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Diapason des mots et des misères (Le)
Jérôme Noirez
Griffe d’Encre, recueil de nouvelles fantastiques, 268 pages, mai 2009, 16€

Quinze nouvelles qui nous transportent aux quatre coins de la Terre, du désert marocain aux ruelles de Prague, d’un motel perdu au beau milieu des États-Unis jusqu’au Japon. En passant, peut-être, par la France...

Quinze nouvelles qui nous emmènent jusqu’aux confins de la folie, de la misère humaine et du désespoir. On rit jaune parfois, on s’amuse quelques fois des aventures burlesques des protagonistes, et on souffre très souvent.

Quinze nouvelles à lire absolument !



Quand on critique un livre, on oublie parfois toute la subjectivité que représente un tel exercice. En refermant « Le Diapason des mots et des misères », je me suis donc efforcé d’appliquer cette règle fondamentale : mettre de côté la part de ressenti pour ne se focaliser que sur l’essentiel, c’est-à-dire le texte lui-même.
J’y reviendrai...

Dans l’excellente postface signée par la non moins excellente Catherine Dufour, l’auteure y exprime toute son admiration pour Jérôme Noirez.
Mais elle dit aussi qu’en gros, dans ce recueil il est question d’odeurs. Un concentré d’odeurs.
Et c’est tout à fait vrai.
L’odeur de la folie dans “La ville somnambule”, l’odeur de la fièvre dans “Feverish Train”, l’odeur du sperme dans “L’Apocalypse selon Huxley” (très certainement la meilleure nouvelle du recueil), l’odeur de moisi et de renfermé dans “Bolex”, l’odeur de cadavre bien sûr dans “La grande Nécrose”...
Souvent ces fragrances âpres sont faciles à identifier, bien distinctes les unes des autres. Et parfois elles se mêlent jusqu’à la nausée.
Rarement dans mes lectures j’ai eu l’occasion d’appréhender avec une telle acuité la prépondérance d’un sens pourtant réputé peu évident à faire passer à l’écrit.
Tout l’univers fantastique mis en place par l’auteur est traversé par cette ambiance absurde et glauque, dans laquelle le lecteur est embarqué loin, si loin qu’il a parfois du mal à se raccrocher à quelque chose de tangible.
Les ambiances sont si glauques parfois qu’elles m’ont contraint à l’arrêt de ma lecture. C’était trop pour moi. Je devais laisser tomber ce livre pour y revenir un peu plus tard...

Et c’est à présent que je reviens à ce que je disais en introduction. Je dois mettre de côté mon ressenti pour réussir cette critique. Car le style incroyablement dense de Jérôme Noirez n’est certes pas évident, mais il vaut le coup d’y plonger tête baissée. Et si parfois on est laissé sur le bas-côté, il ne faut pas avoir peur d’y retourner.
Jérôme Noirez n’est pas un écrivain facile d’accès. Néanmoins, je suis heureux d’avoir lu son livre. Je comprends mieux à présent pour quelles raisons il a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire 2010, catégorie Nouvelle francophone, pour l’ensemble du présent recueil.

Griffe d’Encre, son éditeur, doit être fier d’avoir un tel auteur à son catalogue. Je pense que la réciproque est vrai. En effet, j’ai rarement vu un travail éditorial aussi parfait. À vrai dire, pour un éditeur de cette taille (c’est-à-dire petit), une seule fois. Et c’était pour une anthologie parue chez... Griffe d’Encre ! En vérité, je n’ai recensé qu’une seule coquille. Dans “La Ville Somnambule”, il a été écrit “nationalisme” à la place de “rationalisme”. Une broutille, quoi ! Alors moi je dis : chapeau bas !

Une toute dernière chose. C’est à propos de l’excellent travail réalisé par Aurélien Police sur la couverture. Il a parfaitement su retranscrire l’ambiance du recueil. Pour vous rendre compte du talent immense de ce jeune homme, allez visiter son site personnel, ou bien encore le site Utopod.com, dont il a magnifiquement exécuté l’habillage.

Pour conclure, je ne peux donc que vous enjoindre de vous précipiter sur le livre de Jérôme Noirez. Si vous aimez le voyage, « Le Diapason des mots et des misères » vous emmènera loin, vraiment très loin de chez vous...


Titre : Le Diapason des mots et des misères
Auteur : Jérôme Noirez
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Griffe d’Encre
Site Internet : fiche du roman
Pages : 268
Format (en cm) :130 x 200
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-2-917718-09-4
Prix : 16 €


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Antoine Chalet
6 juillet 2010


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illustration d’Aurélien Police



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