Grimmer était journaliste freelance en ex RDA. Bon, pour parler plus franchement, Grimmer espionnait pour le compte de l’Allemangne de l’Est sous couvert de sa carte de presse. Aujourd’hui, il s’est donné une nouvelle mission, comme une forme de rédemption : retrouver ceux qui ont osé réaliser des expérience sur des enfants et faire éclater au grand jour les horreurs réalisées dans ce qui semblaient être des orphelinats, comme celui du 511 Kinderheim. Le dernier directeur encore en vie est un certain Reinhart Biaman, connu maintenant sous le nom de Pedroff et vivant à Prague. Mais Grimmer va découvrir que cet homme, qui expérimenta diverses drogues et techniques de lavage de cerveau sur d’innocents gamins à de nouveau des enfants sous sa garde. Quelle nouvelle expérience réalise donc Biaman et pourquoi ?
La rédemption, quel beau sujet de philosophie ! Et Naoki Urasawa va nous le décliner ici sous deux formes qui semblent opposées à première vue.
Sa première déclinaison va se faire à travers Tenma, mais aussi en apparence à travers Anna. Pour Tenma, la solution est radicale : il doit détruire le mal à la source. Il a engendré un monstre, il doit l’éliminer. Mais le mangaka ne tombe pas dans le piège du « tir facile ». Il va plutôt nous démontrer à quel point il est difficile de tuer un homme de sang froid, même si celui-ci est un monstre. Il va d’ailleurs nous exposer le cas de figure « tuer ou être tué » pour lequel la réaction de Tenma est totalement différente. Cette démonstration est faite en maintenant parfaitement le suspense sur la conclusion de l’incendie de la bibliothèque, zappant entre les personnages, avec un format proche du cinéma par le découpage de chaque planche, quasimement plan par plan de tournage.
Pour Anna, tout est en sous-entendu. Serait-elle tombée dans une forme encore plus radicale de la rédemption : détruire tout ce qui pourrait réveiller un autre monstre comme son frère ? Anna est-elle devenue un monstre elle-même pour pouvoir vaincre Johann ? La piste que semble développer Urasawa est très perturbante mais aussi extrêmement audacieuse, faire de son héroïne un être méprisable. Comme toujours, le mangaka nous surprend, joue avec les sentiments que l’on peut éprouver avec ses personnages.
Dans le cas de Grimmer, sa rédemption passe par la justice et il va s’attaquer au pire crime de son point de vue : les expérimentations sur enfants. Evidemment, rien ne pouvait le préparer à tomber dans l’univers de Johann et le complot mis en place pour créer un nouveau monstre. Le mangaka nous lance sur une nouvelle quête, un nouveau fil rouge. Le lecteur ne maîtrise rien, il ne peut que se laisser mener par le bout du nez. Urasawa est imprévisible et d’une force d’imagination époustouflante, capable de trouver de multiple ramifications dans son scénario, faisant de sa série une saga incomparable.
Ce tome 5 s’achève sur un nouveau cliffhanger dont le symbole pourrait être annonciateur de nouvelles révélations.
Monster, édition Deluxe (T5)
Auteur : Naoki Urasawa
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kana
Collection : Big Kana
Format : 140 x 213, noir et blanc - sens de lecture original
Nombre de pages : 408 pages
Date de parution : 26 août 2011
ISBN : 9782505012139
Prix : 15,90€
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