Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Jérôme K. Jérôme Bloche (T22) Mathias
Alain Dodier
Dupuis

Ce grand échalas en imper mastic est apparu en l’an de grâce 1985, en se revendiquant ouvertement de Philip Marlowe et d’Humphrey Bogart. Ce qui était plutôt une erreur de casting ! Puisque, loin du polar et du hard-boiled, ses déambulations dans la province française relèveront plutôt de l’énigme policière (« L’Ombre qui tue », l’album inaugural) et/ou de la fantaisie façon grand-guignol (« A la vie à la mort », 1986). En vingt-et-un albums s’est ainsi imposée comme une évidence la présence scénique de Jérôme Bloche et son charme fait de candeur, de bonne volonté et de poussées de courage proches de l’inconscience, sur fond d’intrigues qui ne sont pas sans rappeler le cinéma de Chabrol...



Or voici « Mathias », vingt-deuxième titre qui, par le plus grand des hasards semblant depuis toujours guider ses pas, amène Jérôme à passer malgré lui la frontière entre le Bien et le Mal, les forces du GIGN le prenant pour le fils d’un dangereux malfrat en pleine cavale...

A partir de cette maldonne vont bien sûr se succéder scènes d’action et morceaux de bravoure où Bloche évolue, cette fois, comme dans un film de Tati, mais en gardant le cap, tentant opiniâtrement de démêler écheveaux et quiproquos pour mettre à jour ce qui lui vaut de figurer dans ce jeu de rôle, ce jeu de dupes...

Et chemin faisant, on ne peut qu’admirer la maîtrise d’Alain Dodier, son sens de l’intrigue, sa capacité à restituer le vécu, et surtout sa technique impeccable, tant au niveau de la mise en page que du rythme narratif. Son métier, en somme, sans pourtant qu’il ne tombe jamais dans un professionnalisme imparable mais sec.

JPEG - 33.2 ko

Ce qui frappe, au contraire, c’est l’omniprésence d’un esprit ludique, qui pousse le maître d’oeuvre à se tendre des pièges du genre de : comment rendre en images un long monologue qui ne soit pas lassant ? Et aussi : comment, en jouant des couleurs, rendre immédiatement lisible une scène de nuit ? Et encore : comment faire une planche d’action avec 12 images dont 8 et demi ne montrent qu’une porte en bois et une ceinture en cuir ? Autant de chausse-trappes dont il se joue allègrement...

Oui, Jérôme Bloche est toujours aussi jeune que voici plus de trente ans et aussi amoureux d’une Babette qui lui fait la vie dure, et aussi obstiné à élucider le monde. En 2010 déjà, le jury d’Angoulême ne s’y était pas trompé, qui, autant par hommage rétrospectif à l’ensemble de la série que pour les qualités intrinsèques du vingt-et-unième titre (« Déni de justice »), leur avait décerné le prix Fauve. Ce qu’Alain Dodier confirme à présent avec la liberté de qui, n’ayant plus grand-chose à prouver, peut s’adonner à une créativité sans entraves.


(T22) Mathias
- Série : Jérôme K. Jérôme Bloche
- Scénario et dessins : Alain Dodier
- Editeur : Dupuis
- Parution : 18 février 2011
- Pagination : 48 planches couleurs
- Format : 22 x 30 cm
- Numéro ISBN : 978-2-8001-4744-4
- Prix public : 11,95 €


A lire sur la Yozone :
Jérôme K. Jérôme Bloche
Jérôme K. Jérôme Bloche
Jérôme K. Jérôme Bloche (Intégrale T1)


Illustrations © Dupuis et l’auteur



Alain Dartevelle
16 avril 2011




JPEG - 18.1 ko



JPEG - 29.9 ko



JPEG - 31.9 ko



JPEG - 15.1 ko



JPEG - 15.9 ko



Chargement...
WebAnalytics