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Sabu & Ichi (T1 et 2)
Shôtarô Ishinomori
Sensei

L’organisation de la police à l’époque Edo comprend une partie de fonctionnaires, le « bugyo » (préfet), le « machikita-yoriki » (le commissaire de police) ou le « dôshin » (inspecteur). Les dôshin font appel des « privés » (l’okappiki) qui lui même peut faire travailler un informateur (le « shitappiki »). C’est à ce poste qu’exerce le jeune Sabu. Il travaille sous les ordres de « l’oyabun » (patriarche, chef) Saheiji. Celui-ci, régulièrement coincé au lit par des rhumatismes, lui laisse la direction des enquêtes. Il est armé d’une « jitte » relié à une corde, une arme blanche traditionnelle japonaise, elle permet de neutraliser sans tuer, car la lame est non tranchante. Il est aidé dans ses investigations par l’aveugle Ichi. Ichi est plus âgé, exerce le métier de masseur et maîtrise aussi l’art du sabre (« l’iaido »). Ancien samouraï, il cache son épée à l’intérieur de son bâton de marche. Évoquant un fils spirituel du célèbre « Zatoïchi », un des héros de film japonais le plus emblématique.



Dans cette édition française (titre original :« Sabu to khi torimono bikae »), les 18 tomes japonais sont ramenés en 4 tomes d’environ 1000 pages chacun. Chaque tome de la série est divisée en cinq parties comprenant chacune un nombre inégal d’histoires. A noter la parution de l’histoire « Le Vent du Nord est comme le Hennissement d’un Cheval Noir » aux éditions Takemoto-Kesselring en 1979, puis dans le magazine « Le Cri qui tue » n°6 en 1981.

Ce duo improbable de détectives enquête dans différents milieux sociaux. L’auteur en profite pour instruire le lecteur, en incluant un côté documentaire dans ses histoires. Il nous montre toute la complexité de la société japonaise qui passe de l’ère féodale à l’ère industrielle, notamment avec la déchéance des samouraïs. La vie quotidienne des Japonais de bas niveau social y est longuement décrite. On croise les petits métiers, les fêtes et les croyances de cette période.
Les mobiles des meurtres sont souvent de factures classiques -vengeance, passion ou jalousie-, de même que la construction de l’intrigue. Mais l’action est souvent au rendez-vous, le récit se terminant régulièrement par un duel. Le deuxième tome dévoile plus le passé d’Ichi et il rentre plus dans la psychologie des personnages, rendant le récit plus consistant.

Il y a dans ce manga, un côté didactique attrayant, renforcé par des dessins que l’on croirait issus d’estampes de l’époque, comme une sorte d’hommage à l’art de « l’ukiyo-e » (qui peut se traduire par « image du monde flottant »). Ce mouvement artistique, contemporain de ce manga, se caractérise par une peinture populaire et narrative, ainsi que par les estampes gravées sur bois. On peut citer, des peintres comme, Kitagawa Utamaro, Utagawa Hiroshige (inspirateur des impressionnistes dont Monet et Van Gogh), Yoshitoshi et Kunisada Utagawa.

Du format un peu « gros nez », les traits des personnages s’affinent et se personnalisent de plus en plus au rythme des épisodes qui se succèdent. On perçoit aussi le dessin se maîtriser, les arrières plans prennent de la consistance, les visages affichent plus d’émotions différentes. On retrouve une grande variété de découpage, l’auteur n’hésitant pas à utiliser des doubles pages afin d’aérer son histoire.

Attention classique ! Certes, le format est un peu rebutant et incommode pour lire au lit (le poids est aussi conséquent, 1kg300 pour le tome 1), mais ne cherchez pas à avaler un volume d’une traite, et préférez la lecture par partie. Malgré cet inconvénient, un moment de lecture agréable, dans sa chaise longue cet été.


Petite bio de l’auteur :

Shôtarô Ishinomori (de son vrai nom Shōtarō Onodera) naît en 1938, dans le département de Miyagi. Il a été formé par le grand maître du manga, Osamu Tezuka, et il a considérablement participé à l’émancipation du manga dans les années 60. Il participa à l’expérience « Tokiwasō » (littérallement « Villa Tokiwa »), cet appartement acheté par Tezuka où de grands auteurs de manga vont passer. Il est également l’auteur de « Cyborg 009 », dessiné en 1963, réédité par Glénat dans sa collection de classique Vintage. Il est aussi à l’origine du concept de la série « San ku kaï » (réalisé en 1979 par Minoru Yamada, vingt-sept épisodes de vingt-cinq minutes, diffusé en France sur Antenne 2 dans l’émission Recré A2 en septembre 1979). Il est l’auteur de nombreux animés issus ou non de ses mangas. Shôtarô Ishinomori meurt en janvier 1998.

Pour rendre hommage à son talent et son influence dans l’univers du manga, depuis 2001, le « Mangattan Museum » de Ishinomaki, au Japon, est consacré aux œuvres de Shōtarō Ishinomori.


Sabu & Ichi (T1 et 2)
- Auteur : Shôtarô Ishinomori
- Éditeur : Kana
- Collection : Sensei
- Dépôt légal : 22 octobre 2010 et 15 avril 2011
- Format : 14,8x21 cm
- Pagination : 1152(T1) et 1296(T2) pages N&B
- ISBN : 9782505009689 ; 9782505010821
- Prix public : 29 €


© by ISHINOMORI Shotaro / Shogakukan
©Kana 2010 Ishinomori



arjulu
17 juillet 2011




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