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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Spyder (T3) Old School
S. Latour & S Vastra
Delcourt

Enfin une image du vaisseau alien stationnant au dessus de Hong-Kong !
Si, si, je vous assure ! Page 21, première case !
Un dessin magnifique d’ailleurs !
Pourquoi cette exclamation ?
Pourquoi tant de bruit pour une seule image dans ce troisième volume de la série « Spyder » ?
Et bien voilà…



Tout simplement parce qu’on n’y croyait plus !
Dans le premier épisode, nous faisions la connaissance de Jonah Bao, alias Spyder, qui, en 2019 à Hong-Kong, se retrouve à la tête du HK3. Cette unité d’élite doit protéger la ville chinoise et contrôler les migrations de voyageurs utilisant un nouveau système de téléportation : des anneaux extraterrestres géants déployés aux quatre coins du globe. En effet, depuis 2012, un vaisseau alien plane au dessus de Hong-Kong. La soucoupe semble inerte. Aucune invasion n’a été signalée. Mais l’équipe de choc de Spyder, composée de Meilin sa sœur, King Wa le sumo, Siu Chao la tueuse, Dollface le pirate informatique, Zoo qui a la faculté de communiquer avec les animaux et des deux jumelles Mina et Shen, aura du pain sur la planche pour faire respecter l’ordre, annihiler les convoitises, et défaire les complots internationaux.

Dans le deuxième tome, nous retrouvions la bande à Spyder dans une pure histoire d’espionnage internationale. Le scénario d’anticipation était écarté, à la grande déception des lecteurs.

Dans ce troisième opus, malheureusement, l’environnement S-F est une fois de plus mis de côté. Seule cette fameuse première case, page 21 (ou planche 19 si vous préférez) nous rappelle l’ambiance de la série. Et on n’en entendra plus parler jusqu’à la fin de l’album. Quel dommage !

Le premier volume nous avait pourtant tant fait saliver. Tout semblait possible avec cette trame principale tournée autour du vaisseau alien surplombant Hong-Kong. Vingt-trois anneaux étaient disposés dans le port de la ville et permettaient d’accéder aux vingt-trois anneaux disséminés sur Terre (un par fuseau horaire). A minuit heure locale, tour à tour, les portails s’ouvraient. L’idée était géniale et offrait des possibilités narratives exceptionnelles. De la bouche même du scénariste, nous apprenions que l’année 2019, date à laquelle se déroule l’histoire de cette série, avait été utilisée en hommage à “Blade Runner” et son « Los Angeles, Novembre 2019 ». Rien que la référence nous donnait déjà l’eau à la bouche. Mais pourquoi ne pas avoir développé cet aspect ? Pourquoi s’être enfermé dans une simple histoire d’espionnage qui finalement, pourrait très bien se dérouler dans un environnement contemporain ?
J’insiste. Quel dommage !

Mais tout n’est pas décevant dans ce troisième album, bien au contraire.
Cette BD est avant tout un très bon roman d’espionnage. On y retrouve tous les classiques du genre : poursuites en voitures, cascades, conspirations, meurtres, enlèvements, virus informatiques, gadgets ultra-technologiques, déguisements… Le scénario repose d’ailleurs sur une idée classique dans ce genre de littérature. La sœur de Spyder est faite prisonnière, en mission à Londres, par les services secrets britanniques. Pour la récupérer, les agents du HK3 n’ont qu’une seule alternative : ils doivent à leur tour kidnapper un des agents anglais en poste à Hong-Kong pour l’échanger contre leur amie. Mais cette transaction est source de toutes les convoitises. Alice, un agent double du MI6, épaulée de ses mercenaires, compte bien perturber l’échange…
La présence du MI6 et du MI5 dans cette histoire renforce son côté jamesbondien. Les références aux films du célèbre espion sont d’ailleurs très nombreuses dans ce volume. Les fans de 007 pourront s’amuser à identifier tous les clins d’œil, tant ils sont nombreux. Sans être un expert, j’en ai déjà trouvé pas mal, comme la couverture de l’ouvrage en hommage à l’affiche du film “Rien que pour vos yeux”, les prénoms James et Daniel des protagonistes britanniques, le fameux Walter PPK, le restaurant Octopus(sy), le shaker explosif à « secouer, pas agiter », le parachute aux couleurs de l’Union Jack, l’Aston Martin…

