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Scanners
Film canadien de David Cronenberg (1981)


Genre : SF horrifique
Durée : 1h43

Avec Jennifer O’Neil (Kim Obrist), Stephen Lack (Cameron Vale), Patrick McGoohan (Docteur Paul Ruth), Lawrence Dane (Braedon Keller), Michael Ironside (Darryl Revok), Robert A. Silverman (Benjamin Pierce), Lee Broker (l’homme de la sécurité), Mavor Moore (Trevellyan), Adam Ludwig (Arno Crostic) ....

« Scanners » est un tournant commercial pour David CRONENBERG puisque c’est son premier film tourné en vue d’une très large distribution. On pouvait craindre une édulcoration, un affaiblissement de la vision si particulière de ce cinéaste, mais il n’en est rien car ce que le film perd en « viscères », il le gagne en « chair ».

David CRONENBERG est un des seuls cinéastes à rechercher des thèmes nouveaux au lieu de suivre et reprendre ceux lancés par Hollywood. C’est en effet les secrets de la vie et les dangers qu’il y a à vouloir les pénétrer qui sont à la base même de l’œuvre de CRONENBERG. L’horreur selon CRONENBERG, c’est l’horreur biologique, celle qui est en nous.

L’idée principale du film repose sur un conflit qui a fait les beaux jours des auteurs classiques de science-fiction (VAN VOGT, STURGEON, RUSSEL) : les mutants sont parmi nous. Un « bon » télépathe luttant contre un « mauvais » télépathe décidé à asservir le reste de l’Humanité. Stan LEE avait déjà vu le potentiel du thème quand il créa les célèbres « X-MEN »...

Dans « Scanners », il est question d’une minorité de personnages doués de facultés télépathiques, auxquels le professeur d’un établissement scientifique donne la chasse. Un médicament destiné à favoriser l’accouchement qui n’agît pas comme prévu et une mutation se produit. La remise en question de cette mutation est ici sociale puisque l’un des mutants veut créer une société nouvelle pour la diriger. Mais CRONENBERG nous décrit aussi l’itinéraire solitaire d’un de ces parias malgré eux.

L’intrigue développée par CRONENBERG fait appel non seulement au conflit entre les deux forces primordiales que sont le Bon et le Mauvais Télépathe, mais également à ces organisations plus ou moins secrètes à la Michel JEURY. En l’occurence, COMSEC, la Société qui, sous la direction du Dr. Ruth (Patrick McGOOHAN), a créé un programme pour étudier les Télépathes, ou « Scanners » comme ils sont appelés ici, voit ses efforts sabotés par une organisation rivale. Je ne dévoilerai pas qui sont ces rivaux sinon pour faire remarquer que la solution est bien conforme aux tendances de CRONENBERG qui considère que nous portons tous le Mal en notre sein.

L’histoire de « Scanners » peut donc être suivie soit au premier niveau (dans tous les sens du terme) du combat entre les deux super-scanners, soit au niveau du thriller, vaguement hitchcockien, en tentant de deviner qui manipule COMSEC et de quelle manière.

Il est, néanmoins, tout à l’honneur de CRONENBERG de constater que « Scanners » est un film qui nous soude au siège et ne relâche jamais notre intérêt. Une grande partie du mérite en revient au style de CRONENBERG, l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, mais également aux performances des acteurs et aux effets spéciaux (de l’époque il va sans dire).

Les acteurs sont ici bien choisis : Michael IRONSIDE est tout particulièrement remarquable dans le rôle du Mauvais Mutant. Patrick McGOOHAN, un acteur qu’on ne voit malheureusement pas assez souvent à l’écran, est étonnant dans le rôle du Dr. Ruth, créateur des Scanners, docteur Frankenstein moderne. Stephen LACK, le Bon Mutant, et Jennifer O’NEIL sont les héros du film et suscitent notre sympathie et intérêt.

Les séquences d’effets spéciaux, telles l’explosion de la tête d’un malheureux scanner et le combat final entre les deux Mutants, sont extraordinaires.

Il est rare de retrouver à l’écran les thèmes des grands classiques de la science-fiction, CRONENBERG nous donne pour la première fois une intrigue tout aussi captivante que l’importe quel roman de l’un de ces auteurs que je nommais plus haut.

Réalisé avec brio, « Scanners » démarre sur des chapeaux de roue (au propre et au figuré). Quant à la fin, elle mélange Bien et Mal en un tout ambigu. Disons-le une fois pour toute, chez CRONENBERG, personne n’a tort ou raison quand l’horreur survient.

Christophe « Roy Batty » Benoist

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Scanners

Réalisation : David Cronenberg
Scénario : David Cronenberg
Producteur : Claude Héroux
Producteurs exécutifs : Pierre David, Victor Solnicki

Musique originale : Howard Shore
Image : Mark Irwin
Montage : Ronald Sanders
Direction artistique : Carol Spier
Création des costumes : Delphine White

Production : Canadian Film Development Corporation (CFDC), Filmplan


9 avril 2000



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