Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Confession d’un Vampire
Philippe Ward & Philippe Lemaire
Black Coat Press, Rivière Blanche, Artbook, nouvelle (France), 59 pages, mai 2009, 10€

Voici les mémoires de Radu Basarah Dracula. Toujours dans l’ombre de son aîné Vlad, depuis sa jeunesse, c’est lui le véritable vampire, lui qui a pactisé avec le Diable, lui qui endure cette éternité d’immortel solitaire…



Bien loin des canons littéraires et esthétiques de ces dernières années, « Confession d’un Vampire » est d’un atypisme rafraîchissant. Travail à quatre mains, il est composé de 27 courts chapitres, humeurs, révélations, confessions, copiés par Philippe Ward, et en regard, sur la page de droite, d’autant de saisissantes illustrations couleur de la plume de Philippe Lemaire.

La brièveté du texte n’enlève rien à sa puissance, bien au contraire. Et si le récit, ces mémoires, comportent des passages obligés (la jeunesse de Radu, sa mort, son retour à la non-vie, sa rencontre avec Bram Stoker…), les autres balaient la plupart des clichés que nous avons des vampires, en nous révélant un être torturé, différent, bien plus capable de changer que son état d’immortel ne nous le laisse imaginer. Torturé par ses choix, depuis son pacte avec le Diable qui l’a ainsi condamné à une éternité de sous-vie, dépossédé des plaisirs simples du goût ou de la chaleur… Perpétuellement solitaire, malgré une cohorte d’adorateurs qui n’envisagent pas une seconde le prix de cette immortalité qu’ils appellent de leurs vœux, et incapable de trouver un amour durable, car le temps corrompt la chair comme l’âme. Quant à rendre immortelle une compagne, c’est devenir soi-même soi-même l’outil de sa corruption…
Le temps qui passe et jamais ne s’arrête est le plus cruel des bourreaux, cette immortalité un cadeau empoisonné, qui laisse le champ libre aux regrets, au souvenir des échecs et des mauvais choix dont on ne peut se repentir et jamais oublier… comme s’être allié avec les nazis.
Finalement, Radu rentre au pays, fuit le monde qui ne veut pas de lui, change trop vite, lui montre qu’il n’a pas besoin d’un tel prédateur pour se consumer peu à peu. Et le vampire, dégoûté des hommes autant que de lui-même, de chercher la véritable immortalité, et d’écrire ces mémoires…

Le dessin de Philippe Lemaire, à cent lieues des graphismes actuels, et que certains jugeront peut-être vieillot, colle parfaitement à l’univers sombre de cette créature à moitié loup et à moitié démon qu’est Radu. Évocations d’horreurs, scènes de chasses, instants de nostalgie, Lemaire capture autant le monde de Radu que son psychisme dans les traits sombres de son dessin. Le clin d’œil final est de toute beauté.

L’ouvrage est donc modeste, et comme souvent dans ce cas, il marque profondément. On pèse mieux les paroles de Radu qu’elles sont peu nombreuses, comme un noir nectar, distillat de sa souffrance plusieurs fois centenaire. Pendant intéressant au « Dracula » de Stoker, lire cette « Confession d’un Vampire » ne vous prendra pas une heure, mais tournera longtemps dans votre esprit. Jusqu’à vous faire redouter le don de l’immortalité.


Titre : Confession d’un Vampire
Auteur : Philippe Ward
Couverture et illustrations : Philippe Lemaire
Éditeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche - Artbook
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 59
Format (en cm) : 14,1 x 22,6 x 0,5
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-1-934543-86-3
Prix : 10 €



Nicolas Soffray
12 janvier 2011


JPEG - 12.9 ko



Chargement...
WebAnalytics