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Journal d’italie (T1) Trieste Bologne
David B.
Delcourt

A l’instar du tableau de Magritte, « Ceci n’est pas une pipe », attention, le livre de David B n’est pas un journal de voyage italien entre Trieste et Bologne. On pouvait s’attendre à des croquis de paysages ou de personnes, agrémentés de quelques notes griffonnées, mais non. Dans ses pages, rien de cela. Le voyage raconté est d’abord celui de l’imaginaire de l’auteur.



Le périple de David B. et de sa femme, Ilaria (italienne d’origine), commence à Trieste. Dans cette ville existe la maison des chats. Vivent là des matous en communauté, qui ont la particularité d’avoir l’oreille droite taillée. Cette maison a été adaptée à leur envies. Ils font régner leur domination sur tout le quartier, se servant de jambon chez le charcutier, évitant les chiens avec qui ils ont une frontière invisible commune. Mais ce n’est pas tout, lorsque l’on descend les escaliers de la maison, on arrive au territoire des rats. En continuant de descendre, on arrive à la frontière entre les rats et les cafards, puis vient le niveau des insectes flasques sans nom. Ensuite, c’est celle des « choses » sans corps. Toute cette descente s’accompagne de la peur, peur de l’inconnu, du vide, peur enfantine du noir, peur maîtrisée puis incontrôlée. A chaque niveau, l’auteur se motive pour s’enfoncer encore plus profondément, en se persuadant que la véritable peur est plus bas. Mais à un moment, il rebrousse chemin et remonte rejoindre sa femme, retrouver la normalité, comme s’il n’avait plus de repères et qu’il n’était plus à sa place.

Dans l’histoire suivante, le point de départ est une librairie où il déniche un livre sur Lucky Luciano écrit par Francesco Rosi, réalisateur du film éponyme.
A partir de là, le récit aura pour thème la maffia et les maffieux.
Plus tard, sa promenade dans le ghetto juif de Venise lui rappelle « Fable de Venise » ou « L’ange à la fenêtre d’argent », deux aventures de Corto Maltese (Hugo Pratt chez Casterman), et l’histoire de Daoud Ravid, un disciple de ZabbataÏ Zeri qui disait être le messie des juifs et qui voulut construire une tour pour se rapprocher de dieu.

Comme vous pouvez le constater, un voyage avec David B n’est pas un voyage ordinaire et il n’est pas, non plus, de tout repos. Ici, pas de visites de musées ou de monuments prestigieux, il est plutôt question de petites rues, de librairies et de cafés. Chaque rencontre est une source d’inspiration, aussi bien humaine (le professeur de rêve), animale (le rat) ou architecturale (le ghetto).
Dans chaque histoire, l’auteur nous renvoie vers des références littéraires (Jean Ray, Maurice Nadeau, Hugo Pratt), cinématographiques (Francesco Rosi, Coppola), religieuses (La bible, la Torah). Il entraîne son lecteur dans son rêve ou son cauchemar, c’est selon. Pour lui, ce sont les histoires qui viennent à lui, qui le sollicitent, il ne se fait que leur interprète, sans rien changer à leur récit.

Son dessin, classique pour évoquer le quotidien, se transforme dès que l’on passe dans le rêve. Il devient plus symbolique, multipliant les styles. Notre conteur joue aussi beaucoup avec les couleurs qui renforcent le ton du récit.

Si vous aimez quand le quotidien devient onirique et fantasmagorique, si vous appréciez le surréalisme, venez vous perdre dans la « 99e dimension », celle de David B.


(T1) Trieste Bologne
- Série : Journal d’Italie
- Scénario : David B.
- Dessin : David B.
- Éditeur : Delcourt
- Dépôt légal : 20 janvier 2010
- Collection : shampooing
- Format : 165x230 mm
- Pagination : 152 pages
- ISBN : 978-27560-0931-5
- Prix public : 14,95€
- Public : Ados, Adultes


Illustrations © David B. - Delcourt (2010)



arjulu
21 mai 2010




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