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Spin
Robert Charles Wilson
Gallimard, Folio SF, n°362, traduit de l’anglais (Canada), science-fiction, 624 pages, février 2010, 8,20€

Comment l’humanité peut-elle réagir face à la disparition des étoiles ? Quelle est cette barrière isolant la Terre ? L’apocalypse est-elle proche ? Reste-t-il un avenir au genre humain ? Qui sont ceux que l’on nomme les Hypothétiques ?

Toutes ces questions que se posent les trois personnages principaux de ce magnifique roman.



Lors d’une nuit d’octobre d’un futur pas si lointain, les étoiles soudain disparaissent ! Cette nuit-là, trois enfants qui jouent dehors assistent au curieux phénomène. Les jumeaux, Diane et le surdoué Jason Lawton, sont les enfants de la Grande Maison. Tyler Duprée, leur voisin, est le fils de leur femme de ménage. Comme beaucoup, cette nuit particulière va les marquer à jamais. Le lendemain et les jours qui suivent, on assiste au lever d’un semblant de soleil, les satellites artificiels retombent sur Terre... Face à de telles manifestations incroyables, l’humanité s’organise et tente de comprendre : quelle est donc cette barrière, ce spin qui entoure la Terre et derrière lequel le temps s’écoule à une vitesse folle ?

Comme à son habitude, Robert Charles Wilson place l’humanité face à des phénomènes qui dépassent la compréhension. Dans « Darwinia », l’Europe toute entière était remplacée par un continent inconnu. Dans « Mysterium », c’est tout un village qui est déplacé dans le temps. « Chronolithes » narrait l’arrivée d’étranges monolithes en différents points de la planête. Mais ce qui intéresse le plus Wilson, c’est de dépeindre l’individu face à l’inexpliqué. Il se place au plus près de ses personnages qui n’ont rien d’héroïque.

Dans « Spin », ce ressort dramatique est appliqué. Tandis que l’humanité tente de faire face au défi que représente cette membrane qui isole la Terre, l’auteur ne nous cache rien de ce que Tyler Duprée, le narrateur, met en place face à cette situation. Malgré le spin et ses relents de fin du monde (une vague de suicides accompagne d’ailleurs le phénomène), Tyler décide que la vie continue. Pour essayer d’aider au mieux ses contemporains, il devient même médecin. Mais tous ne réagissent pas ainsi : Diane, elle, se demande si ce n’est pas Dieu lui-même qui, avec la disparition des étoiles, met les hommes à l’épreuve. Sa quête mystique la mènera très loin. Jason, quant à lui, voit dans la membrane spin un véritable défi à son intelligence. Il n’aura de cesse de comprendre ce que tout cela signifie.

Alors « Spin » est-il un chef-d’œuvre ?
Beaucoup de gens le pensent et, franchement, avant de me lancer dans cette lecture, j’étais assez sceptique...
Parce que l’expression “chef-d’œuvre” est un peu trop galvaudée à mon goût. Parce que j’aime me faire une idée par moi-même. Alors j’y suis allé et je n’ai pas été un seul instant déçu par ma lecture.
Jugez plutôt :
Le style est exceptionnel, simple et sans fioritures, même si chaque mot sait placer la pensée du lecteur exactement là où il le faut (et je pense ne pas trop m’avancer en disant que la traduction de Gilles Goullet ne gâche rien).
Face à l’énormité de l’idée de base, nombre d’auteurs, même parmi les plus chevronnés, se seraient déballonnés. Là, Wilson va jusqu’au bout. Même quand ça semble assez incompréhensible, il ne lâche rien pour, qu’au final, tout s’éclaire.
Le scénario est impeccable. Les deux lignes narratives assez éloignées l’une de l’autre au début finissent par se rejoindre exactement à l’endroit où le lecteur se dit : “Ah oui, d’accord...” Il s’agit d’une expérience de lecture véritablement inédite pour moi.

Alors oui, je peux l’affirmer, pour toutes ces raisons (et bien d’autres encore), ce livre est un chef d’œuvre. C’est d’ailleurs la première pensée rationnelle qui m’est venue à l’esprit après avoir refermé le livre. Parce que juste après la lecture du tout dernier mot, je n’ai pu retenir un “Waow !” de jubilation.

Si vous voulez vous faire votre propre avis, vous savez ce qu’il vous reste à faire...

Une dernière chose, ce roman a reçu le prestigieux Prix Hugo en 2006. Pas moins !



Titre : Spin (Spin, 2005)
Auteur : Robert Charles Wilson
Première édition française : Denoël Lunes d’Encre (2007)
Traduction de l’anglais (Canada) : Gilles Goullet
Couverture : Manchu
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site Internet : Fiche du roman
Pages : 624
Format (en cm) : 10,8 x 17,9
Dépôt légal : février 2010
ISBN : 978-2-07-040748-4
Prix : 8,20 €



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- Robert Charles Wilson en Yo-Welcome vidéo
- Une autre critique de « Spin »
- La critique de « Ange Mémoire »
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- La critique de « Darwinia »
- La critique de « Blind Lake »
- Un entretien exclusif avec Robert Charles Wilson


Antoine Chalet
24 avril 2010


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format poche



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chez Denoël - Lune d’Encre



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Darwinia



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Mysterium



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Les Chronolithes



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