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Dernier Eté de mon Enfance (Le)
Takahashi Shin
Delcourt

Haru a quitté son village depuis trois ans. Elle vit depuis à Tokyo, où elle était partie étudier les beaux-arts. Mais elle a dû trouver un job et abandonner ses études autant pour vivre que par découragement et manque de motivation. Le décès de sa maman l’oblige à revenir pour assister aux obsèques. Haru n’a pas vraiment eu d’enfance, sa mère avait une vie assez errante et elle s’était posée, un jour, dans ce coin perdu. Elle demeurait seule dans une maison isolée du reste du village et les habitants ne l’avaient jamais vraiment acceptée. Son caractère d’étrangère, sa situation de mère célibataire, son mode de vie, le fait qu’elle ne suivait pas les offices religieux lui avaient rapidement valu l’antipathie générale et le qualificatif de sorcière. Arrivée rapidement, sans avoir eu le temps de se changer, Haru choque par sa tenue estivale et par l’absence de chagrin pendant l’office. Sans oublier que ce sont les voisins qui ont dû s’occuper des funérailles, de par son éloignement et de la chaleur.



A la fin de la cérémonie, elle se retrouve seule dans cette maison vide et sans électricité. L’arrivée de son chat Kuro lui remémore certains souvenirs de sa mère. Du bruit la coupe dans ses pensées, elle jette discrètement un coup d’œil et aperçoit des enfants dans le jardin qui viennent de déposer des offrandes et rendre hommage à sa mère en lâchant des lucioles. Parmi eux, Haru remarque un jeune garçon à la peau beaucoup plus claire que les autres. Le lendemain, elle s’aperçoit que son chat est mort. Souhaitant l’enterrer près de sa mère, elle traverse le village et tombe sur Taro, le jeune garçon à la peau blanche de la veille, qui la prend pour une sorcière à l’instar de sa mère et croit que le chat noir va servir à un rituel magique. Pour se débarrasser de l’enfant, elle lui dit que la cérémonie aura lieu demain à minuit. Le lendemain, par un concours de circonstances, elle se retrouve à creuser la tombe du chat dans le cimetière à l’heure dite et Taro s’en vient l’aider. Peu à peu, ils commencent à discuter de leur vie et Haru a l’impression de partager des moments uniques avec ce jeune inconnu, sans pudeur. Leur instant de bonheur est interrompu par l’irruption soudaine d’hommes et ils assistent, cachés, au meurtre de l’un d’eux, voyant distinctement le visage du meurtrier.

Ce manga se veut une adaptation des « Aventures de Tom Sawyer » (1876) de Mark Twain qui est considéré comme un classique de la littérature jeunesse.
Il est aussi un livre de souvenirs pour les adultes, une nostalgie de l’enfance insouciante. Les parallèles entre les deux histoires sont très nombreux, Haru enterre son chat mort (Huckleberry Finn qui se promène avec un chat mort), on retrouve Haru et Taro assistant au meurtre par Odagiri (Tom et Huck assistent à un meurtre, commis par Joe l’indien), le pacte de sang de Taro et Haru (Tom et Huck se sont jurés de ne rien révéler), Taro amoureux de Hana, (même relation entre Tom et Becky Thatcher), on retrouve aussi une île, une caverne et un trésor. Chaque personnage de l’œuvre originelle a son pendant dans le manga. Takahashi revisite le mythe de l’enfance et le passage de l’adolescence à l’âge adulte personnifié par Haru. Celle-ci va (re)trouver des souvenirs d’enfance qui lui permettront d’évoluer dans sa peau d’adulte de manière plus sereine. Comme pour faire le deuil de sa mère, elle fait le deuil de son enfance, les deux se rejoignent. Elle est toujours entre le jeu et la responsabilité, son âge devant obligatoirement la rendre responsable vis-à-vis des autres enfants, comme si le passage à l’âge adulte doit éliminer cette part de jeu qui est en nous.

Le manga est très dense, et sa lecture demande un certain temps. L’action s’y déroule de façon lente, dans une ambiance intimiste et poétique. Une voix off vient rajouter à cette ambiance comme si Haru avait parfois son esprit hors de son corps. Toutefois, je trouve que ce personnage aurait pu être plus développé en expliquant plus ses rapports avec sa mère.

Les dessins crayonnés sont assez épurés et donnent cette note sensible et fragile. Le trait est fin, parfois à peine perceptible comme si l’encrage était insuffisant. Je regrette que certains passages plus humoristiques soient plus chargés, plus stylisés, ce qui casse le rythme de l’histoire. Le découpage très dynamique fait vivre les dessins. L’auteur se livre à quelques clins d’œil (« Kiki la petite sorcière », « One piece » et le roman policier « Le village des huit tombes »)

Un manga agréable à lire doucement, et j’avoue avoir dû aussi reprendre Mark Twain pour pouvoir comparer les deux ouvrages.

Petite bio de l’auteur
Shin Takahashi est né le 8 septembre 1967 à Hokkaidô. Il débute en 1990, après son diplôme de droit, dans le magazine Bio Comique Spirits. Le manga qui l’a révélé au monde entier est « Larme ultime »(Delcourt). Actuellement, sa série en cours s’appelle « Fragments »(Delcourt) débutée en 2003 dans l’hebdomadaire Shōnen Sunday.


Le dernier été de mon enfance
- Scénario : Shin Takahashi
- Dessin : Shin Takahashi
- Éditeur : Delcourt
- Dépôt légal : 13 janvier 2010
- Collection : Ginkgo
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 384 pages
- ISBN : 978-2-7560-1849-2
- Prix public : 15.00 €
- Public : Ados, Adulte


TOM SAWYER © 2007 by Shin Takahashi / HAKUSENSHA Inc., Tokyo



arjulu
3 mai 2010




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