Dans « Le Neuvième Royaume » et « L’Épée d’Argent », David Zindell nous relatait la quête de la Pierre de Lumière ; dans « Le Seigneur des Mensonges » et « L’Énigme du Maîtreya », les hauts dignitaires se chamaillaient pour savoir à qui elle revenait et ce qu’il convenait d’en faire. Aucune alliance n’a débouché et Morjin a même réussi à la reprendre, semblant alors sonner le glas de tous les espoirs de le contrer.
L’histoire du « Jade Noir » est sombre. Les troupes de Morjin sèment la terreur, il est d’ailleurs surnommé le Crucifieur, ce qui en dit long... Les étapes que vont devoir franchir Val (Elahad Valashu) et ses compagnons ressemblent à des sauts de puces dans l’avancement de leur mission, nous apparaissant toujours plus désespérée. De nombreuses épreuves les attendent sur leur route où les moments de repos sont rares. Entre autres réjouissances : le Jade Noir ronge l’Acadu tel un trou noir, il attire les êtres passant à proximité et ne leur promet que la mort.
À bien regarder la petite troupe, on la trouvera bien mal armée et on n’en comprendra que mieux l’espoir suscité par le Maîtreya : composée de deux enfants, deux femmes dont une aveugle à la seconde vue souvent mise à mal, un vieillard au grand savoir mais incapable de se battre, le gros Maram, le meilleur ami de Val, oscillant entre plaintes et courage. Le redoutable Kane a ses démons qui le rongent de l’intérieur. Même Val est en proie au doute. Son don d’empathie (la Valarda) est une arme à double tranchant.
Abandonner et profiter d’un endroit calme pour vivre jusqu’au bout apparaît comme le plus grand des plaisirs, mais cette issue leur est interdite. Ferions-nous preuve d’une telle force, d’une telle croyance en un avenir meilleur, alors que tous les indicateurs sont au rouge ?
Ea est malade, comme si le continent souffrait d’une forme de gangrène issue de la folie de Morjin. Dire qu’Angra Mainyu, celui qu’il veut libérer, le ferait passer pour un enfant de chœur !
David Zindell sait nous faire vibrer en prenant fait et cause pour ce groupe. Il profite de cette nouvelle quête pour partir à la découverte de régions d’Ea, jusqu’ici inexplorées dans le cycle. L’ambiance est pesante, un danger suit l’autre. Même le chemin de l’école de la confrérie apparaît comme un jeu de piste mortel dans la montagne.
Voilà le genre de livre qui vous remue les tripes. L’auteur rivalise d’imagination pour leur en faire baver, sans vraiment donner l’impression de longueurs ou de surenchères. La magnifique couverture de Marc Simonetti résume bien l’histoire. De la beauté menacée par un guerrier du Dragon, le rouge du sang balafrant le paysage.
Chaque tome du Cycle d’Ea est l’occasion d’une remise au point. Rien n’est jamais acquis, le moral des participants subit des hauts et des bas. Les protagonistes sont des plus attachants, le récit bien rendu et prenant.
Bref, de quoi nous pousser à continuer l’aventure et à en redemander.
La fantasy ne se résume de loin pas aux seuls mastodontes du genre, David Zindell nous le prouve ici de belle façon.
Titre : Le Jade Noir (Black Jade, 2005)
Série : Le Cycle d’Ea (T5) (The Ea Cycle)
Auteur : David Zindell
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Marie-Hélène Méjean-Bernaille
Couverture : Marc Simonetti
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF / Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet :Roman (site éditeur)
Pages : 444
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : février 2010
ISBN : 978-2-265-07888-8
Prix : 24 €
Voir aussi sur la Yozone les autres chroniques sur « Le Cycle d’Ea »
T1 : « Le Neuvième Royaume »
T2 : « L’Épée d’Argent »
T3 : « Le Seigneur des Mensonges »
T4 : « L’Énigme du Maîtreya »
T5 : « Le Jade Noir »
