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Trilogie de la Lune (La)
Johan Heliot (préface Etienne Barillier)
Mnémos, Trilogie, romans (France), SF - Uchronie - Steampunk, 603 pages, avril 2011, 25€

La Trilogie de la Lune regroupe les trois romans de Johan Heliot consacrés à cette vaste entreprise.
Débutée sous la bannière du steampunk en 1889, l’aventure se poursuit dans les années trente, puis dans les années cinquante, en explorant d’autres imaginaires qui tiennent tout autant de l’uchronie que du clin d’œil littéraire.

À chaque fois, Johan Heliot convoque une multitude de références littéraires et historiques qui sans jamais noyer le lecteur servent avant tout des intrigues parfois un rien surréalistes.

Une réédition intégrale en un seul volume, augmentée d’une intéressante préface de Étienne Barillier, le tout présenté avec une couverture à la Hetzel, propulse cet ouvrage tout en haut de votre liste d’achats prioritaires.



Cette intégrale, pilotée par Charlotte Volper des éditions Mnémos, propose les trois volumes qui constituent un des très rares (bons) cycles SF de la scène littéraire française de ce début de XXIe siècle : « La Lune seule le sait » (premier roman de Johan Heliot et coup de maître original et réussi), « La Lune n’est pas pour nous » (rigolo, mais un tantinet touffu), « La Lune vous salue bien » (qui frôle l’exercice de style jubilatoire).

Le premier opus est une vraie balade en uchronie SF et steampunk, située sous un Napoléon III qui aurait massacré la Commune. Bon, évidemment, rien n’est jamais simple et Jules Verne, Victor Hugo, Louise Michel et bien d’autres préparent la revanche !
En plus d’être sympathique et de remettre sous les yeux des plus jeunes les véritables idéaux anarchistes, ce bouquin se lit avec une belle facilité et un grand plaisir.
Pour son premier roman (2000), Johan Heliot balançait un vrai pavé dans la mare littéraire SF et hissait haut le drapeau noir de nos héros. Chapeau bas, par conséquent.

Cinq ans plus tard, Johan Heliot remettait ça avec un récit dont l’action se situe à l’époque de notre entre-deux-guerres. Ce qui dans son uchronie correspond peu ou prou à une séquence historique où le régime nazi vient de créer la grande Germania et domine l’Europe (ou ce qu’il en reste).
Si l’écriture change en partant à la recherche du style d’un Léo Malet (un des principaux personnages de l’intrigue), ce roman peut s’avérer un tantinet discutable dans son dernier tiers et sur quelques longueurs, les péripéties s’enchaînant et se multipliant au point que l’on n’est plus vraiment certain de tout comprendre. Qu’importe, la verve de Johan Heliot emporte quand même le morceau dans un tourbillon d’humour ravageur.

Succès oblige (on suppose) et plaisir d’écrire toujours présent, les années cinquante sont la cible du dernier volume de cette trilogie. Était-il vraiment nécessaire d’en remettre une couche est une question légitime que l’on peut se poser. À force de distordre l’histoire dans tous les sens, d’additionner les personnages célèbres à toutes les sauces, on peut saturer.
Croiser Edwin Rommel (le fameux « renard du désert ») en pacifiste à éliminer, ou J. F. Kennedy, Elvis Presley, Timothy Leary et William Burroughs (et bien d’autres) dans des rôles incongrus peut surprendre. Uchronie écrite à la façon d’un roman d’espionnage populaire à la sauce années cinquante, « La Lune vous salue bien » bénéficie également d’un rythme échevelé.
À ce stade de l’interrogation, deux écoles de lecteurs s’affrontent : ceux qui voulaient leur dose de « Lune » et ceux qui pensaient que le principe de l’exercice de style devenait trop prépondérant par rapport à la construction d’une intrigue sérieuse (mais doit-on vraiment considérer « La Trilogie de la Lune » comme quelque chose dont le sujet serait fondamentalement sérieux au détriment de ces éléments distrayants ?).

Dans le registre des petits détails, il nous semble que « La Lune seule le sait » fait la part belle aux grands écrivains et s’établit sur des fondations littéraires et politiques classiques, que « La Lune n’est pas pour nous » utilise le cinéma et nombre d’acteurs français emblématiques et que « La Lune vous salue bien » met au premier plan les écrivains de l’Âge d’Or de la SF en compagnie d’un Boris Vian en mode super espion.

Dans les trois romans, de sérieuses connaissances historiques, politiques et culturelles ne sont pas de trop -même si elles ne sont pas obligatoires. Le plaisir de partir à l’abordage de grandes aventures un peu loufoques étant un puissant moteur de lecture.

