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Vacances d’un Serial Killer (Les)
Nadine Monfils
Belfond, roman (Belgique), humour (très) noir, 237 pages, janvier 2011, 18,50€

Bienvenue à Blankenberge, sa plage, ses moules-frites… du moins pour ceux qui voudraient bien y arriver ! Pour les Destrooper, tout commence par un jeu d’ados s’amusant à filmer tout et n’importe quoi… même un meurtre ! Leur route vient de croiser celle de Biloute, qui n’a rien du gentil Ch’ti, mais tout du tueur en série sorti de taule. L’été sera chaud !



On a assez vanté en ce lieu les œuvres de Nadine Monfils, véritable Zazie iconoclaste d’outre-Quiévrain montée en graine, qui aurait découvert la peinture surréaliste, Jean Ray, Thomas Owen et Pierre Siniac pour en dégager ce qui est le plus rare : une voix, une vraie, qui fait que ses romans, s’ils éveillent des réminiscences fugaces, ne ressemblent à aucun autre. Inutile de dire que si le titre promet un serial killer, on sait déjà qu’on sera loin des massacreurs syndiqués du thriller industriel débité au kilo…

Avec sa « belgitude » toujours en bandoulière — il n’est pas nécessaire de connaître par cœur le Plat Pays pour déguster ses romans, mais cela leur donne un surcroît de saveur — Monfils délaisse un instant l’univers fantastico-surréaliste de sa ville imaginaire de Pandore pour nous emmener vers une autre institution typiquement belge : la station balnéaire. Sise sur le mer du Nord ou, comme dit l’auteur, « il pleut trois jours sur quatre, et encore, c’est quand t’as du bol ».

Une fois campée cette famille de Groseille ordinaire, dont les enfants portent le nom de Steven (pour Steven Seagal) et Lourdes (comme la fille de Madonna) (la classe !), traînant la grand-mère (forcément) indigne dans sa caravane, l’intrigue policière peut s’instaurer sur un point de départ classique, celui du faux témoin. Mais qu’importe ? Cette histoire, quoique plus fouillée qu’elle n’en a l’air, est surtout prétexte à un catalogue de tronches plus ou moins abîmées, plus ou moins minables, attachantes dans leur veulerie même. Une véritable comédie humaine tout à fait digne des précédents romans de l’auteur. Et le tout se clôt néanmoins sur un ultime chapitre doux-amer, loin du cynisme revendiqué, qui montre qu’on a beau rigoler, derrière tout ça, il y a des « vrais gens » (de ceux tellement fantasmés par ceux qui n’ont pas la moindre idée de ce que c’est) et que, quelque part, ils nous ressemblent un peu…

Pas de doute, les amateurs de la belge de Montmartre seront en terrain connu avec ce roman qui fonce à cent à l’heure. Quant aux autres, c’est le moment de découvrir une des voix les plus originales du polar humoristique actuel. Et vite, sinon, on ne vous cause plus. Na.


Titre : Les Vacances d’un serial killer
Auteur : Nadine Monfils
Couverture : Nicole Hill/Ruberball/Corbis
Éditeur : Belfond
Site internet : page roman
Pages : 237
Format (en cm) : 22,5 x 14
Dépôt légal : janvier 2011
ISBN : 978-2-7144-5002-9
Prix : 18,50€



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