Lecture de jeunesse, « Buddy Longway » fait partie de ces séries dont on garde à jamais le souvenir. Surtout quand, comme moi, on a toujours rêvé de cette âme indienne, gravée encore plus durablement dans la mémoire par les aventures de ce « grand petit-homme » du film « Little Big Man », réalisé par l’Américain Arthur Penn en 1970.

Pour Derib, l’approche est un peu différente, mais on retrouve ce même amour profond pour cette culture si enracinée dans le respect de la nature. Avec « Buddy Longway », il entre dans le cercle très fermé des auteurs ayant réussi une très longue série de qualité dans le genre western. Et s’installe près d’une autre légende cinématographique, le splendide « Danse avec les loups », réalisé et joué par Kevin Costner en 1990.
Après le « Blueberry » de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, ils étaient peu nombreux à vouloir se risquer en territoires indiens, le western avait eu sa grande série. Pourtant, Derib va gagner ce pari avec son trappeur blanc, ce « Cheveux jaunes » comme l’appellent ses amis indiens, qui va conquérir le coeur d’un lectorat avide de découvrir cet Ouest sauvage de tous les dangers.
Comme Jack Crabb qui se fait adopter par des Cheyennes et épousera l’une d’elles, Buddy Longway entre dans la famille indienne en épousant Chinook, ce si joli « Vent sauvage », une native de la grande tribu des Sioux. Ils auront deux enfants, Jérémie et Kathleen.

À mille lieues des clichés habituels, le dessinateur de « Yakari » entamait l’histoire d’une famille de trappeurs au pied des Montagnes Rocheuses. Une famille bâtie sur le métissage, en dépit de l’hostilité ambiante. Une famille forte de ses joies, ses peines, ses hauts et ses bas.
Le scénariste a également su prendre le risque de faire vieillir ses héros, offrant un caractère réaliste à cette admirable saga familiale. Et tout du long de cette aventure, on verra son dessin s’affirmer et, de plus en plus, sortir du cadre restreint de la case, pour s’échapper, envahir la page, imbriquant des images les unes dans les autres, et tenter, toujours, de nouvelles expériences. A l’image de son héros, Derib laisse vagabonder son esprit et c’est du grand plaisir pour le lecteur.
Avec ce tome 4 de l’Intégrale, on retrouve Buddy Longway à la recherche des siens. Toujours sans nouvelles de Chinook et de Jérémie, Buddy chemine en direction des terres des Sioux. En chemin, il fera de multiples rencontres et devra souvent jouer les médiateurs entre des tribus indiennes en colère à cause des guerres menées à leur encontre, et des innocents terrifiés. Mais même la meilleure volonté du monde ne peut éviter éternellement le déchaînement de la folie humaine. Alors, quand le présent est trop trouble et l’avenir incertain, il faut parfois se tourner vers le passé et se souvenir des jours meilleurs.
Comme pour les précédents tomes, ce volume est assorti d’un dossier documentaire abondamment illustré dévoilant les aspirations et les inspirations de l’auteur-dessinateur.
A lire ou à relire, cette série est une excellente initiative à prendre pour initier de jeunes lecteurs (pour les toutes premières lectures, « Yakari » est excellent) à des bandes dessinées plus adultes.
Entrez dans la légende de « Buddy Longway », cet ami qui a entamé ce long chemin qu’il vous invite à partager dans cette très belle Intégrale. Avec la force de l’aventure et toute l’humanité qu’a su insuffler Derib dans cette saga longue comme une mémoire indienne.
Ce quatrième tome de l’Intégrale des aventures de « Buddy Longway » reprend quatre albums :
« Le Vent sauvage »
« La Robe noire »
« Hooka-Hey »
« Le dernier Rendez-vous »
(Intégrale 4) Loin des siens
Série : Buddy Longway
Scénario : Derib
Dessin : Derib
Editeur : Le Lombard
Dépôt légal : 4 février 2011
Pagination : 222 pages couleur
ISBN : 978-2-8036-2665-6
Prix Public : 24,95 €
Illustrations © Derib et Le Lombard (2011)