Genre : drame
Durée : 1h45
Avec Jude Law (Dan), Julia Roberts (Anna), Nathalie Portman (Alice) et Clive Owen (Larry)
Adapté d’une pièce de théâtre, Closer relate les déboires sentimentaux d’Anna, photographe, de Larry, gynécologue, de Dan, écrivain raté et d’Alice, strip-teaseuse.
Tout commence à Londres par une rencontre hasardeuse. A la suite d’un accident, Alice la jeune et pimpante américaine tombe sous le charme de Dan l’anglais.
Quelques mois plus tard, Dan est photographié par Anna, une belle américaine. Le charme opère une nouvelle fois mais leur histoire reste sans suite. Puis Anna rencontre Larry à la suite d’un quiproquo mené à son insu par Dan. Les quatre protagonistes sont en place, le jeu peut débuter.
Closer est un film sombre. Les personnages errent dans un Londres bétonné, lugubre et confiné. Ils errent sans but, de lieux en lieux, passent d’une personne à une autre sans s’apercevoir de la souffrance qu’ils laissent derrière eux. Et lorsqu’ils croient se fixer, ils se bernent eux-mêmes. La lâcheté, la perversion, la manipulation et la trahison sont un quotidien bourré d’égocentrisme et d’aveuglement.
Les gagnants ne sont pas ceux qui le méritent le plus. Closer balaye tout romantisme et tout sentimentalisme pour illustrer la loi du plus fort.
Closer est bâti sur des ellipses temporelles. Il peut parfois se passer plusieurs mois entre deux scènes sans que cela ne soit perceptible tout de suite. Puis le spectateur s’aperçoit que la situation a changé. Il commence à se poser des questions. Les dialogues viennent alors en renfort et explicitent ce bond dans le temps. Ce basculement peut aussi être annoncé par un flash lumineux. Le film rappelle la structure d’une pièce de théâtre avec ses actes et ses scènes. L’unité de temps classique est balayée pour relater une histoire dans son ensemble, avec ses moments clefs ou les conséquences de ces changements.
Drame sur le désir et la perversion, Closer ne manque pas d’humour grâce à ses dialogues cyniques et cruels. Ils reflètent une réalité acide.
La sexualité est évoquée sans tabou. Les mots sont crus. En équilibre, ces échanges sombrent parfois dans la vulgarité mais sont évoqués avec tant de naturel qu’ils choquent peu ou pas. L’image, elle, reste toujours éloignée de la sexualité. Suggérée mais jamais montrée. On reste dans le politiquement correct avec cette belle pléiade d’acteurs. On retient toutefois le jeu de Clive Owen, plus que convaincant en sale type manipulateur, la beauté et la fragilité de Nathalie Portman, la justesse de Jude Law, petit être fragile que l’on voudrait bien consoler. Quant à Julia Roberts, entendre de tels mots sortir de sa bouche brise son image lisse de super-star pour lui redonner le statut oublié d’actrice.
Closer est un film cruel, mené par une distribution pertinente et juste. Le cinéaste Mike Nichols ne prend pas parti pour ses héros. Il les filme sans les juger et les suit dans leur monde aseptisé et, au final, dénué de sentiments. Une fable sans morale.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Mike Nichols
Scénariste : Patrick Marber d’après l’oeuvre de Patrick Marber
Producteurs : Mike Nichols, John Calley, Cary Brokaw
Directeur de la photographie : Stephen Goldblatt
Chef décorateur : Tim Hatley
Producteurs exécutifs : Celia Costas, Scott Rudin, Robert Fox
Chefs monteurs : John Bloom, Antonia Van Dermellan
Production : Icarus Productions, John Calley Productions, Avenue Pictures Productions
Distribution : Sony Pictures entertainment, Gaumont Columbia Tristar Films
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