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Le cyberespace de l'imaginaire




City of Life and Death
Film chinois de Lu Chuan
21 juillet 2010

****



Coquillage d’Or du Meilleur Film au Festival de San Sebastian 2009
Festival du film Asiatique de Deauville 2010
Festival Paris Cinéma 2010
Prix du meilleur Réalisateur et Prix du Meilleur Directeur de la Photographie Asian Film Awards 2010

Genre : historique
Durée : 2h15

Avec : Liu Ye (Lu Jianxiong), Yuanyuan Gao (Mlle Jiang), Hideo Nakaizumi (Kadokawa), John Paisley (John Rabe), Wei Fan (Mr. Tang), Yiyan Jiang (Xiao Jiang), Sam Voutas (Durdin), Ryu Kohata (Ida), Bin Liu (Xiaodouzi)...

1937, l’armée japonaise envahit la Chine. Son avancée sera fulgurante, n’ayant qu’une faible opposition de l’armée chinoise. Le 8 décembre 1937, les troupes japonaises commencent le siège de Nankin. La capitale chinoise tombera en quelques jours. Kadokawa entre dans Nankin comme simple soldat, peu sûr de lui. Dans un moment de panique, il tue des civils dans une église. Mais ce qu’ignore le jeune fantassin, c’est qu’il va être le témoin et l’acteur d’un des plus grands massacres perpétués par les troupes nippones. La ville de Nakin va vivre au rythme des exécutions sommaires et des viols à répétition, les soldats nippons fanatisés allant toujours plus loin dans les atrocités perpétuées sur la population aussi bien civile que militaire. Les étrangers présents et en partculier le directeur allemand de la zone internationale, John Rabe, tentèrent de sauver les femmes et les enfants... en vain...

Le Massacre de Nankin est certainement une des pires atrocités perpétuées par l’armée japonaise sur le sol chinois durant la Seconde Guerre Mondiale. Si la querelle sur les chiffres est loin d’être terminée, ce seraient entre 200 000 et 300 000 personnes qui furent assassinées, exécutées sommairement durant l’assaut sur l’ancienne capitaine chinoise. Ce triste épisode est aussi appelé le Viol de Nankin car près de 20 000 femmes furent violées, certaines finiront tuées et torturées. L’état major nippon voulait marquer définitivement la Chine de leur empreinte et c’est une armée parfaitement fanatisée qui entrera dans la ville, convaincue de sa supériorité raciale et qui traitera la population chinoise comme du bétail envoyé à l’abattoir.

Avec un tel contexte historique, réaliser un film sur le Massacre de Nankin possède la même complexité que de réaliser un film sur les camps de concentration nazis. Il ne faut pas oublier que l’Empire Japonais de l’époque rivalisa de sauvagerie avec l’Allemagne Nazie, son alliée. Aborder un tel sujet demande donc du doigté, beaucoup d’objectivité et surtout ne pas tomber dans un trop grand manichéisme exacerbé. Malheureusement, Lu Chan n’a pu échapper à ces travers.

Pourtant, la première partie du film s’annonçait de bonne augure. Tourné en noir et blanc, on pourrait se croire dans un reportage d’un journaliste de guerre, suivant la progression des troupes japonaises. Sans concession, certes, mais gardant un oeil objectif, n’épargnant pas la lâcheté de l’armée chinoise abandonnant une partie de ses troupes et les habitants de la capitale à leur triste destins. Les scènes d’exécutions des civils et militaires chinois sont très dures mais malheureusement un fait historique. La triste affaire des “100 têtes coupées” ne sera d’ailleurs évoquée que par une image.

On se demande alors ce que va contenir la seconde moitié du film (plus d’une 1h). C’est en s’attaquant aux viols massifs des femmes que Lu Chuan dérape dans le patriotisme exacerbé et surtout des images gratuites de violence. Car c’est bien là le problème, ce ne sera qu’une 1h de succession de viols, de pleurs et de plans sur les visages sadiques des soldats nippons. Le spectateur est livré à lui-même, pas d’explication, pas de discussions pour comprendre, il subit ces atrocités de plein fouet et devra s’en contenter.

Eh bien, je suis désolé mais je ne m’en contente pas car oui, ces scènes vous dégoutent des japonais au point de faire certainement renaitre la haine de ces derniers, mais aussi le spectateur reste stupéfait de l’inaction, de l’attentisme tout aussi inacceptable de la population chinoise qui semble se satisfaire de la situation sans se révolter. Certes, ce jugement est certainement faussé mais le réalisateur ne nous fournit aucune aide pour se forger une véritable idée sur ce drame.

Oui, le devoir de mémoire existe mais attention à ne pas trop vouloir en faire, avec des personnages à la limite de la caricature.

Au final, « City of Life and Death » est malheureusement un film long, très long, trop long, et qui dénature son message par une surenchère d’atrocités balancées telle quelles. Ce qui est bien dommage car il est rare de voir des films sur les exactions nippones durant la Seconde Guerre Mondiale et c’est certainement un manque, surtout que le négationnisme nippon est toujours latent chez une partie de leurs politiciens. Mais ce film est bien trop rébarbatif pour intéresser un large public. Il est vraiment dommage que Lu Chuan soit passé à côté d’une belle occasion de transmettre ce devoir de mémoire.

Frédéric Leray


Je savais en sortant de la salle de projection que le film de Lu Chuan allait partager la rédaction. En effet, contrairement à l’ami Fred, mon avis est beaucoup plus circonstancié. « City of Life and Death » est à mon sens un grand film témoignage sur les atrocités de la guerre sino-japonaise que finalement, occidentaux, nous ne connaissons peu, ou pas.
A ce titre, c’est justement dans sa seconde partie que le film prend tout son sens. Lu Chuan, cinéaste chinois, va même jusqu’à montrer les événements depuis le point de vue de Kadokawa, un trouffion japonais, pour désamorcer tout manichéisme. Ce qui lui vaudra, d’ailleurs, de déclencher la polémique dans son pays.

Le film est long, c’est vrai. Mais, comment témoigner efficacement des exactions à tendance génocidaire (car c’est aussi de cela dont il est question) sans jouer la carte de l’immersion de l’audience dans le quotidien commun des envahisseurs et des envahis.

Certes, « City of Life and Death » n’est pas un film facile, mais un film fort qui relate, sans complaisance, la chute de Nankin, son occupation et la Ghettoïsation de sa population. Il nous renvoie par la même à d’autres atrocités commises par chez nous tout en nous rappelant que l’Europe n’avait pas le monopole de l’horreur durant la seconde guerre mondiale.

A noter, qu’une interview exclusive du réalisateur est également en ligne sur la YOZONE actuellement en cours de traduction.

Bruno Paul


FICHE TECHNIQUE

Réalisateur et scénariste : Chuan Lu

Producteurs : Chuan Lu, Han Sanping, Qin Hong, John Chong, Andy Zhang, Li Zhou
Régisseur : Yi Hao

Compositeur : Tong Liu
Directeur de la photographie : Yu Cao
Monteur : Teng Yun
Ingénieur du son : Qizhen Lai
Superviseur des effets visuels : Don Ma

Production : China Film Group Corporation, Media Asia Films Ltd., Stellar Megamedia Group Ltd.

Distribution : Metropolitan FilmExport

Presse : Pascal Launay


LIEN(S) YOZONE

=> Le film annonce (vost)
=> Entretien exclusif avec Lu Chuan

INTERNET

Le site du distributeur : http://www.metrofilms.com



Bruno Paul
Frédéric Leray
15 juillet 2010



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