

SVS  : Oui, Mélanie, les flics Elias et Igor, Selma.
CL  : Je me suis surtout concentré sur la partie comédie romantique Kamel/Lara/Tina avec quelques incursions dans la partie « polar » dès qu’il y avait de l’action : la nuit cauchemardesque de Mélanie, la poursuite sur le périph’, le règlement de comptes final…

Comment avez-vous travaillé pour rendre l’ensemble cohérent à la fin ?

SVS  : On a vraiment travaillé en accord tout le long mais il était prévu dès le départ que Christophe repasse dessus afin de lisser selon son style, ce qui est logique étant donné qu’il s’agit de son histoire a l’origine. Cela dit, même là-dessus il a été très ouvert et on a souvent fait du ping-pong très instructif et productif.
CL  : Beaucoup d’allers et retours, de dialogue entre nous. Aucune tension. C’était très décontracté et agréable.

Avez-vous d’autres projets en commun ?

SVS  : J’aimerais beaucoup retravailler avec Christophe. Il faut juste que ce soit le projet qui s’y prête. Cette expérience a été tellement positive qu’il ne faudrait pas qu’on se plante en voulant la recommencer. Il faut tout réinventer, même la collaboration, sinon cela n’a d’intérêt pour personne et surtout pas le lecteur, enfin c’est mon opinion.
CL  : L’envie est là. Il ne reste plus qu’à trouver le bon projet au bon moment.

Que pensez-vous de la place de la SF littéraire actuellement en France ?

SVS  : Je ne suis pas suffisamment bien placée pour en parler. Place au spécialiste !
CL  : Il y a quinze ans, sur les présentoirs, les sorciers volaient la vedette aux vaisseaux spatiaux et autres robots. Puis il y a eu les dragons. Nous sommes actuellement dans la phase « vampires » (qui s’essouffle un peu, il me semble). Je ne sais pas quelle sera la prochaine. J’ai l’impression que la SF se vend bien… hors des collections SF : Dantec, Werber, Houellebecq, le dernier Murakami...

Où aimez-vous travailler ?

SVS  : Dans mon lit. Cela dit, cela devient une denrée rare et un luxe. Donc finalement j’écris partout et tout le temps.
CL  : Chez moi, au calme (super original, hein ?)…

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

SVS  : J’aimerais mais la pluralité de mes activités fait que je n’ai malheureusement pas de rituel. Donc j’écris des que je peux. Mais ces derniers temps je laisse beaucoup plus de place à la recherche et la maturation. Je suis devenue plus sélective et critique avec mes propres idées.
CL  : Plus je vieillis, plus je prends des notes. La phase de maturation est très importante chez moi aussi. Cela permet de faire le tri entre les projets qui vous tiennent vraiment à cœur et les autres. Je me régale ensuite à « organiser mes rêveries » durant la phase « structure ». L’écriture à proprement parler vient ensuite. C’est plus laborieux. Il y a des jours avec et des jours sans…

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

SVS  : J’adore mon Macbook. Je l’ai depuis 5 ans maintenant, il est vieux ! C’est mon troisième bras. C’est aussi mon facteur qui m’apporte les nouvelles de mes amis. Il me relie à la France et au monde, il ne m’a jamais laissée tomber, je l’adore !
CL  : Je prends des notes sur papier et je rédige sur clavier.

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

SVS  : Non pas vraiment, chaque livre est une expérience nouvelle. Cela dit, quand je sais que j’écris les mots de la fin, j’ai un énorme pincement au cœur. C’est une sensation étrange de grand vertige, à la fois de joie, mais aussi de tristesse.
CL  : Le mot fin tapé, je fume une cigarette, j’ouvre une bouteille de champagne, puis je me fais kidnapper par une cinglée qui élève des porcs et me dit « Je suis votre fan n°1  ». Je fais ça à chaque fois ; c’est mon petit rituel à moi.

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

SVS  : Ecrire.
CL  : Et lire.

Quel est votre futur éditorial ?

SVS  : Je viens de finir un récit retraçant notre parcours pour immigrer sur le sol américain avec mon mari et ma fille. Un processus qui ne fut pas d’une simplicité et d’une facilité évidents. J’ignore si j’en ferai quelque chose ou non. Sans doute un jour mais là, je sens que je ne suis pas prête. L’expérience est encore trop présente. Il y a Zelda Fitzgerald qui me hante et je sais que je dois avancer sur ce projet. Sinon, plus concrètement j’ai repéré un sujet qui allierait bien la science-fiction et le polar…
CL  : « Titanic 2012 » ressort chez Gründ l’année prochaine. Mon manuscrit « Swing à Berlin » (roman jeunesse sur le jazz et les nazis) se balade entre trois éditeurs potentiels. Je viens de finir une histoire de SF jeunesse intitulée « Young Pygmalion ». Un Mini-Soon, « Papa, maman, mon clone et moi », est prévu chez Syros l’année prochaine. J’ai repris mon uchronie adulte ayant pour cadre Cuba, projet que j’avais laissé tomber au printemps dernier. J’ai également quelques novélisations (Rahan, Cartouche…) sur le feu. Bref, je ne chôme pas.

Merci Sam, merci Christophe.


Michael Espinosa
24 septembre 2011


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