Sorti en 1954, l’adaptation filmique du roman de H.G. Wells remporte un vif succès et devient un film de référence de la science-fiction.

1954. Une météorite s’écrase près d’un village californien. Les villageois, attirés par cet événement, viennent l’observer. Les heures passent, les hommes se rendent compte qu’une soucoupe volante émerge de la météorite. En vacances non loin de là, un physicien est témoin des faits. Quand un œil en métal sort de l’ovni, les hommes tentent de communiquer. Pour toute réponse, un rayon thermique (laser ?) jaillit et tue tous ceux qui se trouvent à proximité. Au même moment, des milliers de soucoupes s’abattent sur la terre. Les militaires usent de toutes leurs armes pour combattre les envahisseurs, en vain. Les hommes sont tués les uns après les autres. Les héros, le docteur Clayton Forrester et Sylvia parviennent à échapper aux extra-terrestres à plusieurs reprises et vont, comme les derniers survivants, se réfugier dans les églises. Alors que la victoire des martiens semble être l’issue fatale du conflit, les envahisseurs montrent des faiblesses dans leur système immunitaire. Ils meurent un à un et ne laissent derrière eux qu’un monde apocalyptique.

Si la bande-annonce du remake de Steven Spielberg montre à grande échelle la destruction de la terre par les extra-terrestres, le film de Haskin reste intimiste. La majorité du récit se situe sur le flanc de la colline où la première soucoupe s’est écrasée. Les personnages principaux sont assez peu nombreux et évoluent dans une sphère réduite, ce qui donne une ambiance confinée. Lorsque les extra-terrestres deviennent agressifs, les militaires bouclent le périmètre et bombardent sans succès les ennemis. Deux lieux caractérisent cette première partie : les alentours de la soucoupe et la tente du haut commandement militaire.

Filmé en studio, La Guerre des Mondes paraît aujourd’hui un peu vieilli. Si le film a obtenu l’Oscar des Meilleurs Effets Spéciaux, la technologie de l’époque est aujourd’hui dépassée. Heureusement, le film reste un bon divertissement. On comprend donc l’intérêt que porte Spielberg à cette oeuvre lorsqu’on pense au défi technique que la destruction du monde peut engendrer. Il paraît toutefois inconcevable que Spielberg ne fasse pas une entorse au film original qui préférait suggérer les extra-terrestres au lieu de les représenter. Il y a fort à parier que le célèbre réalisateur américain ne se fera pas prier pour nous montrer des martiens loin des bestioles en caoutchouc de Haskin. Une autre différence distingue les deux films. Dans l’original, le héros est célibataire et noue une romance avec la jeune Sylvia, dans le remake, le personnage joué par Tom Cruise est père de famille.

Mais un autre production récente est une adaptation non avouée du film de Haskin. En effet, Mars Attacks, de Tim Burton suit le même schéma que La Guerre des Mondes . La terre est envahie par des extra-terrestres belliqueux que les armes des hommes n’arrêtent pas. Cette parodie détourne les codes de la science-fiction pour se les approprier. Il en résulte un film comique, excessif et au second degré. Les effets sont décuplés pour entrer dans l’univers fantaisiste et particulier du cinéaste. Le film prêche pour l’innocence, seul salut de l’homme, met en relief la bêtise et la cruauté de l’homme. T. Burton peut ainsi explorer un genre qu’il affectionne et qu’il revisite avec intelligence.

Mais pourquoi La Guerre des Mondes avait eu autant de succès en 1954 ? Les réponses sont assez simples. H. G. Wells est tout d’abord un écrivain reconnu et éclairé de science-fiction. Ses œuvres, de référence, sont devenues cultes. Le héros est plutôt beau garçon, vaillant et porteur des valeurs américaines. Quant à la protagoniste, elle est un modèle pour les jeunes femmes des années 50 : morale, puritaine, dévouée, tout en ayant du caractère... Le montage est classique et la narration transparente, comme en témoigne la voix-off. Elle vient en renfort de l’image et précise le psychologique. Le thème du conflit évoque la seconde guerre mondiale, encore présente dans les esprits et le début de la guerre froide avec les communistes (rouges, comme la planète d’où viennent les martiens). Menés par la peur de l’autre et de l’extinction de l’humanité, les hommes ne peuvent se réfugier que dans les églises et prier pour leurs âmes... Un peu dépassée, cette morale devrait disparaître dans le film de Spielberg, espérons le...

FICHE TECHNIQUE

Titre original : War of the Worlds

Réalisateur : Byron Haskin

Scénario : Barre Lyndon, d’après le roman éponyme de H.G. Wells
Compositeur : Leith Stevens
Directeur de la photographie : George Barnes
Producteur : George Pal

Production : Paramount Pictures, USA

FILMOGRAPHIE SELECTIVE BYRON HASKIN (1899-1984)

Chef opérateur puis réalisateur

I Walk Alone (L’homme aux abois), 1947
Too Late For Tears (La Tigresse), 1949
Treasure Island (L’île au Trésor), 1950
The War Of The Worlds (La Guerre des Mondes), 1954
The Naked Jungle (Quand la Marabunta Gronde), 1954
Conquest Of Space (La Conquête de l’Espace), 1955
From The Earth to the Moon (De la Terre à la Lune), 1958
Captain Sinbad (Capitaine Sinbad), 1963
The Power (La Guerre des Cerveaux), 1968

EN SAVOIR PLUS SUR LA GUERRE DES MONDES AVEC LA YOZONE

CINÉ
LA GUERRE DES MONDES version Spielberg

Sans oublier la version de :
LA GUERRE DES MONDES de 1953

Et quelques petits dossiers Ciné pour les puristes :

Le grand Oeuvre de Jean-Pierre Fontana, des débuts du cinéma à nos jours !!!!
UNE FILMOGRAPHIE DES FILMS MARTIENS DEPUIS L’ORIGINE DU CINÉMA (et de la TV)

Et si vous n’êtes pas encore persuadé de tout savoir :
RÉTRO SUR LA GUERRE DES MONDES

DVD
LA GUERRE DES MONDES de Byron Haskin, une réédition Paramount avec restauration numérique de qualité.

Mais n’oublions pas que tout vient d’un livre !!!!

LITTÉRATURE
La Littérature de SF s’est intéressée à Mars et aux Martiens depuis très longtemps. Bien débuter sur le sujet grâce à la Yozone
LA GUERRE DES MONDES ET DES LIVRES

Et un petit retour sur un livre hommage à La « Guerre des Mondes » et à « La Machine à Explorer le Temps » de H. G. Wells par un autre grand écrivain anglais : Christopher Priest
LA MACHINE A EXPLORER L’ESPACE

Bonne lecture à tous !