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Triskell (T2) La Cité des Vents
A. Alwett & R. Torregrossa
Soleil Prod

La situation de Gwen est désespérée. Portant autour du cou la part des vents du Triskell, mais ne maîtrisant pas son pouvoir, elle doit rejoindre la Cité des Vents avant Maenne, la terrible reine-fée de la Terre. Mais sa quête va prendre un autre chemin lorsqu’elle croisera la route de l’Ankou, le serviteur de la mort, dont le rôle est de collecter dans sa charrette grinçante les âmes des récents défunts.
Pendant ce temps, la résistance s’organise autour de la seconde reine-fée, Ahès, Gardienne des Mers. L’affrontement entre les deux sœurs parait maintenant inévitable. L’issue de ce combat sera déterminante.



Le premier épisode posait les fondations de cette série. Une jeune orpheline, Gwen, recevait des mains d’Aveline, mourante, la part des vents du Triskell. Sa destinée se retrouvait alors complètement chamboulée : pour protéger son frère, et lui redonner forme humaine, Gwen devait affronter la terrible Maenne, reine-fée de la Terre. Assoiffée de pouvoir, cette dernière souhaite reconstituer les trois parties du Triskell pour en acquérir sa pleine puissance, au risque de réassembler le monde des hommes à celui des fées.
Il lui faudra bien plus que l’assistance de l’ambigüe Man Ruz, ou le pouvoir libéré par la marque de l’Entre-Monde, pour vaincre les ambitions de Maenne. Sa première étape consistera à rejoindre la Cité des Vents pour pleinement assoir son pouvoir.

A première vue, le scénario semblait assez classique. La quête initiatique d’une jeune héroïne pour sauver son peuple est une idée assez répandue en bande dessinée. Mais l’histoire d’Alwett, qui écrit également l’excellente série “Ogres”, est beaucoup plus complexe et on s’en rend vraiment compte dans ce deuxième volume.

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Grâce à ce nouvel épisode, les origines du Triskell sont maintenant connues. Le Cornu, divinité dotée de la toute-puissance de l’esprit celte, dominait ce qui allait devenir la Bretagne. Pour assurer sa succession, il séduisit une morgane des mers, une nymphe des bois et un esprit des airs. Trois filles naquirent, les reines-fées Ahès, Maenne et Aveline. Elles reçurent chacune une part égale du symbole de son pouvoir : le Triskell. Cette division entraîna la séparation du monde des hommes de celui des fées. Quelques années passèrent pour les fées tandis que plusieurs siècles s’écoulaient chez les hommes. La magie fut peu à peu oubliée et les deux mondes désapprirent à cohabiter.

Ce deuxième volet est beaucoup plus sombre que le précédent. Il présente également plus en détail la psychologie des personnages. Par exemple, dans le premier opus, le retournement de veste rapide de Man Ruz face à Maenne m’avait un peu surpris. Dans ce nouvel album, la véritable loyauté du musicien est révélée au grand jour.
Et pourquoi « plus sombre » ?
Et bien tout simplement par ce que Gwen va faire la connaissance de l’Ankou, la personnalisation de la mort dans les contes bretons. Rien que ça ! Ce funeste personnage va d’ailleurs proposer son aide à la jeune fille, mais les coups de main de l’Ankou se payent chers, très chers même…
Dans le même temps, Maenne s’apprête à conquérir la Cité des Vents et Ahès, à peine évadée de sa prison de pierre, organise la rébellion avec le clan des sirènes. L’affrontement est alors inévitable. Et le sang, qu’il soit bleu ou rouge, va devoir couler.
Pour atténuer ce côté sombre, l’humour est au rendez-vous. J’ai particulièrement apprécié le moment où, pour réveiller un dragon géant, les sirènes décident de le chatouiller au niveau de son… enfin de ses… bon, vous voyez quoi !

Un scénario plus sombre donc, avec beaucoup d’actions et d’humour, mais qui n’oubliera pas de développer habilement le caractère profond des personnages et de faire avancer l’intrigue principale.
Certains diraient que ces subtilités dans l’histoire s’expliquent par la touche féminine volontairement apportée à l’ouvrage. C’est possible. Quoi qu’il en soit, certaines finesses d’esprit, comme Gwen qui découvre la puberté, ou la plastique (presque) crédible des sirènes au second plan, apportent beaucoup à la richesse de l’histoire et au réalisme de l’ensemble.
Audrey Alwett, la scénariste de cette série, revendique le point de vue féminin dans la bande dessinée. Elle dirige les collections Strawberry et Blackberry en charge de promouvoir cet autre regard, encore trop rare. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de la rencontrer lors de la 23ème édition du Festival International de BD de Solliès Ville (voir la dédicace à droite).

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Une fois encore, le bestiaire et les accessoires de cet album sont extrêmement variés. Les décors sont même plus détaillés que dans le précédent opus. On y retrouve tous les personnages propres aux légendes celtiques tels que les fées, les dragons, les sirènes, les ondines, les korrigans, l’Ankou… et la représentation de chacun a fait l’objet d’une attention particulière. Ainsi, les queues des sirènes sont toutes différentes, les décors fourmillent d’être vivants (oiseaux, batraciens, poissons…), et les visages restent très expressifs.
Le travail de Rémi Torregrossa demeure donc de très bonne qualité, le découpage des scènes d’action est parfait, et l’ensemble continue à être mis en valeur par les couleurs de Virginie Blancher.

Enfin, j’avais un peu reproché le manque d’originalité du premier tome, réutilisant les codes classiques de la littérature celtique. Ce n’est plus du tout le cas à présent. Même si les plus critiques y trouveront encore des références à certaines œuvres du genre (comme la magicienne Fin Raziel, dans “Willow”, qui n’arrive pas à retrouver sa forme humaine), l’originalité de « Triskell », à la fin de ce deuxième tome, est maintenant indéniable. Les dernières planches de l’album esquissent d’ailleurs un changement important dans la narration. Sans vous en révéler d’avantage, sachez qu’il n’est plus question pour Gwen de rejoindre la Cité des vents. Elle doit à présent trouver le Cornu, caché au cœur de la forêt de Brocéliande. Ce sera sans doute chose faite dans le prochain épisode de la série, intitulé “Le Cornu de Brocéliande”.


(T2) La Cité des vents
- Série : Triskell
- Scénario : Audrey Alwett
- Dessin : Rémi Torregrossa
- Couleurs : Virginie Blancher
- Editeur : Soleil Prod
- Collection : Soleil Celtic
- Dépôt légal : 23 mars 2011
- Format : 234 x 323 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-30201-507-4
- Prix Public TTC France : 13.50 €


A lire sur la Yozone :
- Triskell (T1) La Marque de l’Entre-Monde


Illustrations © Rémi Torregrossa et Soleil Prod (2011)



Allison & Julien
13 septembre 2011




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