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Cross Fire (T5) L’Eternité ne suffit pas
J.L. Sala & P.M. Chan
Soleil Prod

La série « Cross Fire » a été créée en 2004. Les points forts de ce thriller ésotérique ont toujours été les scènes d’actions, les jolies jeunes femmes, et l’humour léger. Ce cinquième tome ne déroge pas à la règle et répond parfaitement aux attentes des nombreux fans.
Cet album, dont l’aventure se passe en Irak, est en quelque sorte le fils illégitime de « Call of Duty » et d’un « Indiana Jones ».
La série est censée arriver à sa conclusion. Avons-nous toutes les réponses attendues dans cet album ? Non. Mais compte tenu de la qualité proposée, la série ne devrait pas souffrir de cette élongation probable.



“Cross Fire” a toujours été une série bien léchée. Des titres inspirés de la saga James Bond, des couvertures percutantes, des citations bien choisies au dos des albums… les auteurs ont le souci du détail.
Bien sûr, cette finition a un coût : le délai entre deux volumes. Le premier album a été publié en juillet 2004 et il s‘est écoulé 16 mois entre les deux derniers épisodes de la série. Mais qu’importe, notre patience est à chaque fois récompensée.
Fort de son succès, ce polar ésotérique quitte la collection Soleil Levant, consacrée à la nouvelle génération d’auteurs de BD, et rejoint la collection générale pour ce cinquième volume.
Par ailleurs, la série franco-belge a été achetée par Marvel Comics aux Etats-Unis en 2009. Elle y est titrée “Spin Angels”.

Souvenez-vous. A la fin du tome 4, Angelo, vivant, s’enfuyait de Malte, laissant l’ex-cardinal Marchesi débuter son initiation au sein de la Maison de Béthanie, détentrice du secret du Saint Graal.
De leur côté, après avoir volé certains ouvrages des Archives secrètes du Vatican, les « Drôles de dames » de Marchesi, Giona, Sofia et Anna, déchiffraient un texte latin sensé les guider en Irak, jusqu’à la tombe de Judas.
Au début de ce cinquième tome, la fine équipe reconstituée, Angelo ayant rejoint les filles, prend la route de Massoul. Nous quittons donc les décors liés à la Renaissance italienne pour découvrir des paysages ravagés par les conflits actuels. Les véhicules blindés de l’OTAN occupent les rues, les sites archéologiques sont rasés, les villes sont désertes.
Mais les forces armées du Vatican sont partout et leur pouvoir est sans limite. Ainsi, Sofia, Anna et Angelo devront faire face aux agressions de l’armée américaine. Rien que ça !

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Bref, une BD pleine d’action et d’adrénaline, comme toujours dans cette série. Du coup, la trame principale est un peu mise de côté. Pour preuve, la seconde moitié de l’album concerne uniquement l’offensive américaine contre nos trois héros. Mais qu’importe. L’ensemble reste accrocheur.
Pour enrichir la lecture, les auteurs utilisent la recette gagnante intégrant jolies filles et tenues sexy. Je n’imaginais pas qu’un gilet pare-balles en Kevlar pouvait être aussi affriolant. Le talent de Chan à dessiner des personnages féminins a, bien sûr, sa part de responsabilité.
L’humour potache présent dans chaque planche participe à la réussite de l’ensemble. Le personnage d’Angelo, par son petit côté Nicky Larson, est souvent drôle. On retrouve un peu l’ambiance des premiers numéros de la série.
L’histoire s’adapte également à l’ère du temps. Non seulement l’aventure traite du conflit en Irak, mais certains détails rendent hommage aux derniers événements connus. Par exemple, la sonnerie de téléphone portable d’un des protagonistes reprend un tube de Mickael Jackson. Le sens du détail est louable.

La BD est construite comme le story-board d’un film. Les références cinématographiques sont d’ailleurs nombreuses. En dehors du titre, les clins d’œil aux James Bond sont nombreux. Les gadgets de « Kyu » en sont le parfait exemple. Dans le même genre, la traversée d’une chambre remplie de goodies Star Wars ou la réplique de la scène « Vous êtes mon seul espoir » de la Princesse Leia est assez sympathique.
On trouve également des références à des films moins attendus, comme la célèbre réplique « On peut se tutoyer ?... T’es lourd ! » de “La Cité de la Peur”. Les auteurs se sont visiblement beaucoup amusés à la création de cet album.