De nombreux clins d’œil se sont d’ailleurs glissés dans cette BD. Les auteurs se sont, par exemple, amusés à y glisser les noms de leurs groupes musicaux ou de leurs morceaux préférés. On peut ainsi lire, sur certains détails, les noms Muse, « Nothing Else Matters » (Metallica), Guns n’ Roses, « One » (Metallica), « Give in to Me » (Michael Jackson), « Losing my Religion » (R.E.M.)…
Ce qui permet l’intégration de tous ces éléments de détails n’est autre que la richesse des dessins de Sébastien Vastra. Son travail est tout simplement remarquable. Sur chaque case, on trouve un arrière plan précis, un élément du décor dessiné avec finesse, un personnage figurant à l’intérêt particulier. Les enseignes, les affiches, les plaques d’immatriculation... sont autant de supports à une référence particulière. Même la couverture de l’album rend hommage au Studio Ghibli. Une vraie mine d’or ! A tel point, que l’on se surprend à ré-ouvrir la BD pour le simple plaisir d’y trouver une nouvelle allusion.
Toutes ces évocations ne sont cependant pas interprétables. Certaines dates ou images sur des affiches ne sont, sans doute, compréhensibles que des auteurs eux-mêmes. Mais le jeu de piste que procurent ces éléments du décor est assez amusant. J’ai particulièrement apprécié les cartons IKEA ou La vache qui rit et les affiches de cinéma. En salle en 2019, vous trouverez « donc Avatar 3 », « Toy Story 4 », « Les dents de la mer 6 » et l’adaptation de « Blacksad ».

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Comme les précédents opus, cette BD peut se lire en one-shot. L’exercice est louable, obligeant les auteurs à succinctement présenter les personnages à chaque album.
Les quatre albums (dont le dernier reste à paraître) ont été écrits par un scénariste unique, Sébastien Latour, mais mis en images par des dessinateurs différents. Pour assurer une certaine cohésion entre les livres, les personnages principaux ont été créés par Didier Cassegrain (“Tao Bang”, “Code MC Callum”), et Manchu s’est chargé du design des bâtiments principaux, des décors, des véhicules et des accessoires.
Selon les auteurs, ces quatre tomes formeront la première saison de la série « Spyder ». Si l’ensemble est bien accepté du public, un cinquième numéro sera édité. Cette fin de saison, à la manière des séries américaines dont le dernier épisode de chaque saison se conclut par un événement majeur, reprendra les petits détails des précédents opus et posera les bases d’une nouvelle saison. Cette saison 2 est déjà en cours d’écriture par Sébastien Latour, il est donc peu probable qu’elle ne voit jamais le jour.
Bref, vous l’aurez compris, nous sommes face à une série qui s’annonce très longue. Ceci explique sans doute la raison pour laquelle certaines énigmes tardent à être résolues, les éditeurs préférant multiplier les épisodes. A moins que les lecteurs ne suivent pas cette logique et, trop déçus, abandonnent la série en cours de route…

Le prochain volume, « Chasse à l’Homme », paraîtra en novembre 2011 et sera dessiné par Patrick Tandiang. Sur le net, on peut trouver la première planche de cet ultime épisode. A première vue, les couleurs et les dessins semblent légèrement en-deçà des albums précédents. Il est peu probable que ce tome, à lui seul, répondent à toutes les questions laissées en suspend. Au minimum, on peut espérer qu’il nous en apprenne un peu plus sur le père recherché de Spyder.


(T3) Old School
- Série : Spyder
- Scénario : Sébastien Latour
- Dessin : Sébastien Vastra
- Couleur : Sébastien Vastra & Carole Beau
- Design décors et accessoires : Manchu
- Design personnages : Didier Cassegrain
- Editeur : Delcourt
- Label :Série B
- Collection :Néopolis
- Dépôt légal : 24 août 2011
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleur
- ISBN : 978-2-7560-1956-7
- Prix public : 13.50 €


A lire sur la Yozone :
Spyder Tome 1 : Ombres chinoises
Spyder Tome 2 : Dragon Céleste


Illustrations © Sébastien Vastra et Delcourt (2011)



Allison & Julien
3 octobre 2011




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Sébastien Latour



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