Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Sin City
Film américain de Robert Rodriguez et Frank Miller (2004)
1 juin 2005


Durée : 2h03

(avec la participation exceptionnelle de Quentin Tarantino)

Avec Mickey Rourke (Marv), Bruce Willis (Hartigan), Jessica Alba (Nancy), Clive Owen (Dwight), Rosario Dawson (Gail), Mickael Madsen (Bob), Benicio Del Toro (Jackie Boy)

Oubliez tout ce que vous savez en matière de récit, d’image, de personnages. Sin City ne correspond à rien de connu et écrit les références d’un genre nouveau et stupéfiant...

Adapté des romans graphiques de Frank Miller, le film nous embarque dans la ville de Bassin City où règne la violence, la corruption, le meurtre, la vengeance. La loi est celle du plus fort et bouleverse toutes nos données sur la morale et la justice. De ce monde surgissent des caractères atypiques et l’histoire avance à coups de hasard. Un personnage en croise un autre, des liens se tissent et se détissent, des connexions se créent en même temps que des histoires. Il ne faut pas toujours chercher le lien logique et temporel entre les différents récits. Il faut se laisser emporter et accepter de perdre nos repères habituels. Le fil d’Ariane est la violence et sa perception par ces héros qui n’en sont pas vraiment. La narration s’éclate mais reste compréhensible grâce à des détails qui nous aident à ne pas nous perdre dans ce labyrinthe narratif. Premier coup de chapeau.

Le second atout et le plus flagrant est le visuel. Filmé en noir et blanc, certaines couleurs - le rouge et le jaune - sont dégagées de la noirceur et sont amplifiées, des objets sont retravaillés pour être mis en relief dans le plan. Ces effets sont des métaphores. Entre le bien et le mal -symbolisé par le noir et le blanc- se dégage des lueurs d’espoir, une flamme verte dans un regard, une chevelure chatoyante pour exprimer le désir, etc. Mais il serait bien idiot de vouloir ramener ces effets visuels à une simple question de métaphore... Le film est avant tout esthétique. Robert Rodriguez apporte un ton décalé et un second degré tant par rapport à l’humour que par la violence tandis que Frank Miller amène l’image vers quelque chose d’inédit. Ici, le cinéma s’entremêle complètement avec l’art graphique de Miller. Pour le décider à revenir vers Hollywood dont il s’était détaché suite aux affronts des « Robocop », Rodriguez avait pour intention de mettre en mouvement les cases et les BD du maître. Afin de ne pas s’éloigner des dessins et de leur cadrage, un logiciel a été mis au point afin de calculer la place des caméras pour que le rendu soit le plus fidèle possible à la bande dessinée. D’aucuns pourront s’étonner d’une telle platitude dans l’adaptation mais les fans de l’auteur seront heureux de ne pas voir trahie l’œuvre de leur artiste préféré. L’univers de Miller hante ainsi certains plans avec tant de force et de beauté que toute la violence du film se fait presque oublier. On garde en mémoire, par exemple, le plan de Hartigan sortant de la prison.

La partie la plus réussie est celle avec Bruce Willis. L’esthétisme qui s’en dégage frôle la perfection. Celle avec Dwight est peut-être la moins travaillée mais permet à Clive Owen d’avoir un rôle sombre. Mickey Rourke, qui incarne Marv, crève littéralement l’écran et devient, par delà toute sa violence, un être sympathique.
En fait, malgré la débauche de violence, les réalisateurs ont réussi le tour de force de mettre en scène un film où l’amour coule à flot. Cet amour qui va déchaîner la haine et les colères, les meurtres et les disparitions : bref l’amour règne en maître sur la vie quotidienne. Et oui, on peut l’affirmer haut et fort, la Femme ressort grandie de ces aventures machistes. C’est Elle qui domine toutes les situations et induit toutes les réactions. Elle fait preuve de tous ses charmes pour mieux laisser s’exprimer son pouvoir castrateur et imposer sa domination sans équivoque. Pouvant tour à tour utiliser ses qualités physiques et la violence masculine (confortée d’un sadisme jubilatoire qu’on pourrait qualifier de typiquement féminin), Elle saura rétablir les situations pour que Sin City continue son bonhomme de chemin.

Sin City n’a qu’un défaut, il est d’une violence rare. Les dialogues sont travaillés, le casting impeccable, la mise en scène cossue, le montage bien agencé tandis que le travail sur l’image et le décor est d’une richesse rare.
La façon dont le film a été créé donne un résultat unique.
Sin City fera date dans l’histoire du cinéma car il ouvre de nouvelles portes. Mais la question est : concrètement, qu’est ce que ça va changer/ apporter ?

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Frank Miller et Robert Rodriguez avec l’aide de Quentin Tarantino

Scénario : Frank Miller
Producteur : Robert Rodriguez, Frank Miller
Productrice : Elizabeth Avellan
Production : Dimension Films, U.S.A. ; Troublemaker Studio, U.S.A. ; Miramax Film, U.S.A.

Photo et montage : Robert Rodriguez
Musique : John Debney, Graeme Revell, Robert Rodriguez

Producteur exécutif : Andrew Rona, Bob Weinstein, Harvey Weinstein, Brad Weston

Distribution : Pan Européenne Edition, France ; Dimension Films, U.S.A


Céline Bouillaud
Frank Camous
4 juin 2005



JPEG - 26.8 ko



JPEG - 9.3 ko
Gail et Dwight



JPEG - 10.1 ko
Dwight et Jack



JPEG - 9.9 ko



JPEG - 10.4 ko
Hartigan



JPEG - 11.1 ko
Lucille et Marv



Chargement...
WebAnalytics