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Évolution
Stephen Baxter
Presses de La Cité, 7 avril 2005, 25 €


Vaste projet, finalement typique de l’ampleur des travaux d’écritures auxquels les écrivains anglo-saxons sont encore capables de s’atteler (et plus guère les écrivains français), « Évolution » se donne pour objectif de retracer la vie des mammifères à partir d’une période allant de moins 65 millions d’années de notre ère à plus de 500 millions d’années. Des ancêtres supposés de l’homme à l’extinction finale de notre chaîne évolutive en quelque sorte...

Stephen Baxter, professeur de mathématiques et en physique, ancien ingénieur et candidat astronaute (non retenu) pour un petit voyage sur la station Mir, est le chantre de la toute dernière vague d’écrivains rattachée au courant de la Hard Science. Pour faire bref, du lourd, du costaud, du sérieux et du scientifiquement éprouvé. Faut-il pour autant en déduire que ses écrits nécessitent de fortes prises d’acide acétylsalicylique (NDLR : Aspirine !) pour en venir à bout ?

Absolument pas ! Son style est plutôt concis, simple, assez neutre tout en possédant un “je ne sais quoi” d’émouvant et de touchant. Doué d’une réelle sensibilité d’écrivain, Stephen Baxter parvient fort bien à nous passionner. Qu’il nous parle de Purga, une minuscule femelle mammifère du temps des dinosaures, d’un de ses nombreux et lointains descendants arboricoles, du destin tragique d’un homme de Néanderthal, d’une petite Cro-Magnon et de son frère ou de quelque romains du 5ème siècle après Jésus-Christ (liste non exhaustive oubliant de nombreux descendants de l’espèce humaine), le ton reste égal et soutenu. En fait, l’intérêt d’« Évolution » tient tout autant à cette volonté affichée de livrer un “roman scientifique” intelligent qu’à son aspect complet et aventureux.
Aventureux car Baxter prend des risques en tentant d’échafauder un imaginaire crédible de l’évolution de l’humanité et de l’espèce humaine. En effet, si la Science-Fiction de Baxter se cache dans ce que nous imaginons -et ne savons pas- de notre passé, elle se niche aussi dans ce qu’il imagine d’un futur que nous ne connaîtrons jamais !
Qui plus est, le roman, découpé en séquences temporelles plus ou moins longues, prend son temps. L’écrivain ne rechigne pas devant les scènes d’action (la destruction des Dinosaures, l’assassinat d’un vieux Néanderthal, d’un édile romain, sont autant d’épisodes frappants) mais il sait aussi s’attarder sur un milieu, en décrire la faune, la flore, le climat, les odeurs, les couleurs et le rendre parfaitement vivant.

Finalement, on en vient vite à se demander si le paragraphe introductif censé se situer dans un futur proche et revenant plusieurs fois comme une ponctuation “temporelle” du récit est vraiment utile. On se serait très bien contenté du postulat de base du roman sans s’encombrer de ces brefs intermèdes (même si certains sont très réussis, ceci dit).
Evidemment, 732 pages, cela peut paraître un peu long (et ça l’est effectivement par moment). On conseillera alors au lecteur pressé de zapper un ou deux chapitres et d’y revenir plus tard car louper la fin, très belle, très mélancolique et poétique, serait une erreur. On sent que Baxter y déploie ses ailes, son imaginaire et se permet quelques passages profondément émouvants.
Si le roman est très actuel sur le fond et capable d’occuper vos vacances, il est finalement très typique d’un 19ème siècle naturaliste, éducateur et scientifique sur la forme. Dès lors, il est évident que les amateurs de longues épopées romancées et scientifiques y trouveront un grand plaisir et s’abandonneront totalement au plaisir de cet « Évolution ».

Si l’on connaissait Stephen Baxter pour ses “suites” de Wells ou ses romans SF plus classiques comme « Les Vaisseaux du Temps », « Voyage » ou « Titan », on découvrira ici un écrivain talentueux, capable de vous embarquer pour un très long voyage sans vous ennuyer. Cependant et a contrario d’un Olaf Stapledon avec lequel il partage les hasards de l’existence d’une naissance mancuniène, le roman de Stephen Baxter ne s’aventure pas sur les même terres que la trilogie passionnante et néanmoins ardue du philosophe de la SF (cf. « Les Derniers et les Premiers », « Les Derniers Hommes à Londres » et « Créateur d’Univers). Plus facile, plus grand public, notre romancier rejoint par contre ce bon vieux Olaf -dont Jose Luis Borges était un fan éploré- sur un constat simple et froid : tout cela finira bien par s’arrêter logiquement un jour sans qu’il n’y ait personne pour verser une larme sur notre pauvre humanité. La similitude est étrange et touchante.

« Évolution », un beau flacon de SF scientifique avec beaucoup d’imagination dedans, on en reprend assurément !

Titre : Evolution
Auteur : Stephen Baxter
Traduction : de l’anglais (Etats-Unis) par Dominique Hass & David Camus
Couverture : éricandré (08 70 60 52 50)
Nombre de Pages : 732
Éditeur : Presses de La Cité
Collection : Science Fiction & Fantastique
Site Internet Auteur : Stephen Baxter
Site Internet Éditeur : http://www.pressesdelacite.com
Site Internet Livre : Évolution
Attachée de Presse : Sophie Thiébaut (Presses de La Cité)
Dépôt légal : Mars 2005
Format : 15,5 x 24 cm
ISBN : 2-258-06354-X
EAN : 9-782258-063549

Prix : 25 €

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Stéphane Pons
19 août 2005


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