Certains fans remarqueront sans doute que Mnémos aurait pu intégrer quelques nouvelles uchroniques de Johan Heliot parues dans Bifrost et ailleurs dans cette édition intégrale, même si leur absence n’est pas en soi un crime de lèse-majesté, tant ces textes n’ont pas obligatoirement des liens véritables avec la thématique centrale de la trilogie (la Lune, répétons-le).

Un bon point à signaler tient à la préface d’Étienne Barillier, ancien de SF Mag, de la Yozone (ben oui) et directeur du « Steampunk ! L’Esthétique rétro-futur » chez Les moutons électriques.
Où comment présenter un sujet et un écrivain en quelques pages sans virer à l’étude universitaire pédante ou à la vaine démonstration de force intellectuelle. Simple, efficace, sérieux et humble, voilà bien le genre de préface qui sied à nos yeux.

Cette édition intégrale de « La Trilogie de la Lune » de Johan Heliot mérite donc les félicitations du critique qui espère que le succès antérieur des éditions courantes (moyen format chez Mnémos et deux tomes en poche chez Folio SF) n’aura pas épuisé le réservoir des lecteurs potentiels.


Titre : La Trilogie de la Lune (romans, 2000, 2005 et 2007)
Auteur : Johan Heliot
Romans : La Lune seule le sait (T1), La Lune n’est pas pour nous (T2), La Lune vous salue bien (T3)
Préface : Étienne Barillier
Couverture : Ammo (illustration) & Agence Octobre rouge (graphisme)
Éditeur : Mnémos
Distribution : Harmonia Mundi
Site Internet : fiche recueil (site éditeur)
Pages : 603
Format (en cm) : 15,4 x 4,6 x 23,5
Parution : mai 2011
ISBN : 978-2-35408-114-0
Prix : 25 €



EN SAVOIR PLUS SUR JOHAN HELIOT AVEC LA YOZONE

Interview exclusive Yozone/Johan Heliot
Interview de Johan Heliot, auteur de « Les Fils de l’Air »
Le club Van Helsing (présentation des quatre premiers roman de la série du Club Van Helsing aux éditions Baleine)
Yo Interview en mode-short : Johan Heliot (Utopiales 2006)
Ados sous Contrôle (critique roman « Jeunesse » chez Mango)
Faerie Thriller (critique roman chez Mnémos)
Le Bouclier du Temps : Sachem America et Le Messager de l’Olympe (critiques romans, œuvres co-écrites avec Xavier Mauméjean)
Samouraï City (Le Bouclier du Temps T4)
Ploum ! Ploum ! Tralala ! Anarchie vaincra ! (Délices et Daubes, n°61 par Henri Bademoude)
Je n’irai pas cracher sur vos tombes (Délices et Daubes, n°62 par Henri Bademoude)
La Lune Seule le Sait (critique, nouvelle édition Mnémos)
La Lune n’Est Pas Pour Nous (critique, éditions Mnémos)
La Lune n’Est Pas Pour Nous (critique, Gallimard Folio SF)
La Lune vous Salue Bien (double critique, éditions Mnémos)
Terre de tempêtes
Les Fantômes du Cyberspace (critique)
Ordre Noir (critique)
Steppe Rouge (critique)
Question de mort (critique)
Secret ADN (critique)
Etc.

Récompenses Littéraires

Grand Prix de l’Imaginaire 2007 : catégorie roman pour « Bloodsilver ».
Prix Bob Morane 2005 : catégorie roman français pour « La Lune n’Est Pas Pour Nous »
Prix Bob Morane 2004 : catégorie nouvelle pour « Obsidio »
Prix Masterton 2003 : catégorie roman français pour « Pandémonium »
Prix Rosny Aîné 2001 : catégorie roman pour « La Lune Seule le Sait »

DOSSIER UCHRONIE



- L’uchronie, renouveau de la SF ? (Maître Sinh)
- Interview exclusive de Johan Heliot (Stéphane Pons & Hervé Thiellement).
- « La Lune vous Salue Bien » (T3) chez Mnémos (Hervé Thiellement et Stéphane Pons)
- « La Lune n’est pas Pour Nous (T2) » (Folio SF) (Stéphane Pons)
- « La Lune n’est pas Pour Nous (T2) » (Mnémos) (Hervé Thiellement)
- « La Lune Seule le Sait » (Mnémos et Folio SF) (Hervé Thiellement)

Remerciements particuliers à :
Johan Heliot, Emmanuel Oudot, Charlotte Volper les éditions Mnémos, Gallimard Folio SF, Le Bélial, éditions Mango, Les éditions Baleine, le Festival des Utopiales (Nantes), les sites internet Noosfere & Quarante-Deux, Étienne Barillier, Hervé Thiellement (Yozone).


Stéphane Pons
27 septembre 2011


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Crédit photos Johan Heliot :
© Emmanuel Oudot.



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