Ces auteurs justement, Jean-Luc Sala et Pierre-Mony Chan, ont tous deux travaillé pour les jeux-vidéos. Le premier aime affirmer qu’il a révélé les talents du second grâce à ce support. Cette expérience se ressent à la lecture de « Cross Fire ». Dans ce Catholic-Fantasy, les cases sont dynamiques, fluides, et certaines scènes nous donnent l’impression d’avoir la manette entre les mains. La transposition est toute trouvée. Certains parlent d’ailleurs déjà d’adaptation de la BD en jeu vidéo ou en film. Les américains de Marvel avaient sans doute une petite idée derrière la tête au moment du rachat des droits…

Les graphismes restent très manga, même si les traits de Chan ont évolué en 6 ans, depuis le lancement de la série.
On retrouve quelques spécificités, emprunts à l’univers des mangas comme les grimaces des personnages, les mini-Angelo, ou la représentation des corbeaux lorsqu’un héros manque de réparties.
Pierre-Mony Chan, comme beaucoup, est un enfant du Club Do*. Il avoue avoir commencé à dessiner grâce aux dessins animés japonais, qu’il enregistrait puis mettait en pause afin de pouvoir en reproduire les images.
Mais ses coups de crayons ont su évoluer depuis, enrichissant la signature graphique de « Cross Fire ». Contrairement à de nombreux mangas, les arrières plans fourmillent de détails et la physique des personnages reste réaliste. Les décors sont somptueux. Les palettes de couleurs sont particulièrement travaillées.

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Le sujet n’est pas facile. Les scénarii qui traitent des secrets du Vatican sont nombreux, peu proposent une fin concluante. En général, l’histoire se termine par une pirouette comme la destruction de la preuve ultime ou la disparition soudaine du témoin clé. Une façon de laisser vivre le mythe sans doute. Il sera intéressant de voir comment Jean-Luc Sala compte clôturer sa série, surtout s’il souhaite se baser sur des faits historiques ou bibliques, sans basculer dans la pure S-F.
De plus, selon l’idée initiale des auteurs, la série est prévue en six volumes. Le prochain opus devrait donc être le dernier. Or, pour le moment, aucune énigme importante n’a été résolue. Pire, chaque épisode apporte son lot de questions. Il me parait donc très difficile de solder cette série en un ultime épisode, surtout si ce dernier est censé combler toutes les interrogations.
Parmi les questions restées en suspend, on a les origines d’Angelo, la découverte du Graal et de la sépulture de Judas, le secret des Templiers, le destin de Marchesi, l’identité et les pouvoirs réels de l’étrange chef du Vatican, l’idylle entre Angelo et Sofia… et j’en oublie surement. Pour répondre à toutes ces attentes, sans trop condenser l’histoire, plusieurs tomes me paraissent nécessaires. Et je vois mal les auteurs boucler la série alors qu’ils viennent de vendre les droits à Marvel. La saga devrait donc être plus longue que prévue (sept tomes, plusieurs cycles ?).

Le tome 6, qui n’a pas de date de sortie prévue pour le moment, s’intitulera « Rien que pour vos Dieux ».


A lire sur la Yozone :
Cross Fire T3
Cross Fire T4

A consulter sur le Net :
- Le blog de la série
- Le blog du dessinateur
- Le site de Marvel


(T5) L’Eternité ne suffit pas
- Série : Cross Fire
- Scénario : Jean-Luc Sala
- Dessin : Pierre-Mony Chan
- Couleurs : Pierre-Mony Chan
- Préparation des couleurs : Alexandre de la Serna
- Editeur : Soleil Prod
- Collection : Soleil levant
- Dépôt légal : 24 novembre 2010
- Format : 234 x 323 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-302-01290-5
- Prix : 13,50 €


Illustrations © Chan et Soleil (2010)



Allison & Julien
22 mars 2011




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