LE SUJET
Les élèves de St Trinian’s, leurs profs et leur directrice sont dans la panade, le fisc anglais menace de fermer leur établissement pour une petite facture de 500 000 Livres Sterling d’impôts impayés (toutes taxes comprises).
Pas de solution financière à l’horizon à moins d’emprunter à la National Galery « La Jeune Fille à la Perle » du peintre Johannes Vermeer, un des plus célèbres tableaux de l’histoire de la peinture. Rien que ça !
Euh... donc rien d’impossible aux « Belles de St Trinian’s ».
CE QUE L’ON EN A PENSÉ
Commençons quand même par un peu d’histoire.
Toutes les aventures des collégiennes de St Trinian’s sont une des nombreuses déclinaisons de la série dessinée créée dès 1942 (quelques dessins) puis véritablement de 1946 à 1953 par Ronald Searle (cinq volumes qui sont aujourd’hui des classiques de la BD anglaise). La grande innovation de Ronald Searle, qui vécut une grande partie de sa vie après-guerre en France, a été d’imaginer des collégiennes iconoclastes qui fumaient, buvaient, volaient et même décédaient brutalement lors de leurs activités scolaires (le hockey sur gazon pouvant facilement devenir un sport des plus barbare et dangereux) !
Très populaire, la série inspira un premier quatuor de film de 1954 à 1966 (« The Belles of St Trinian’s », « Blue Murder at St Trinian’s », « The Pure Hell of St Trinian’s », « The Great St Trinian’s Train Robbery »), une tentative de revival restée sans suite en 1980 (« The Wildcats of St Trinian’s ») puis ce « St Trinian’s » (2007) qui fut aussitôt suivi, succès oblige, d’un second opus (« St Trinian’s 2 : The Legend of Fritton’s Gold » (ni l’un, ni l’autre n’ayant été diffusés par chez nous) prélude à un troisième volet en projet pour 2012 (titre évoquée, « St Trinian’s versus the World ».
Pour situer l’ampleur du phénomène St Trinian’s outre manche, lors de sa sortie en salle ce premier volet se permit de cartonner sans vergogne juste derrière des grosses machines de guerre commerciales telles « Il était une fois », « Je suis une légende » et « À la Croisée des Mondes : La Boussole d’Or ».
À ce succès quasi inespéré, il faut sans doute y voir la double influence des réalisateurs Oliver Parker et Barnaby Thompson. Si mon premier est surtout connu pour ses adaptations de classiques de la littérature anglaise (le récent et réussi « Dorian Gray », par exemple), mon second est aussi un producteur de films bien déjantés (« Wayne’s World 1 et 2 », « Coneheads », etc) qui ne sont pas loin de naviguer dans les mêmes eaux loufoques.
« St Trinian’s » © Ronald Searle
Pourtant, « St Trinian’s - Pensionnat pour jeunes filles rebelles » est juste une comédie so british, tendance série Z, où le meilleur côtoie souvent le plus trivial. Si l’on peut se poser la question d’un titre français évoquant les grandes heures du porno soft hexagonal mid-sixties et risquant bien d’effaroucher plus que d’attirer la clientèle, il nous reste une bonne grosse farce ou Rupert Everett dans un double rôle (Miss Camilla Dagey Fritton, la dirlo et Carnaby Fritton, le frère de la dirlo) et Colin Firth (Ministre de l’Enseignement et ex amant de jeunesse de la directrice) s’amusent comme des petits fous.
Cependant, c’est bien le jeune casting féminin qui nous éclate la rate car une palanquée de jeunes filles en plein pétages de plombs reste un exercice de style très agréable à regarder. Gemma Arterton (« Tamara Drew », « Prince of Persia ») en Kelly Opposum Jones (la chef des élèves) est tout bonnement flashante à souhait, Talulah Riley (Annabelle Lealla Fritton) très convaincante et l’on regrette que la version française transforme la superbe Caterina Murino (Miss Maupassant) en simple prof d’espagnol alors qu’elle est prof de langues étrangères, Français compris, dans la version anglaise, ce qui donne lieu à une courte scène, malheureusement coupée, que l’on regrette beaucoup (à voir dans les bonus).
À tout cela, on rajoutera la participation de quelques très bons acteurs comme Stephen Fry et Celia Imrie.
Le cinéphile moyen appréciera les très nombreux clin d’œils distribués par le scénario aux carrières respectives des uns et des autres et tout particulièrement à celles de Rupert Everett et Colin Firth. Parmi beaucoup, citons le nom du chien fétiche de la dirlo, Monsieur Darcy (cf. « Le Journal de Bridget Jones »), le chef d’œuvre pictural à emprunter (!) est « La Jeune Fille à la Perle » du peintre Johannes Vermeer, une des élèves demandant si on allait « voler Scarlett Johansson ?! » (sachant que Colin Firth était l’autre interprète vedette du film à succès éponyme).
