Sélection Festival de Venise 2004
Genre : Chronique sociale
Durée : 1h39
Avec Joseph Gordon-Levitt (Neil McCormick), Richard Riehle (Charly), Michelle Trachtenberg (Wendy), Lisa Long (Madame Lackey), Chris Mulkey (Mr Lackey), Elisabeth Shue (Madame McCormick), Chase Ellison (Neil à 9 ans), George Webster (Brian à 8 ans), Rachael Kraft (Deborah à 12 ans), Riley McGuire (Wendy à 11 ans), ....
L’été de ses 8 ans, Brian Lackey sort d’une pluvieuse séance de base-ball et se réveille 5 heures plus tard dans la cave de la demeure familiale, le nez ensanglanté mais sans aucun souvenir de ce qui a pu se passer. Dix ans de cauchemars, de peur du noir et d’évanouissements inexpliqués plus tard, le gamin devenu un timide adolescent, est persuadé avoir été enlevé par les extra-terrestres. Décidé à tirer tout ça au clair, il replonge dans son passé et se lance à la recherche de Neil McCormick, le joueur-vedette du club de son enfance. Ce dernier, jeune branleur au charme troublant, se farcit tous les homos de la région pour se faire de l’argent de poche. Mais, le jour où Brian débarque chez lui, Neil vient juste partir pour New York, rejoindre Wendy, sa seule amie.
Si Gregg Araki rompt avec ses habitudes d’auteur réalisateur pour porter à l’écran un roman de Scott Heim, l’enfant terrible du cinéma gay indépendant américain ne s’écarte pas pour autant de ses thèmes de prédilection (l’adolescence, l’homosexualité, le sida) avec cette chronique de l’Amérique d’aujourd’hui qui aborde de plain-pied le sujet difficile de la pédophilie. Comme dans le livre, la force du film réside dans son approche sans fard et sans compromis, le récit d’une errance en des territoires interdits, des tranches de vécu, parfois incommodantes et souvent troublantes. Pour traduire en images les composantes sombres et controversées de l’œuvre écrite, le réalisateur de « The Living End » opte pour la voix off et les prises de vue en caméra subjective. Un parti pris intéressant pour ce film « périlleux » qui permet au cinéaste d’installer un véritable climat d’empathie avec les protagonistes en illustrant leur point de vue et leurs réflexions. Moins polémique que « Totally F***ed up » ou « Doom Generation », l’approche résolument réaliste de « Mysterious Skin » est néanmoins l’occasion de faire passer quelques messages préventifs et régler leur compte à quelques fausses idées. Côté interprétation, on remarquera l’excellente prestation de Joseph Gordon-Levitt, le plus jeune alien de « 3rd Rock after the sun », parfait en petite frappe à la beauté du diable, celle de Michelle Tratchenberg, la jeune actrice prometteuse qui interprétait la sœur de la tueuse dans « Buffy contre les vampires », sans oublier, bien entendu, la présence d’Elisabeth Shue (que personnellement je trouve toujours aussi chou). Drame intimiste poignant, marqué par la bande originale du tandem Harold Budd et les Cocteau Twins, « Mysterious Skin » se dévoile comme un objet filmique provocateur et profondément émouvant. Homophobe s’abstenir.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Gregg Araki
Scénario : Gregg Araki d’après le roman de Scott Helm
Producteurs : Gregg Araki, Jeffrey Levy-Hinte, Mary Jane Skalski
Producteur associé : Beau J. Genot
Coproducteurs : Hans Christian Ritter, Joshua Zeman
Producteurs exécutifs : Wouter Barendrecht, Michael J. Werner
Musique originale : Harold Budd, Robin Guthrie
Image : Steve Gainer
Montage : Gregg Araki
Distribution des rôles : Shannon Makhanian
Création des décors : Devorah Herbert
Direction artistique : Morgan Blackledge
Décorateur de plateau : Erin Smith
Création des costumes : Alix Hester
Maquillage : Fleur Morell, Michelle
Effets visuels : Henrik Fett
Production : Desperate Pictures, Antidote Films, Fortissimo Film Sales
Distribution : Mk2 Diffusion
Relation presse : Monica Donati