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Kick-Ass
Film américain de Matthew Vaughn (2010)
21 avril 2010

***



Genre : super-héros
Durée : 1h57

Avec Aaron Johnson (Dave Lizewski / Kick-Ass), Garrett M. Brown (Mr. Lizewski), Clark Duke (Marty), Evan Peters (Todd), Deborah Twiss (Mrs. Zane), Lyndsy Fonseca (Katie Deauxma), Sophie Wu (Erika Cho), Elizabeth McGovern (Mrs. Lizewski), Christopher Mintz-Plasse (Chris D’Amico / Red Mist), ….

Dave, un ado gavé aux comics, fantasmant sur sa pulpeuse prof de lettres et régulièrement racketté par de petites frappe, rêve un jour de se prendre pour un super-héros. En cachette de ses copains, il se met à sortir déguisé. Sa première rencontre avec le crime l’envoie directement aux urgences, un coup de couteau dans le ventre avant d’avoir été renversé par un chauffard. Remis sur pied, bardé de broches (« On dirait Wolverine » s’extasie-t-il devant ses radios) et désormais moins sensible aux coups, il n’abandonne pas.

Sa persévérance paie lorsqu’on le filme en train de se battre. Il fait le buzz, son site internet engrange les messages, un phénomène de mode se crée. Même la fille dont il est secrètement amoureux trouve ça cool, même après qu’il lui révèle la vérité.

Cette histoire va faire les affaires de Damon (Nicholas Cage moins ridicule qu’à son habitude), un ancien flic, déchu par les manigances du parrain local, Franck D’Amico (Mark Strong, abonné aux rôles de méchants depuis Sherlock Holmes). Piégé dans une affaire de drogue, il a perdu sa réputation, sa femme est morte en accouchant tandis qu’il était en prison. Sorti, il récupère sa gamine, élevée par son ancien coéquipier, et rêve de vengeance. Il fait de sa fille une véritable machine à tuer, à l’aise avec toutes les armes, et prépare sa propre justice contre le crime. L’arrivée de Kick-Ass, aussi guignolesque que le gamin lui paraisse (attention aux jeux de mots dans la VF, ça vole pas haut...), sonne le début des hostilités contre D’Amico. Il se change en Big Daddy, avec un costume de Batman, et sa fille devient Hit Girl sous une perruque mauve.

Enfin, Chris, le fils du parrain, profite de sa connaissance des comics pour se rapprocher de son père et gagner ses galons de successeur. Il se fait faire par papa une tenue de héros, pour entrer en contact avec Kick-Ass et découvrir si c’est lui qui a massacré les hommes de son père et mis à mal les affaires du cartel. Compernant que Kick-Ass n’est qu’un ado comme lui, il va le manipuler pour servir sur un plateau Hit Girl et Big Daddy à son père.

N’ayant pas lu le comic-book, je partais à la découverte de Kick-Ass avec les plus grands espoirs et les pires craintes. Seuls les premiers se sont concrétisés.

Loin d’être un énième film de super-héros, Kick-Ass est le reflet réaliste d’une société américaine contemporaine. Comme Dave, nombreux sont ceux qui voudraient lutter contre le crime, mais voilà, ils sont freinés. Par la peur. Peur de prendre des coups, peur d’un retour de bâton, peur de devenir la victime au lieu du sauveur. Et pour reprendre l’origine de Batman, porter un masque vous isole de cette peur, et garantit (en partie) votre sécurité. Mais cela ne fait pas tout. Le premier combat de Dave le ramène brutalement à la réalité, grièvement blessé sur un parking.

Le cas de Damon/Big Daddy est aussi révélateur. Ancien flic, il a été victime des failles du système, de la corruption de ses supérieurs, et il cède à la tentation de faire justice lui-même. Mais comme le lui rappelle son ancien équipier, en faisant cela il enfreint lui aussi la loi, et ne vaut pas mieux que celui qu’il traque.

Le summum est atteint avec Hit Girl. On ne peut s’empêcher de penser aux enfants-soldats en voyant ce que ce père avide de vengeance a fait de son enfant, quand bien même elle sourit et rit tout le temps (dans leur première scène, il lui tire dessus pour lui montrer la résistance d’un gilet pare-balles). Lors de son premier combat chez le dealer, elle se bat et tue (chose très rare voire impossible pour un bon super-héros) sans le moindre remords, sans la moindre once de morale, juste « ce sont les méchants ».

Le film est violent, les combats parfois à la limite du surréalisme, chorégraphies à l’appui, mais ne sombrent pas trop dans l’exagération. La violence est dosée, orchestrée, comme lors de la diffusion de la scène de torture de Kick-Ass et Big Daddy (au passage une bonne pique contre les medias, qui diffuse sans voir, puis coupent par souci moral en indiquant bien où on peut voir la suite sur Internet), et ici encore symptomatique de notre époque, où la frontière en spectateur et voyeur est de plus en plus floue.

On appréciera également l’évolution des rapports entre ados. Dave, invisible au début, finit par accrocher le regard de la jolie Katie grâce à sa combinaison moulante et colorée. Après un quiproquo jamais démenti par ses camarades, la jeune fille le croit gay, et il se retrouve dans l’impasse du rôle de meilleur ami, et l’intimité sans arrière-pensée qui va de pair. Jusqu’à la révélation de ses activités nocturnes, et là c’est le débordement d’hormones des deux ados, qui s’isolent aussi souvent que possible pour faire des trucs de leur âge.

Kick-Ass est un film sur l’adolescence, le sentiment d’invincibilité, le désir de justice, et toutes les déconvenues qui vont avec la réalité. Avec une pointe d’esprit comics. Un film où s’affrontent le monde des ados en mal de repères et la dure réalité des adultes, quand bien même ces derniers jouent-ils encore à porter des masques.

Nous avions eu l’adaptation de « Watchmen » l’an dernier. « Kick-Ass » est bien parti pour devenir la référence 2010 en matière de divertissement poussant à la réflexion.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Jane Goldman Matthew Vaughn d’après la bande dessinée de Mark Millar et John Romita Jr.

Producteurs : Adam Bohling, Tarquin Pack, Brad Pitt, David Reid, Kris Thykier, Matthew Vaughn
Coproducteur : Jane Goldman
Producteurs exécutifs : Jeremy Kleiner, Stephen Marks, Mark Millar, John Romita Jr

Musique originale : Marius De Vries, Ilan Eshkeri, Henry Jackman, John Murphy
Image : Ben Davis
Montage : Eddie Hamilton, Jon Harris, Pietro Scalia
Distribution des rôles : Sarah Finn, Lucinda Syson
Création des décors : Russell De Rozario
Direction artistique : Joe Howard, John King, Sarah Stuart
Décorateur de plateau : Tina Jones
Création des costumes : Sammy Sheldon
Effets spéciaux : Michael Innanen
Effets Visuels : Astrid Busser-Casas
Cascades : Bradley James Allan, Peng Zhang

Production : Marv Films, Plan B Entertainment
Distribution : Metropolitan Filmexport (2010) (France)



Nicolas Soffray
11 mai 2010



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