On rigole donc beaucoup dans ce « St Trinian’s ». Entre gags et situations surréalistes, on se dira également qu’un film qui contient une bonne reprise du célèbre Teenage Kick des Undertones ne peut franchement pas être mauvais et que si en plus la chanson du collège hurle à nos esgourdes des « We are the best, so screw the rest » et « St. Trinian’s, Defenders of Anarchy ! », c’est plutôt sympatoche comme démarche.
Un plat que l’on déguste comme une spécialité anglaise. Un humour très étrange où le meilleur se confronte au pire dans un vaste n’importe quoi bordelo-anarchique et pourtant logique, un truc infaisable par des Français et dont la quintessence du genre est illustrée par les films des Monty Python, mais dont ce « St Trinian’s - Pensionnat pour jeunes filles rebelles » n’a pas à rougir.
1). Dieu que je hais ce titre en Français !
2). Vivement l’édition de la suite !
L’ÉDITION BLU-RAY
Image parfaite, qualité de la compression millimétrée, restitution aux petits oignons, le travail d’édition est à saluer sur Blu-Ray et bien supérieur à une masse de grosses sorties bénéficiant de moyens autrement plus conséquents. Côté son, le film ne se prête pas à des ambiances extrêmes bien que quelques explosions valent d’ouvrir ses oreilles. Non, le travail est surtout centré sur les dialogues (avec une bonne précision de toutes les ambiances frontales), le DTS-HD explosant véritablement dès que le fond musical se mêle d’animer les voies latérales.
VO ou VF ? Si techniquement y-a débat, artistiquement, y-a pas match, la VO s’impose au risque de perdre une bonne partie de l’humour ambiant.
Côté bonus, si l’on a regretté qu’une ou deux scènes aient été coupées dans le film, on se rattrape via les « Scènes coupées » : ne pas rater une scène d’intro plus complète ainsi que « La leçon de Français ».
Le « bêtisier » est assez light et la série d’interviews très politiquement et commercialement correctes. On apprend quelques petites choses, mais sans plus. Bon point, les deux chansons phares des collégiennes sont proposées en deux clips sur vitaminés (un issu du tournage, un autre donnant la sensation d’avoir été filmé un peu à l’arrache avec les moyens du bord).
Une grosse déception quand même, l’absence d’un bon documentaire sur les cartoons d’origine et son auteur Ronald Searle, des infos sur les précédents films, bref, un panorama sur toute la mythologie St Trinian’s n’aurait pas été inutile.
CONCLUSION
Si l’alcool, le tabac, les drogues, le rock’n roll, le sexe et la vulgarité ne sont pas vos trucs -vous aviez du le comprendre depuis bien longtemps- ce film n’est pas pour vous.
Par contre, si vous êtes un amateur d’humour décalé et adepte du passage d’un bon jeu de mots à une scène surréaliste via un prout ravageur, le tout vendu par une distribution à 90% féminine, surexcitée et de moins de 20 ans, n’hésitez-pas (et optez pour la VO) !
Bon, si vous aimez la provoc, si vous n’avez rien contre les bonnes séries Z, si vous souhaitez occire le petit toutou de la voisine (ou du voisin) dans une broyeuse et si vous rêvez d’un monde contestant ouvertement les belles théories éducatives moralement correctes, ça fera également l’affaire.
ÉDITION BLU-RAY
St Trinian’s
Pensionnat pour jeunes filles rebelles
Titre original : St Trinian’s (2007)
Sortie en salle (G.-B.) : 21 décembre 2007
Sortie en France : direct to video
Durée : 1h37
Genre : Comédie (très british)
Inspiré par : l’oeuvre graphique de Ronald Searle
Réalisateurs : Oliver Parker, Barnaby Thompson
Scénario : Piers Ashworth, Nick Moorcroft
Photographie : Gavin Finney
Musique : Charlie Mole
Avec Rupert Everett, Gemma Arterton, Colin Firth, Lena Headey, Caterina Murino, Lily Cole, Russell Brand, Talulah Riley, Stephen Fry, Celia Imrie, etc.
SITES INTERNET
http://www.sttrinians.fr & http://www.freedolphin.fr
Édition Blu-Ray simple
Caractéristiques techniques
Image : 1.77 respecté
Format TV : 16/9 compatible 4/3
Son : Anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titre : Français
Bonus
Interview (VOST, 20’) : pas inintéressante, mais trop polies et convenues
Clip (4’20”) : « St. Trinian’s » de Girls Aloud
Clip (2’26”) : « Trouble » de The Belles of St Trinian’s
Scènes coupées (VOST, 16’11”) : deux ou trois scènes intéressantes et/ou marrantes qui auraient pu être intégrées au montage final.
Bêtisier (VOST, 5’30”) : le principal est dans le film !
Bande-annonce (VF).
Édition : Free Dolphin Entertainment(France)
Distribution : Paramount Home Entertainment (France)
Presse : Miamcom (Paris)
Parution : 22 février 2011
Prix conseillés : 14,99€ (DVD) & 19,99 (BR)
© Ronald Searle et ayants droits (oeuvre originale et dessin)
© éditions DVD et Blu-Ray : Free Dolphin Entertainment édition (France) & Paramount Home Entertainment distribution (France)